mardi 28 avril 2020

être, à sa guise

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Arsène Lupin, tome 3: L'aiguille creuse 
Auteur : Maurice Leblanc
Édition lue (j'ai celle où il a eu une lunette, avec le papier en main, et un fond mauve: bref, la couverture de mon édition est un dessin de Léo Fontan): Le Livre de Poche - 1964 - 217 p.
original: 1909
Policier, classique, littérature française

Présentation:
+ :
- :
Thèmes: énigmes



Pourquoi ce livre
Parce qu'il fait partie des Lupin que je me suis procurée dans une librairie de livres usagés, car je veux découvrir encore plus Lupin, et qu'il fallait que j'avance un peu dans mon objectif, surtout que j'étais en retard.

Mon avis
Voilà, ceux qui suivent mon blog ont sans doute vu que je profite de ma journée de congé pour rattraper mon retard dans les chroniques que je veux pondre, et je dois avouer que cette chronique sera sans doute plus courte que les autres de la journée, mais je tenais à en rédiger une sur ce titre.

Je dois avouer que l'ayant lu en début d'année, mon souvenir s'estompe de plus en plus (d'où sans présentation, sans + et -), car je me souvenais presque seulement du fait que j'avais eu l'impression de ne pas bien comprendre tous les tenants et aboutissements d'un certain lien avec l'histoire française. Pour mes autres chroniques de la journée, j'ai pu compter sur les passages que j'avais cornés pour me rappeler la mémoire, mais je dois dire que le peu que j'ai corné ici ne m'aide pas. Du coup, je suis allée voir ce que j'en disais sur mon suivi, pour me rendre compte que ça avait été très succinct. Heureusement, cela a permis de réactiver ma mémoire sur ce titre dont je me rappelais l'avoir apprécié lors de ma lecture.

J'avais aimé me questionner sur la fameuse énigme au centre de l'histoire, car je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce à quoi correspondait un élément de ces fameuses lettres et symboles. J'avais bien entendu aimer à nouveau le style, et le fait qu'ici, ce soit une histoire en soit pendant tout le livre, avec des références aux précédents. Je sais que je vous ai parlé ci-haut de ne pas bien connaître l'histoire française, mais cela ne m'avait pas empêché d'apprécier l'intrigue et son développement, ainsi que les descriptions de ce coin de France. Aussi, j'aimais être promenée dans l'intrigue, car
Si Lupin ne pouvait être, à sa guise, [divulgâcheur de X et Y à la fois], ce serait à désespérer d'être Lupin. 
Bref, ça promet encore pour la suite de la saga. Et je crois que vous pouvez vous le procurer ou un autre Lupin! 

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Arsène Lupin
Cerise sur le gâteau

S'accrocher à son secret

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Au fond de l'eau 
Auteur : Paula Hawkins
Édition: Pocket - 2018 - 500 p. - traduction de Corinne Danielle et Pierre Szczeciner
Original: Into the Water, Doubleday, 
Couverture Rémi Pépin
Thriller, drame, littérature britannique

Présentation: On suit différents personnages bouleversés par les suicides de Nel. Et est-ce vraiment un suicide?
+ : réflexion
- : thriller
Thèmes: suicide, passé, culpabilité



Pourquoi ce livre
Parce que la couverture m'attirait, ainsi que le résumé, et que même sans avoir lu La fille du train, c'était ce titre qui m'attirait.

Anecdote
Bien qu'ayant atteint ma PAL, je ne l'aurais pas sorti de sitôt, si je n'avais demandé une fois à mon conjoint de choisir un titre pour lire dans le bain. Comme certains l'ont mentionné, il avait de l'humour avec ce choix. Et c'est pour ça que j'ai créé une LC plus tôt que prévu dessus.

Mon avis
Comment dire? Lorsque je l'avais entamé, j'avais totalement adhéré au style et plusieurs passages m'atteignaient directement. Mais, je l'ai mis de côté, car je voyais que pour la LC, ce serait trop tôt, et je voulais laisser aux gens le temps de se le procurer ou de terminer leur lecture en cours pour nous rejoindre. Et lorsque je l'ai repris, j'étais un peu moins enthousiaste, même si j'ai tout de même bien apprécié ma lecture. Et d'ailleurs, cela m'a montré que le moment où on lit un livre a une grande importance puisque, même si quelques semaines seulement avait passé, je n'étais plus dans le même état d'esprit et les passages des premiers chapitres lus, ce n'était pas les mêmes qui me marquaient.

Mais comme je vous le disais, j'ai bien apprécié ma lecture. Même si cela peut être déroutant au départ, j'ai bien aimé l'alternance des points de vue qui nous permettent d'en apprendre petit à petit sur les personnages, sur comment ceux-ci sont liés.

Face à ces morts, on n'a pas le choix de voir le deuil que vivent certains, sous différents angles:
Tout le monde était gêné. Avant que sa vie entière ne vole en éclats, Louise n'avait jamais compris combien le deuil était gênant pour les autres. Mais c'est terriblement inconfortable, en réalité, de croiser une personne endeuillée. Au début, on comprend sans difficulté ce chagrin omniprésent, on le respecte, même, mais au bout de quelque temps, il le vient perturber les conversations, les rires, la vie normale. Les gens veulent passer à autre chose, continuer à avancer, et vous, vous restez là, devant eux, bloquant le passage, à traîner le corps de votre enfant morte derrière vous.
Le cœur de Louise n'était plus qu'un morceau de bois, il ne battait plus, il ne lui faisait que du mal, écorchant sa chair, lacérant ses veines et ses muscles, en remplissant sa poitrine de sang. Des jours avec et des jours sans.
—Pas encore? Ce qui sous-entend qu’il y aura un moment où j’irai mieux. Mais ce dont les gens ne semblent pas se rendre compte, c'est que je n'ai aucune envie d'aller mieux. Comment le pourrais-je? Mon chagrin me semble tout à fait approprié. Il… pèse juste ce qu'il faut, il m’écrase pile comme j'en ai besoin. Ma colère est saine, elle m'aide à tenir. Enfin…
Et bien entendu, puisqu'on parle de suicide, il ne peut qu'y avoir des personnages qui vivent ce deuil sous le poids de la culpabilité
Aujourd'hui, comme chaque jour, elle fouillait sa déplorable mémoire À la recherche des indices qu'elle avait manqués, des signaux d'alarme qu'elle avait allègrement ignorés. Elle cherchait des miettes, des bouts de tristesse dans la vie heureuse de sa fille. […] La vérité–elle ne voyait pas comment il pouvait en être autrement–, c'était que tandis qu’ils surveillaient leur fils, guettant sa chute, leur fille avait trébuché sans qu'ils s'en rendent compte, et ils n'avaient pas été là pour la rattraper. La culpabilité faisait comme un caillou logé dans la gorge de Louise ; elle s'attendait sans cesse faille à ce qu'il étouffe, mais non, il lui refusait cette délivrance, alors qu'elle devait continuer de respirer, de respirer et de se souvenir.
Il avait raison, d'un côté. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire? Maintenant que le pire était arrivé… mais je refusais tout de même de la trahir. 
et ce, même si des questionnements concernant de véritables suicides subsistent. Ce qui fait qu'on croise différentes histoires, différents mensonges pour continuer à, entre autres, se protéger soi-même.
Elle mentait. Je savais exactement quels mensonges elle racontait car je l'avais déjà raconté moi-même. Pour la première fois, c'est moi que j'ai vu en elle, pas toi. Derrière son expression de peur et de méfiance, je voyais qu’elle s'accrochait à son secret comme à un bouclier. On pense que la douleur sera plus douce, l’humiliation moins cuisante si personne d’autre ne peut la voir.
Mais que savait-elle de la vérité au juste? Les gens ne font que raconter leur version de l'histoire.
Et à travers toutes ces histoires, toutes ces tragédies survenues à cette rivière, à cette falaise, on ne pouvait qu'avoir des réflexions sur le suicide, sur la fascination de l'eau, surtout que Nel, une disparue, avait une grande fascination pour les différentes tragédies de cette communauté, une obsession pour le suicide. 
Bien sûr que j'avais remarqué. J'étais blessée. Mais je n'allais pas non plus lui en parler. Montrer à quelqu'un qui vous a fait souffrir, c'est la pire chose qu'on puisse faire, non? Je ne voulais pas paraître faible, ni collante, parce que personne n'a envie de fréquenter des gens comme ça.
J'ai eu l’impression d’y être réellement, à cet endroit, comme si je me tenais en haut de la pas falaise, à regarder au fond de l'eau, prise de ce terrible frisson, la tentation du néant.
Ce n'était pas seulement de la peur, il y avait autre chose. De la peur et de l'incompréhension, de la peur et du dégoût. Ça m'a fait penser au regard que je me jette, parfois, quand je commets l’erreur de croiser mon reflet dans la glace.
Et j'ai donc apprécié voir tout ce côté psychologique auquel plusieurs sont confrontés. En plus, d'entrecroiser cela avec différentes histoires familiales, plus ou moins reliées, ça ne faisait qu'apporter un plus pour ma part. Cependant, je trouve dommage que ce titre soit catalogué thriller, car bien qu'il y ait des questionnements, des parts d'enquête, ce sont sur des faits qui sont survenus avant l'arrivée de Julia pour venir s'occuper de sa nièce, et je n'ai pas senti d'angoisse, d'inquiétude face à ce qui se passait, à moins que ce ne soit parce que j'avais une forte idée de ce qui pouvait s'être passé. Mais  je trouve qu'il faut plutôt aborder ce titre, par les thèmes qu'il aborde, comme un drame plutôt qu'un thriller puisque le côté enquête ne me semble qu'être un plus à toutes ces histoires entrecroisées, et qu'en plus, on se trouve avec un récit au rythme beaucoup plus lent que ce dont on s'attend d'un thriller. Pour ma part, ça ne m'a pas trop gênée. Faites vous-en  votre propre idée si vous le souhaitez! Malgré ses défauts, j'ai apprécié, et espère que ce sera votre cas.

D'autres citations

Et c'est à cet instant-là. Dans le vrombissement de la fatigue, dans l'excitation malsaine de la peur, j'ai vu quelque chose, entraperçu quelque chose.

Il y croyait. J'ai vu qu'il croyait a chaque mot qu'il prononçait et, à cet instant, j'ai compris que j'avais perdu. Tout ce temps, il ne s'était jamais senti coupable. Il n'avait pas éprouvé le moindre remords, parce que dans sa tête, ce qu'il avait fait, ce n'était pas un viol.

Lorsqu'elle écoutait parler les psychologues, elle savait qu'ils disaient n'importe quoi et qu'elle n'aurait plus un seul « jour avec» pour le restant de sa vie.

Il me faut faire preuve grande volonté pour ne pas céder à la panique et à l’anxiété dans ce chaos. Mais je tiens.

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Snakes & Ladders
12 thèmes

 

Ne viens pas me dire après que je ne t’ai pas prévenue.

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Pablo, je t'aime Escobar, je te hais 
Auteur : Virginia Vallejo
Édition: J'ai Lu - 2018 - 603 p. - traduction de Romain Magras
Original: Amando a Pablo, Odiando a Escobar (Random House Mondadori, 2007)
Couverture: Portrait de Pablo Escobar par Eric Vandeville/Famma Rapho et portrait de Virginia Vallejo par Hernán Diaz
Témoignage, biographie, littérature colombienne

Présentation: Virginia raconte son histoire avec Pablo Escobar
+ : style
- : égo
Thèmes: drogue, enlèvement, amour



Pourquoi ce livre
Parce que je voulais en apprendre sur Escobar.

Mon avis
J'ai été mitigée par cette lecture, puisque même si c'était bien écrit, j'ai l'impression que ma soif de connaissance n'a pas été assouvie. En plus, j'ai regardé le premier commentaire que j'avais marqué sur mon suivi, et je disais, qu'avec ce qu'elle écrit, je n'arrive pas à comprendre comment elle est tombée amoureuse... on a l'impression qu'elle se rend compte de ce qui se passe, mais paraît très innocente pour une journaliste de renom. Oui, c'est le sentiment que j'ai, surtout qu'elle se faisait souvent dire
Ne viens pas me dire après que je ne t’ai pas prévenue.
et que rien ne laisse présager dans son écrit qu'elle se faisait jouer dans la tête, manipuler par Pablo, ce qui semble la rendre encore plus innocente. Et je n'ai pas eu l'impression que cela s'est réellement amélioré au fil de ma lecture, comme peu le montrer ce passage. 
Une partie de l’adoration que je lui voue s’évanouit ce soir avec le récit de cette histoire horrible, qui meurtrit comme un poignard dans le cœur toutes les femmes qui ont une tant soit peu de sensibilité. Je me dis que Dieu fait très bien les choses, car je maintenant contente de savoir de quels actes de courage en règle générale et de monstruosité, exceptionnellement, cet homme est capable. En silence, je me demande si, un jour, toute cette veine cruelle ne pourrait pas s’abattre aussi sur moi; mais je me dis que c’est impossible, car je suis tout l’opposé de cette pauvre fille et ce n’est pas pour rien qu’il m’appelle sa «douce panthère».
Cependant, il y a eu certaines réflexions qui montraient qu'elle réfléchissait à tous ces crimes, à toute cette fureur, à toute ces propensions à la vengeance des différentes personnes, qu'elles soient politiques ou non.
Mais avant de mourir, il tient à anéantir ceux de Cali et tous ceux qui se mettront en travers de sa route et, qu’à partir de maintenant les choses ne régleront plus en faisant parler la poudre, mais la dynamite, même si des justes doivent payer pour des pécheurs. Debout à côté de lui, et regardant également dans le vide, je l’écoute avec effroi, le visage baigné de larmes, et je me demande pourquoi cet homme si incroyablement riche porte une haine si énorme dans son cœur, ce besoin de tous nous punir, cette férocité, tout ce désespoir; pourquoi jamais il ne trouve le repos, et si toute cette rage contenue qui ne demande qu’à exploser comme un volcan ne traduit au fond rien d’autre que l’incapacité de changer une société dirigée par d’autres personnes presque aussi impitoyables et aussi peu scrupuleuses que lui. 
pour Pablo Escobar, il était le premier et le dernier, le pire et le plus important de l’interminable liste des ennemis qu’il s’est faits tout au long d’une vie qu’il a choisi de placer sous le signe de la haine et de ne vouer qu’à exercer les formes de vengeance les plus implacables.
Ah, mon Dieu, quelle horreur! Je crois que tu vas faire éclater la troisième guerre mondiale, Pablo! 
Bref, j'ai eu l'impression de ne pas réellement pouvoir en apprendre sur les différentes relations, dans lesquelles je me perdais et ne comprenais pas comment tout s'orchestrait, mais surtout parce que cela semblait être relégué à l'arrière-plan de la vérité, de l'ego de Virginia qui indirectement, dans l'attente de son diamant, prenait le pan de son amoureux dans ce sens:
Ce que Pablo veut me montrer, c’est que, lorsque l’argent rentre à la pelle, toutes, toutes les méchancetés possibles peuvent être réalisées, à condition, évidemment, qu’elles soient bien préparées. 
Bref, j'en ressors donc mitigée car j'ai l'impression de ne pas avoir appris comme je le voulais, surtout parce que c'était voilé par l'ego de Virginia. Mais vous pouvez vous le procurer si vous voulez vous faire votre propre avis. 

Quelques citations
La joie a contaminé tout l’endroit et ce qui s’apparente à un air de fête semble maintenant flotter sur tout ce cadre. L’horreur de ma première impression a petit à petit laissé place à d’autres émotions et à des raisonnements différents. Le sens de la dignité qu’ont ces êtres humains, leur courage, leur noblesse, leur aptitude à rêver restée intacte dans un espace qui conduirait n’importe lequel d’entre nous vers les plus hautes cimes du désespoir et de la déchéance, ont fini par transformer ma compassion en admiration. Quelque part sur ce sentier poussiéreux, que je retrouverai peut-être à un autre moment, ailleurs, une infinie tendresse à l’égard de tous ces gens vient soudain frapper aux portes de ma conscience et inonde tout mon esprit. Je n’ai plus rien à faire ni de la fétidité ni de l’horreur de cette décharge, ni de la façon dont Pablo ramasse ces tonnes d’argent; tout ce qui m’importe, ce sont les mille et un tours de magie qu’il opère cette manne. Sa présence à mes côtés efface comme par enchantement le souvenir de tous les hommes que j’ai aimés jusque-là, il n’y a plus que lui qui existe, il est mon présent et mon passé et mon futur et mon tout à lui tout seul.  
Quand ma fureur retombe, je repense à ces quatre magnats de l’establishment: à leur intelligence très au-dessus de la moyenne, à leur cœur de pierre, à leur incapacité d’éprouver la moindre compassion, à leur légendaire propension à la vengeance. Puis, avec un sourire sorti du fin fond de mon cœur, je me rappelle aussi leurs dons de charmeurs de serpents, leur rire, leurs faiblesses, leurs aversions, leurs secrets, leurs leçons… toute cette capacité de travail, cette passion, cette ambition, cette acuité… leur pouvoir de séduction, leurs présidents… 
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La cerise sur le gâteau
Tour du monde: Colombie
 

Terrible pensée!

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Dracula
Auteur : Bram Stoker
Édition: Pocket - 1992 - 566 p. - traduit par Jacques Finné
Original: Dracula, 1897
Photo de couverture par Henry Hohenstein
Classique, fantastique, épistolaire, littérature irlandaise

Présentation: Le mythe Dracula
+ : psychologie
- : peur
Thèmes: peur, vampires, folie


Pourquoi ce livre
Parce que j'avais demandé ce livre en PEB, et que c'était une version jeunesse qui était arrivée. Même si je n'avais pas apprécié, je tenais toujours à découvrir le texte intégral pour bien voir à quel point ce titre a eu un impact.

Mon avis
Et j'ai bien fait! Je me souviens avoir apprécié le style dès les premières pages, et l'ambiance qui s'en dégageait. Bien entendu, comme souvent, j'écrit ma chronique quelques mois après ma lecture, ce qui fait que mes souvenirs se sont légèrement estompés, et font que les + et - sont peut-être biaisés. Or, avant de me mettre à la rédaction, je retapais des passages du livre, ça aide à réactiver ma mémoire. D'ailleurs, j'ai réalisé à quels points certains passages qui m'ont marqué sont longs, et que j'en avais plusieurs, ce qui peut montrer mon appréciation du récit.

Peu après l'avoir débuté, j'ai vu qu'il y avait une LC organisée par Aealo, et je n'ai pu que la joindre pour discuter de ce mythe. Les participants pourront d'ailleurs très bien s'imaginer pourquoi, lorsque je tapais les passages, j'ai souri en tapant:
Mais hélas, vous vous embarrassez de préjugés. Parfois, vous ne permettez pas à vos yeux de voir ni à vos oreilles d’entendre et vous ne vous encombrez pas de tout ce qui transcende votre vie quotidienne. Ne croyez-vous pas qu’il existe des forces que vous ne pouvez comprendre — ce qui n’exclut pas leur existence? Ne croyez-vous pas que certaines gens puissent voir des choses que d’autres ne voient pas? Des choses, d’ailleurs, il en existe, anciennes ou modernes, qui ne risquent pas d’être surprises par des yeux humains étant donné que ces mêmes humains croient, ou croient croire d’autres choses qu’on leur a enseignées. À qui la faute, sinon à notre science qui désire tout expliquer? Et si elle est incapable d’expliquer, elle prétend qu’il n’est rien à expliquer. Pourtant, ne voyons-nous pas naître, autour de nous, chaque jour, de nouvelles croyances — plus exactement, des croyances qui se prétendent nouvelles? De fait, elles sont bien anciennes, même si elles se prétendent neuves — comme ces belles dames qui hantent les soirées d’opéra. Je crois que vous ne voulez rien entendre de la transmutation des corps, n’est-ce pas? Ni des corps astraux? Ni de la lecture des pensées! Et l’hypnotisme? Toujours pas?
Pour ceux qui n'ont pas participé à la LC, c'est parce qu'une membre qui suivait la discussion (elle se reconnaîtra) avait suggéré d'oublier tout ce qu'on connaissait de Dracula pour bien apprécier ce récit. (C'est moi qui ajoute le gras.) Et d'ailleurs pour ma part, je préfère ce vampire originel plutôt que de ceux stéréotypés que l'on voit dans les récits de bit-lit par exemple. Malgré cela, il ne faut pas oublier que
Et je vous convie à croire aux superstitions. Elles furent l’acte de foi des hommes dans les premiers âges et plongent leurs racines dans les vraies connaissances.
Cependant, je ne crois divulgâcher personne en disant que les protagonistes ont des connaissances sur Dracula et à vous partager ce passage qui résume bien leur état de connaissances:
Si j’avais su, depuis plus longtemps, voire si j’avais deviné, soupçonné ce que je sais à présent, une vie précieuse aurait été épargnée – une de ces vies à laquelle tenaient bon nombre d’entre nous. Mais le passé est passé et nous devons agir, à présent, de telle sorte que d’autres âmes ne périssent pas de la même manière, si nous pouvons les sauver. Le nosferatu ne meurt pas, comme l’abeille, dès qu’il a frappé. Bien au contraire, son forfait accompli, il est plus fort encore, dispose d’une puissance accrue pour perpétrer le mal. Le vampire que nous devons affronter possède la force de vingt hommes. Il est plus rusé que chacun d’entre nous, puisque la ruse s’accroît avec l’âge. Il tire aussi de nombreuses ressources de la nécromancie, soit, comme l’indique l’étymologie, la divination par le biais des morts. D’ailleurs, tous les morts dont il peut approcher s’inclinent devant lui et se mettent à son service. Il est brutal, plus que brutal, même. Il est vicieux, au sens le plus terrible du mot, et d’autant plus qu’il n’a pas de cœur. Dans certaines limites, il peut apparaître selon sa propre volonté, où il le veut et sous la forme qu’il désire. Il peut aussi se rendre maître de certains éléments – la tempête, le brouillard, le tonnerre. Il peut commander à des créatures inférieures – le rat, le hibou, la chauve- souris, la phalène, le renard, le loup. Il peut grandir et se rapetisser jusqu’à pouvoir disparaître comme s’il n’existait plus. Comment alors pourrons-nous le détruire, à jamais? Comment, d’abord, pouvoir le localiser ? C’est une tâche terrible qui nous attend, mes amis, une tâche impensable dont les conséquences possibles pourraient faire trembler le plus brave. Si nous échouons dans notre lutte, c’est à coup sûr qu’il aura vaincu. Et alors, qu’adviendra-t-il de nous ? La vie n’est rien. Je ne l’adore pas. Mais notre échec porte bien plus loin que la vie et la mort car, si nous échouons, nous deviendrons comme lui de terribles créatures de la nuit, sans cœur, sans conscience, faisant proie de ceux, de celles que nous aimons le plus. Pour nous, alors, et à jamais, les portes du ciel seraient fermées et, pis encore, qui interviendrait pour nous les ouvrir ? Nous pour- suivrions notre existence, objets de haine universelle, ombre à la face de Dieu, lance au flanc de Celui qui mourut pour les hommes. Pourtant, malgré cette terrible perspective, nous affrontons une sorte de devoir à accomplir. Et devant le devoir, est-il permis de trembler ? Moi, je réponds par la négative. Mais moi, je suis vieux et la vie, ses lueurs aveuglantes, ses havres de beauté, ses chants d’oiseaux, ses musiques, ses amours, s’étendent loin derrière moi. Vous autres, au contraire, vous êtes jeunes. Beaucoup d’entre vous ont affronté la douleur, déjà, mais ont l’assurance de jours heureux, tôt ou tard. J’attends donc votre réponse. 
J'ai aussi aimé lorsque nous pouvions sentir certains parallèles avec d'autres éléments.
Ne croyez pas, en me voyant rire, que je n’éprouve aucune tristesse. Vous voyez que j’ai pleuré même quand j’étouffais de rire ! Mais il ne faut pas croire non plus que je sois malheureux quand je pleure, puisque le rire a succédé aux larmes. N’oubliez jamais que le rire qui frappe à votre porte en vous demandant la permission d’entrer n’est jamais le véritable rire. Non. C’est un roi qui entre quand et comme il veut ! Il ne demande d’autorisation à personne ! Il ne choisit pas le moment le plus adéquat, mais s’annonce sans crier gare.
[…]
Si vous aviez pu lire au plus profond de mon cœur, quand j’ai éclaté de rire, si vous aviez pu comprendre ce que je ressentais quand la crise est arrivée, si vous saviez ce qui se passe quand Sa Majesté le Rire remporte sa couronne et tous ses attributs — car quand il me quitte, c’est pour aller loin, très loin, et longtemps — vous auriez sans doute plus pitié de moi que de votre autre ami!
Et bien entendu, je vous ai dit que dès le départ, je sentais l'ambiance et que je l'appréciais. Je ne peux donc que vous partagez des passages qui semblent simple, mais aide à transmettre l'ambiance gothique du roman.
Roches grises; ciel gris dont le faible soleil éclaire parfois quelques franges, par-dessus la mer grise dans laquelle les bancs de sable s’étendent comme des doigts gris. La mer donne de furieuses gifles au rivage, mais les sons me parviennent comme ouatés, à travers le brouillard qui assaille les terres. L’horizon se perd dans un brouillard gris. Tout semble infini. Les nuages s’empilent comme des roches géantes et, sur la mer, court une rumeur qui ressemble à des présages funèbres. De sombres silhouettes se profilent sur la plage, de-ci, de-là, parfois à moitié dévorées de brouillard, et l’on croirait «voir des hommes marcher comme des arbres». Les bateaux des pêcheurs se hâtent de rentrer au port, comme des ivrognes qui montent et descendent au gré de la houle.
mais les tombes n’avaient paru aussi monstrueusement blanches, jamais les cyprès, les ifs, les genévriers n’avaient autant paru les symboles de la tristesse la plus totale, jamais les arbres, jamais les herbes n’avaient ployé sous le vent de façon si sinistre, jamais les branches n’avaient craqué si mystérieusement et jamais les aboiements lointains des chiens n’avaient, me semble-t-il, envoyé présage plus sinistre à travers la nuit.
Mais pour moi, en plus de cette ambiance, c'est tout ce côté psychologique auquel je ne m'attendais pas qui fait la force du roman. Je fus surprise de voir tout ce pan de connaissances déjà à l'époque et voir comment Stoker transmis cela dans la crainte face à son vampire, avec un rôle assez important confié à un aliéné. Stoker avait très bien compris qu'il fallait faire progresser la science dans son domaine le plus difficile et pourtant le plus vital — la connaissance de l’esprit et ses mécanismes et son récit sur Dracula nous permet de nous faire une tête là-dessus à l'aide de différents passages.
Vous soignez les aliénés. Mais, d'une manière ou d'une autre, tout homme est un peu fou. Tout comme vous faites preuve de discrétion en soignant vos patients, vous vous montrez discret avec les fous de Dieu — le reste des hommes. Vous ne dites pas à vos fous ce que vous faites ni pourquoi vous le faites. Vous ne leur révélez pas vos pensées. Vous gardez la connaissance où elle doit être, à un endroit où elle pourrait s’épurer, se compléter. […]
À présent, vous êtes un maître et je suis certain que vos bonnes habitudes n’ont pas disparu pour autant. Souvenez-vous, mon ami, que la connaissance est plus forte que la mémoire et que nous ne devons pas accorder notre confiance à la plus faible. Même si vous avez perdu votre bonne habitude de prendre des montagnes de notes, laissez-moi vous révéler que le cas qui nous préoccupe pourrait bien être (j’ai bien dit pourrait être) d’un intérêt tel, pour la race humaine, que tout le reste pourrait sembler mineur! Prenez donc soigneusement vos notes. Rien n’est peut-être inutile. Je vous conseille même de noter le moindre de vos doutes, la plus insignifiante de vos hypothèses. Peut-être, dans la suite, serait-il intéressant pour vous de voir jusqu’à quel point votre diagnostic était bon ou mauvais. Ce sont les erreurs qui nous permettent d’apprendre, non les succès.
Depuis mon échec d’hier, je ressens une impression de vide. Rien au monde ne me semble digne d’une pensée. J’avait toujours affirmé que le seul remède à cette sorte de maladie était le travail. Je me suis donc réfuté chez mes patients et j’ai choisi celui qui me paraissait le plus intéressant. Ses idées sont si bizarres, si éloignées des normes que je suis disposé à tout tenter pour le comprendre. Aujourd’hui, j’ai eu l’impression de pénétrer plus loin que jamais au cœur de ce mystère.
Je l’ai interrogé plus profondément que je ne l’ai jamais fait à seule fin de mieux interpréter ses hallucinations. Je comprends fort bien, à présent, que ma conduite dissimulait quelque cruauté. Je donnais l’impression de le cantonner volontairement dans sa folie — ce que j’évite avec mes autres patients, comme j’évite la gueule de l’enfer.
Tout à coup, je remarquai, dans ses yeux, cette lueur sournoise, caractéristique de tous les déments à qui vient de s’imposer une idée. En même temps, il se mit à secouer la tête — phénomène que les surveillants d’asile connaissent trop bien.

Bref, vous en comprenez que j'ai apprécié ma lecture. Bien entendu, j'ai senti un petit creux au milieu, mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ce récit qui n'en est pas un d'aventure, mais où tous les tenants sur la crainte, sur les mécanismes de celle-ci me semblent faire sa force. Ce fut donc une belle découverte pour moi. Je vous invite donc à le découvrir, mais n'oubliez pas d'évacuer vos préjugés, et de vous laisser envelopper par cet univers. 

Quelques citations
Lorsque, un peu plus tard, je le vis, par une fente dans la porte, dresser la table dans la salle à manger, le doute ne fut plus permis; qu’il s’abaisse à ces travaux serviles démontre que personne d’autre n’est engagé pour les faire. Cette découverte me fit frissonner — si personne d’autre n’habitait le château, ce devait être le comte lui-même qu’il avait conduit la voiture, deux jours avant! Terrible pensée! Dois-je penser qu’il détient le pouvoir de contrôler les loups comme il me l’a montré — en levant seulement la main, sans même prononcer une parole? Et qu’était cette épouvante que ressentaient, à mon égard, le menu peuple de Bistritz et mes compagnons de voyage? Pourquoi ce crucifix? Popurquoi, dans la voiture, ces petits cadeaux peu ordinaires — ail, rose sauvage, cendre de montagne? Bénie soit la vieille femme qui m’a passé son crucifix autour du cou! Je sens renaître mes forces et mon courage chaque fois que je le touche. Étrange qu’un objet qu’on m’a appris à tenir pour un relent d’idolâtrie puisse apporter une aide aussi immense en des temps de solitude et de danger! L’essence de l’objet lui-même posséderait-il quelque pouvoir ou sert-il seulement de tremplin, de médium, pourrai-je presque dire, pour me replonger dans mes souvenirs les plus calmes et les plus heureux?
— Au diable, vous et toutes vos âmes! cria-t-il. Pourquoi me tourmenter avec elles! Ne croyez-vous pas qu’il me suffise de me tourmenter, de me désoler, de m’affoler sans qu’il faille encore m’occuper d’âmes?
[…] Je désire réfléchir, ce qui m’est impossible quand mon corps souffre de contraintes. 
les épreuves, les tensions, ne sont que des pièges destinés à évaluer la force de notre foi, que nous devons continuer à croire et à espérer
Puis j’ai un souvenir, vague, de quelque chose de long et de sombre, avec des yeux rouges — ce rouge que nous avons admiré dans le soleil couchant. C’était aussi quelque chose de très doux et de très amer qui m’a entourée en une seconde. J’ai alors eu l’impression de m’enfoncer dans une onde verte et profonde et j’entendais une mélodie résonner à mes oreilles — une mélodie semblable à celle qu’entendent, m’a-t-on affirmé, les noyés avant de mourir. Et puis, tout a semblé s’enfuir de moi. Mon âme jaillissait de mon corps et je flottais dans l’espace. Je croyais me souvenir que dans le temps, le phare occidental brillait en dessous de moi. Et puis, je subis un sentiment déchirant comme si je me débattais dans un tremblement de terre et je suis revenue à moi alors que vous me secouiez — je vous ai vue me secouer avant de le sentir vraiment.
si la sympathie humaine ne peut rien changer aux faits eux-mêmes, elle aide pourtant à les rendre plus supportables.
Renfield est un maniaque homicide d'une espèce particulière. Je vais devoir inventer une nouvelle classification pour son cas – je l’appellerai un maniaque zoophage. Il ne désire rien que d'absorber le plus de vies possibles et il est arrivé à cette obsession par un paroxysme assez surprenant. [..] Où en serait-il arrivé ensuite? Cela vaudrait presque la peine de le voir achever l’expérience. Mais il faudrait, pour cela, une raison suffisante. Les hommes ricanaient devant la vivisection et regardez les résultats d’aujourd’hui! Pourquoi ne pas faire progresser la science dans son domaine le plus difficile et pourtant le plus vital — la connaissance de l’esprit et ses mécanismes?
Mais la crainte est salutaire, car elle sert d’avant-poste à la croyance!


Parce que je participe à quelques challenges


et peut-être aussi

Ce titre fait également partie de la liste des 100 livres à avoir lus au moins une fois dans sa vie, et de celle du Teacher's Favorite Books