Cliquez sur l'image pour vous le procurer |
Auteure : Jodi Picoult
Édition: Babel - 2018 - 662 p.
Photographie de couverture de Vee Speers
Drame, littérature américaine
Présentation: Sur ordre des parents, une sage-femme noire n'a pas le droit de s'occuper d'un bébé qui meurt.
+ : réaliste
- : couverture
Thèmes: racisme, suprémacisme, mort
Parce que j'ai aimé Ma vie pour la tienne et que me l'étant procuré en début d'année, j'ai décidé de le mettre dans les priorités lorsque j'ai vu la LC organisée par Windyrella.
Pour ma part, j'ai bien apprécié cette histoire dans laquelle j'ai bien apprécié l'alternance des points de vue entre les protagonistes, qui peuvent avoir des positions bien campées. Et puisque pour certaines scènes, on voit les points de vue de part et d'autres, je trouve que l'auteur a su choisir quelles scènes décrire de cette façon, et parfois quel bout mentionner par l'un ou l'autre, ce qui donne un beau roman choral. D'ailleurs, l'auteure a su par cette alternance montrer que le narrateur, ses vérités, façonne l'histoire.
C’est dingue à quel point les événements et la vérité peuvent être remodelés, comme une boule de cire qu’on aurait laissée trop longtemps au soleil. Les faits n’existent pas. Il n’y a que la manière dont on les perçoit à un moment donné. La manière dont on les rapporte. La manière dont notre cerveau les assimile. On ne peut dissocier le narrateur de l’histoire.
—Vous vous trompez.
Je secoue la tête dans l’obscurité puis je prononce les mots que j’ai ravalés durant toute ma vie:
— Ils s’en prennent à moi parce que je suis noire.
Et pourquoi en eût-il été autrement? Semblables à des fantômes, les Blancs franchissent sans effort les barrières et les frontières. Semblables à des fantômes, nous pouvons aller là où nous voulons.
— Personnellement, je me fiche de ces histoires de couleur, déclare-t-elle. Je veux dire: la seule race qui importe, c’est la race humaine, non?
C’est facile de prétendre qu’on est tous dans le même bateau quand la police n’a pas débarqué chez vous en pleine nuit. Mais je sais que, quand les Blancs racontent ces trucs-là, c’est parce qu’ils croient dur comme fer que c’est bien de les dire et pas une seconde ils ne se rendent compte de la nonchalance de leurs propos.
Quelque chose dans sa phrase me reste en travers de la gorge. Fais semblant de ne rien voir.
C’était tellement plus facile de les haïr plutôt que de me haïr moi-même.
j'ai de la difficulté à imaginer que la vérité n'aurait pas sorti plus tôt, et j'ai de la difficulté à croire que cela aurait été poussé à un tel extrême, même si je comprends qu'en colère, l'humain puisse avoir des réactions invraisemblables. Mais c'est surtout la couverture de mon édition qui est le point le plus négatif, puisque, à la suite de la lecture, j'ai l'impression qu'il ne s'est agi que de mettre une fillette à la peau noire en couverture, sans égard à ce qui est véhiculé dans le récit.
Mais, j'espère vous avoir fait voir que j'ai bien apprécié le récit et ses tenants, puisque je considère que c'est un titre qu'il faut découvrir au moins une fois!
D'autres citations
Quand je raconte cette histoire, tout le monde pense que la naissance du bébé est le miracle auquel je fais allusion en cette lointaine journée de blizzard. C'était époustouflant, certes. Mais j'ai assisté ce jour-là à une chose encore plus merveilleuse. Pendant que Christina me tenait la main et que Mme Mina serrait celle de maman, il y eu un moment - un souffle, un battement de coeur - où toutes les différences d'éducation, de niveau social et de couleur de peau de sont évaporées, tels des mirages dans le désert. Un moment où nous étions tous égaux et où il n'y avait plus qu'une femme qui en aidait une autre.
Ce miracle-là, cela fait trente-neuf ans que j'attends qu'il se reproduise.
Mais la timidité passe parfois pour de la suffisance et ce genre de malentendu peut être fatal.
Les bébés sont comme des ardoises vierges. Ils ne viennent pas au monde déjà chargés des engagements pris par leurs parents, des promesses formulées par leur église, de cette capacité qu'ont certains à ranger les êtres humains dans deux groupes distincts : ceux qu'ils aiment et ceux qu'ils n'aiment pas. En réalité, ils arrivent sans rien, à part un besoin immense d'être rassurés. Et ce besoin peut être comblé par n'importe qui : ils ne jugeront pas la personne qui les prendra dans ses bras.
Une question me traverse l'esprit : combien de temps faut-il pour que ce vernis naturel s'écaille au contact de l'éducation reçue ?