samedi 28 novembre 2020

les moments auxquels on s'attache

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Petite laine 
Auteure : Amélie Panneton
Édition: Les éditions de ta mère - 2017 -  329 p.  
Couverture: Mügluck 
Contemporaine, québécoise

Présentation: Une jeune documentariste fait des recherches sur des colocataires qui faisait du tricot-graffiti
+ : distrayant
- : décousu
Thèmes: amitié, tricot-graffiti



Pourquoi ce livre
Parce que je voulais quelque chose de plus léger dans ma commande du 12 août, et que j'ai ressenti le besoin de le lire en novembre.

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans "J'aurais voulu être un artiste"

Mon avis
Bon, je l'avoue d'emblée, ce n'est pas le titre qui m'aura le plus réussi, quoique, puisque je me suis rendue à la fin, je n'ai pas détesté. 
Je crois que ce qui m'a le plus déplu, c'est le fait que les mémoires des anciennes colocataires s'entremêlent trop, et on ne sait plus trop si c'est ce qui se passait, si les vieilles ont des souvenirs fidèles aux événements. Peut-être était-ce une analogie de tous ces fils de laine qui s'emmêlent et qui sont très difficiles à démêler, mais ici, l'auteure n'arrive pas à dénouer, démêler tous les bouts qu'elles nous relatent, afin que cela devienne cohérent et crédible. Donc, oui, ce titre sur le tricot m'a semblé décousu, inachevé. Je crois aussi qu'une des protagonistes n'est pas interrogée amplifie ce sentiment puisqu'elle m'a semblé être en avant-plan dans leur jeunesse, et être au coeur des liens qui les unissait à différents égards. Donc, il y a trop d'éléments qui me semblent inachevés, ou c'est moi qui n'ai pas réussi à assembler les différentes pièces. 
Mais, je vous l'ai dit, je suis venue au bout. Ce qui montre que le titre avait tout de même des qualités. Je l'avais choisi pour une lecture détente, et oui, c'est une lecture qui a été dans ce sens, avec ces entrevues rapportées. Je dis entrevue, mais c'est plutôt les souvenirs qui lui sont rapportés que la documentariste transcrit. Et à travers cela, j'ai apprécié voir les différences entre les protagonistes, leur façon de réagir et de ne pas vouloir blesser leur camarade, ces souvenirs d'amitié. 
Donc, j'en ressors déçue, oui. Peut-être avais-je trop d'attente ayant déjà lu Comme une chaleur de camp de feu, qui fait que je relirai sans doute encore l'auteure. Mais je crois que c'est beaucoup à cause de cette sensation que les fils n'ont pas bien été démêlés que je reste beaucoup sur ma faim. Peut-être qu'il pourrait vous plaire davantage qu'à moi! 

Quelques citations
Bon. Les gens sont pas comme ça, c'est sûr. Marjo était pas comme ça. Marjo avait besoin - c'est ce que je pense en tout cas, vous en faites ce que vous voulez - Marjo avait besoin de s'accrocher encore un peu à ses tristesses. Elle les traînait depuis longtemps. On s'attache à ces lourdeurs-là. On finit par penser qu'il y a pas d'autre façon d'être soi-même, que ça vient avec. C'est ce que je pensais. Même si, dans ce temps-là, j'aurais pas pu vous l'expliquer comme aujourd'hui. Comme quoi il y a des avantages à vieillir.
Mais à quoi servent les souvenirs, de toute façon? 
À rien. À se rappeler qu'on peut pas revivre les moments auxquels on s'attache. Et il n'y a pas de refuge contre ça. 

Vous venez ici pour des histoires de tricot-graffiti et vous repartez avec mes niaiseries sentimentales. Mais c'est jamais facile de se tenir loin de ses sentiments, vous savez. Même quand ils ont eu en masse le temps de s'empoussiérer. On souffle dessus et ça revient vous picoter les yeux. 

Il y a des personnes qui passent leur vie à envahir votre histoire. Tous ces gens plus grands que nature sur lesquels on écrit des livres? Ils sont insupportables pour qui essaie d'avoir une vie qui ait le moindrement de sens. Je ne sais pas si vous me comprenez?

Mettre les choses en mots, c'est leur permettre de vous perforer à nouveau.  

 Parce que je participe à quelques challenges


? 12 thèmes


samedi 21 novembre 2020

c'est dans le désert que les bombes font le plus de bruit.

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Ici, ailleurs 
Auteur : Matthieu Simard 
Édition: Alto - 2017 -  126 p.  
Illustration de la couverture: Owen Gent 
Drame, littérature québécoise

Présentation: Marie et Simon s'en vont en zone rurale pour se donner un nouveau départ... 
+ : invisible
- : syntaxe
Thèmes: déchirure



Pourquoi ce livre
Parce que j'ai repéré ce titre dans une précédente édition de Québec en novembre

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans Tu m'aimes-tu

Mon avis
Tout d'abord, en plus d'avoir été repéré dans Québec en novembre, j'avais choisi cette lecture puisque le résumé parlait de se retrouver, de recommencer, et que j'avais l'impression par ces mots que ce serait l'histoire d'un nouveau départ. Bien que le couple déménage à la campagne pour oublier et justement se faire un nouveau départ, on apprend vite comment cela va se terminer, et c'était loin d'être le genre de recommencement que je souhaitais lire à ce moment. 
Surtout qu'en plus, j'avais de la difficulté avec la syntaxe. Je ne suis pas experte, et je peux comprendre certains contournement comme l'élision des virgules dans l'extrait ci-dessous, mais j'avais beaucoup plus l'impression de fautes, de coquilles au départ, car ça nuisait plus au rythme de lecture, contrairement à l'extrait où l'élision accélère le rythme. 
Je n'ai jamais réussi à [décrire, expliquer la souffrance]. C'est la douleur d'une extraction dentaire qui ne se termine jamais. On t'arrache une molaire et, attaché à ta dent, tout le reste de ta vie. Tes poumons d'abord, le souffle coupé, ta gorge brûlée, ton cœur affaissé, tes os, ton sang, c'est ton sang qui est mort, tes muscles, tes yeux ton cerveau ta langue tes nerfs tes ongles, tout ça de l'intérieur, attaché à une molaire, tout ça qui s'échappe par ta gencive tellement vite mais tellement longtemps ça n'arrête jamais, il reste toujours quelque chose à vider, il te reste une enveloppe de peau et tu cherches une béquille, Marie, tout aussi étripée, tout aussi vidée, une béquille dont tu es la béquille, les vases communicants, qui te remplit de ses larmes pendant que tu la remplis des tiennes [...(divulgâcheur)] la peur de partir et toi qui luttes pour ce que ta peur à toi ne paraisse pas ta peur qui se décuple chaque seconde la peur du vide le manque d'oxygène et ta béquille qui s'effondre, la fin d'un tout, tu seras toujours une fraction, jusqu'à ta mort une fraction. 
Malgré tout, j'ai poursuivi. L'ambiance est donc lourde et pesante, et comme on sait comment cela va finir, on se demande quels événements les conduiront là, surtout au vu de ce qui s'est passé dans la page précédente. Sera-ce vraiment la cause? Et plus, on avance, plus on se pose des questions sur comment ils en arriveront à cette fin, et on voit des éléments sous-jacents qui rappellent bien pourquoi le sous-titre est Roman sans musique
Puisque ses personnages continuent une vie normale à travers leur déchirure, qui tentent de se soutenir car ils ont tout vécu ensemble, Matthieu Simard réussit à nous montrer comment ce mal est invisible, ce qui, selon moi, est la force du récit.
Bref, malgré mon avis mitigé, je trouve que ce livre mérite le détour, et j'en lirai sans doute d'autres de l'auteur puisque j'ai apprécié cette apnée. Vous pouvez vous faire votre propre idée sur ce titre, en le découvrant! 

D'autres citations
—T'sais ma belle... Je me souviens pas de ton nom... M'as-tu dit ton nom? En tout cas, t'sais, ma belle, le monde c'est comme des shocks... Des amortisseurs... Tu peux les écraser mille fois, ils vont absorber le coup, mais à m'ment donné, y cassent. Pis quand y cassent, ça se répare pas. 
—Je...
—Casse pas ici, OK? On a assez de trouble de même avec nos affaires. 
Les petits villages, nous l'apprendrons vite, sont plus étouffants que la ville. Nous venions ici chercher la paix, celle que nous croyions mériter, celle des grands espaces et de l'herbe haute et du silence et de l'absence des gens. Nous nous sommes sauvés de la foule pour enterrer nos petites peines et cultiver nos grands espoirs dans la tranquillité rurale, mais nous avions oublié que c'est dans le désert que les bombes font le plus de bruit. 
Près du sol, plus loin, la clôture qui encercle l'antenne est percée, tordue, relevée d'au plus un pied. Je m'effondre dans la terre les mains dans la boue et je rampe sous la clôture, mû par le besoin de respirer, celui de me coller à l'acier pour reprendre l'air qu'il m'a volé. Je me répète que ce n'est qu'un morceau de métal, un objet. À bout de souffle, je pose ma main sur la structure d'acier. Un vent violent emplit mes poumons et, du même coup, des milliers d'images s'enflamment en moi, que je n'arrive pas à voir mais que je ressens. Je ressens les trois dernières années, instant par instant, tellement limpides qu'elles sont vraies. Ce ne sont pas des souvenirs ni le film de ma vie, en une respiration c'est la vérité qui m'habite en feux d'artifice sous ma peau. La vérité que j'essaie d'oublier parce qu'elle fait mal. 
[...]
[...]Je lui dirai que je n'ai rien appris. Ce sera faux. J'ai appris qu'il ne me sert à rien d'essayer d'oublier. 

Parce que je participe à quelques challenges

 
Lu et rédigé en prévision


vendredi 20 novembre 2020

la chorale des gens

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Gamètes
Auteur : Rébecca Déraspe 
Édition: Atelier10 - 2017 -  105 p.
Design de la couverture et conception typographique: Jean-François Proulx, Nicolas Raymond, Balistique
Théâtre, littérature québécoise

Présentation: Aude va voir son amie après avoir appris que l'enfant qu'elle porte est trisomique.
+ : vivant
- : mise en scène
Thèmes: amitié, femme, préjugé, avortement 



Pourquoi ce livre
Parce que lorsque j'ai réalisé que j'avais peu lu de livres québécois depuis le début de l'année, mon cousin m'a mentionné le nom de Rébecca Déraspe, et que, en cherchant ce qu'elle avait écrit, j'ai vu cette couverture, que j'avais déjà repéré, mais que j'avais hésité à prendre puisque je lis peu de théâtre, et que je cherchais des origines autres. Mais là, cherchant du québécois, et voulant lire aussi des genres que je lisais peu, je l'ai pris dans ma commande du 12 aout, surtout que je me rappelais que le résumé m'avait tenté. 

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je l'avais choisi pour la catégorie Fracture du crâne

Mon avis
Eh bien! Quelle erreur! de l'avoir laissé sur les tablettes lorsqu'il avait croisé ma route la première fois. Parce que oui, j'ai grandement aimé cette pièce. 
C'est une conversation en une soirée, entrecoupée par des flashbacks, mais la conversation est dynamique, vivante. On voit des désaccords entre les amies, mais on voit beaucoup l'amitié qui les a unis par tous ces flash-back. Et à travers tout cela, par l'apprentissage de cette nouvelle, on voit les enjeux sur ce que Aude doit faire, sur l'accomplissement de la femme et la place de celle-ci dans la société, ce qui ne peut que nous faire réfléchir là-dessus. 
De plus, c'est du théâtre, et ici, aucun problème à imaginer la scène, à imaginer sur quel ton est dit telle réplique, ce qui montre une maîtrise de la narration. Et même les scènes flash-back, on les imagine aisément, mais je me demande comment celles-ci réussissent à être transmises sur scène, d'où mon moins pour la mise en scène, qui en fait relève plus d'une interrogation! 
Bref, vous comprenez que j'ai bien apprécié ma lecture et que je suis bien ravie de cette découverte. Et vous, allez-vous le découvrir

Quelques citations
Faire du pouce jusqu'à Banff, c'était dégueulasse. Dormir dans une tente humide, c'était dégueulasse. S'égratigner les genoux dans de la roche mouillée pour gagner trois piasses, c'était dégueulasse. Mettre un enfant au monde, ça peut juste être beau. 
Pis je veux qu'on chante plus fort que la chorale des gens avec des opinions
Parce que je participe à quelques challenges


 
lu et chroniqué en prévision de


dimanche 15 novembre 2020

Dans son ombre

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Dans son ombre 
Auteur : Chrystine Brouillet
Édition: Druide - 2019 -  358 p. 
Couverture de:
Policier, littérature québécoise

Présentation: Une mère est jalouse d'une de ses jumelles qui fugue. 
+ : clés
- : rapidité
Thèmes: fugue, menace, trahison, rivalité



Pourquoi ce livre

Parce que c'est un Maud Graham

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case Dans la nuit qui tombe. Et il entre aussi dans Tu m'aimes-tu et Nos joies répétitives

Mon avis
Encore une fois, j'ai pris plaisir à retrouver Maud Graham et son équipe, même si dès le départ, j'ai eu des appréhensions que ce soit une copie de la série télévisée Fugueuse. Heureusement, l'auteure a changé son approche pour s'en distinguer, ce qui a permis de trouver de l'originalité dans le traitement. 

Je doute que ce soit le Maud Graham qui me restera le plus longtemps à l'esprit, mais encore une fois, les pages se tournent d'elles-mêmes et nous avons hâte de retrouver les protagonistes lorsque nous devons cesser notre lecture. 

Je ne me souviens plus trop du style des premiers tomes, mais cet été, en lisant celui-ci, j'ai cru remarqué que c'était depuis les éditions à Druide que je crois que je trouve que le style est plus mature. 

Et dans ce titre, même si nous avons les clés sur ce qui s'est passé, j'ai bien aimé ne pas avoir à me focusser sur la recherche des coupables, car oui, plusieurs intrigues s'entrecroisent, et pouvoir me pencher davantage sur les façons que prennent les enquêteurs pour résoudre les crimes. 

J'ai parfois trouvé un personnage trop caricatural, ce qui fait que j'aurais aimé que l'auteure se jette plus dans des idées dans son écriture sur la psychologie, plutôt que de plus être du type ici à rapporter des événements.
 
Et même si j'ai trouvé le dénouement un peu trop rapide, j'ai passé un bon moment de lecture, m'attendant à un polar de détente. Faites vous-en  votre propre idée si vous le souhaitez! 

Parce que je participe à quelques challenges


 
Chronique rédigée pour


samedi 14 novembre 2020

Suffit d'un petit scandale pour qu'elle vole en éclats.

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Les charmes de l'impossible 
Auteure : Karine Glorieux
Édition: Druide - 2012 -  325 p.  
Couverture de Paule Thibault 
Chick-lit, littérature québécoise

Présentation: Alexia quitte la Californie quand un scandale la mettant au centre des tabloïds éclate dans son entreprise avec un événement dont elle était la personne ressource.  
+ : fluide
- : poussé
Thèmes: famille, scandale, trentaine, sœurs



Pourquoi ce livre

Parce que je voulais quelque chose de léger, et qu'il n'y avait pas le troisième tome de Mademoiselle Tic-Tac

Anecdote de lecture

Vous l'aurez compris, j'ai lu cela cet été et il y a un passage dans ce titre, choisi pour déconnecter de la réalité, où Alexia discute avec son père qui place sa grand-mère, et où elle dit:
Mais c'est horrible, papa! Ces centres-là, c'est des mouroirs! 
Comment se faire rattraper par la réalité, surtout que le titre a été publié en 2012... 

Défi 2020

Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans N'importe quoi

Mon avis

Décidément, c'est le genre de livres qui est difficile à chroniquer sans divulgâcher les événements qui s'y produisent puisque l'enchaînement est ici essentiel, même s'il y a des souvenirs pour voir si Alexia est coupable, face à ce scandale qui m'a paru un peu poussé et précipité dans les réactions en chaîne qui s'ensuivaient. Mais, en même temps, ça origine aux États-Unis, donc, cela peut être possible, mais je n'arrivais pas à y croire de mon côté. 
Somme toute, le récit est très fluide, et on tourne très bien les pages avec cette héroïne qui, malgré ses travers, l'auteure sait nous faire apprécier. On la voit donc revenir, et la voir se dépêtrer de la situation, se questionner sur les événements, et essayer de rester zen face à toute la situation: 

Et désormais, quand j'étais stressée ou anxieuse, je n'allais pas trouver conseil auprès de ma grande sœur. Non. J'attrapais ma père de Nike et je courais pendant une demi-heure. Depuis quatre ans, c'était ma thérapie. Je prenais mes godasses, je mettais des écouteurs, je montais le son assez haut pour ne plus m'entendre penser Et je courais. Après, je me sentais plus calme, à peu près en harmonie avec l'humanité.
Jusqu'à la prochaine fois. 

Bien que moins léger que ce que j'escomptais lorsque je l'ai entamé, j'ai passé un bon moment de lecture, et je crois que le fait que j'en attendais plus de légèreté est la raison principale pour laquelle je n'ai pas adhéré à100%. Bien entendu, on retrouve encore des codes de la chick-lit, mais ce n'est pas le plus humoristique qui soit. Puisque j'ai bien apprécié la place donnée aux relations familiales, ce fut une lecture agréable et attachante qui nous fait réaliser à quel point les événements peuvent nous faire trébucher, et qu'il faut tourner sa langue... 

Il y a des êtres qui nous marquent profondément. Des moments qui changent le cours de notre existence, même s'ils ne durent parfois qu'une heure, une minute, une seconde, beaucoup moins longtemps que toutes ces journées paisibles que nous finissons par oublier. Il y a des faux pas qui nous font tout simplement trébucher, d'autres, qui nous forcent à fuir d'un continent à l'autre. 

Faites vous-en  votre propre idée si vous le souhaitez! 

D'autres citations

Ça bougeait trop vite, un humain, c'était trop rempli de vie, de désirs. De rancœur.
Une carrière... Suffit d'un petit scandale pour qu'elle vole en éclats. [...] j'avais préféré passer sous silence le fait que je n'avais désormais plus rien. Pas de maison, pas d'enfants, pas d'emploi, même pas d'ex à détester. [...] Elle a pris une rasade de vin, sans y goûter, pas tellement pour essayer de s'enivre, mais pour s'anesthésier, surtout. 
—Tu dois te battre contre les gens qui t'empoisonnent la vie, Alex. Sinon, ils vont te bouffer tout rond. 
J'ai soupiré. S'il fallait que je me batte contre tous les imbéciles qui croisaient ma route, je n'avais pas fini. Surtout que ces temps-ci, même mes alliés potentiels semblaient se transformer en lâches ou en abrutis.  
Parce que je participe à quelques challenges

  
Lu et rédigé en prévision de


jeudi 12 novembre 2020

l'étoffe du pays

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Feu, tome 4: En 1837, j'avais dix-sept ans 
Auteure : Francine Ouellette
Édition: Libre Expression - 2012 -  538 p. 
Couverture Chantal Boyer 
Historique, littérature québécoise

Présentation: Guillaume Vaillant rêve d'un pays meilleur
+ : recherché
- : centré
Thèmes: éducation, amour, liberté, rébellions patriote



Pourquoi ce livre
Parce qu'il y a quelques années, j'avais repéré ce titre à cause de l'indication En 1837. Mais, j'ai dû lire les autres tomes auparavant, qui est presqu'un peu devenu ma lecture annuelle du défi Québec en novembre depuis que j'y participe. 

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans Nos joies répétitives. Pi on parle de patriotes, donc, aussi dans L'Amérique pleure, et vu qu'on parle d'un livre interdit aussi, «J'aurais voulu être un artiste»

Mon avis
Bon, c'est En 1837 qui avait attiré au départ, donc, c'était la thématique des patriotes qui m'attiraient et cela fait que j'ai eu un peu de difficulté avec la première partie, car j'ai trouvé qu'il était long avant qu'on arrive à 1837 dans cette brique. Cependant, je comprends que la première partie permettait de comprendre mieux d'où venait ce besoin de liberté, et le lien avec l'éducation que le personnage principal voit, de par l'instruction qu'il réussit à suivre, en dernier de la famille. 
Et même si cela m'a pris du temps à m'en rendre compte, je crois que le fait que ce soit centré sur Guillaume a fait que je ne réussissais pas à m'imprégner totalement de l'histoire, et je crois que cela a desservi l'histoire. De plus, je trouvais aussi que certains personnages secondaires avaient un lien trop ténu avec Guillaume pour réussir à s'y intéresser. Mais heureusement, plusieurs de ces liens deviennent plus forts au fil de la lecture, ce qui m'a permis de l'apprécier. 
En plus de ces liens plus forts, j'ai aussi apprécié voir la vie de l'époque, cette contrebande de ces patriotes qui écoulent l'étoffe du pays pour contester contre l'élite. J'ai grandement apprécié le fait que Guillaume ait le livre de Lamennais, interdit, et que des passages soient insérés dans l'histoire où Guillaume fait des liens avec sa réalité, avec ses idéologies. J'ai aussi aimé que Guillaume soit confronté dans son entourage proche à des idées contraires, plus ou moins éloignées. Et bien entendu, il y en a des similaires, mais pour celles-ci, je regrette que je ne connaissais pas assez certains noms de l'Histoire que j'ai remarqué dans les personnages historiques à la toute fin de l'Histoire. Peut-être que de m'être rappelée auparavant qu'ils étaient des personnages réels n'auraient pas nui au fait que la distance que je sentais aurait été moindre, car j'aurais compris que l'auteure n'aurait pu leur prêter d'actions qu'elles ne pouvaient réellement leur attribuer. Un peu comme le fait que je ne me rappelais pas des 92 résolutions, mea culpa, montrent que mon souvenir de cet épisode historique est très faible, mais juste leur mention me rappelait tout de même certains points. 
Aussi, j'ai été surprise de voir la place accordée dans ce titre aux Amérindiens, mais cela ne m'a aucunement déplu. J'ai d'ailleurs aimé voir à nouveau des réflexions sur le rapport à la nature que ceux-ci entretiennent, et comment l'auteure les a reliés à Guillaume et aux tomes précédents. 
Donc, je suis mitigée pour une appréciation totale puisque j'ai trouvé la première partie un peu longuette, mais je comprends que celle-ci avait son importance pour la suite. Et puisqu'encore une fois, on peut voir, je crois, un bon travail de recherche, cela fait que le personnage fictif de Guillaume est très crédible et que j'ai pu apprécier lire ce tome et en apprendre plus sur cette rébellion. Bref, je considère que c'est un bon roman historique que vous pouvez découvrir si vous le souhaitez! 

Quelques citations

d'autres mots qui lui disaient trop, tels «tyran» et «guerre», et ce mot sacré que la plupart du temps on enferme en soi: «liberté».

Ils ont sur lui un pouvoir absolu que Dieu leur a donné. Il n'y comprend rien, mais c'est ainsi puisque la Robe-Noire l'a dit. 

Y m'a dit itou que le fusil fait jamais rien réglé, pis que ceux qui nous disent de le prendre ou ben qui décident qu'on va le prendre, ceux-là le prennent rarement eux-mêmes... 

Contre l'ordre établi, quoi! Comme avant, quand le meunier et sa famille étaient tenus en estime par la population et la classe dirigeante. 

Son regard est happé par deux mots en titre d'ouverture: AU PEUPLE. Il referme aussitôt le livre, le souffle coupé par la surprise. A-t-il bien lu? Est-ce possible qu'un livre s'adresse au peuple? Quoi donc? Un homme de grande instruction, un prêtre, se serait soucié des petites gens? 

À quoi riment leur combat pour la liberté s'ils briment celle de ces gens? 

Elle est une mère. Une mère qui, comme toutes les mères, redoute le son des canons. 

Ce simple bout de papier prévaut sur l'occupation millénaire des lieux et sur les traités conclus par les wampums. Il permet d'effacer tous les droits de l'Homme-Rouge en même temps que toutes les promesses qui lui ont été faites par le passé. 

Allait-il donc bûcher jusqu'à la source de la rivière tant qu'il y aurait du pin à se mettre sous la hache? 

Des sujets indigents de qui ils réclament l'aide pour étouffer la révolte des serviteurs, ces oiseaux noirs qui viennent d'obscurcir le ciel d'automne et qui peuvent les conduire en enfer. 

Les écoles de la Chambre d'assemblée où l'on apprenait au peuple à lire, à écrire et à compter. Où on lui apprenait les mots qui forgent la pensée et qui l'expriment. Les mots qui sont porteurs d'une vision. D'un rêve collectif. D'une espérance. Où on lui apprenait les chiffres, indispensables au commerce et aux entreprises. Les chiffres qui ne doivent pas demeurer l'apanage d'une poignée pour exploiter la masse. Enfin, où l'on apprenait aux enfants du peuple à devenir des citoyens. 

- Et si on attaque son fils en train d'écouler l'étoffe? 
- Alors, cet homme cessera de fabriquer l'étoffe.

Pour ce dernier, la forêt n'est pas une mère nourricière, mais simplement une source de richesse. 

Parce que je participe à quelques challenges

 


mercredi 11 novembre 2020

Je dois libérer mon peuple

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Louis Riel 
Auteur : Chester Brown 
Édition: Les Éditions de la Pastèque - 2019 -  276 p. - traduction de Sidonie Van Der Dries  
de Louis Riel: A Comic-Strip Biography Drawn&Quarterly, 2003 
Bande-dessinée, historique, littérature québécoise

Présentation: Au début du Canada, les métis ne tiennent pas à être sous son joug: Louis Riel est une figure de la rébellion métisse
+ : rapide
- : bilinguisme
Thèmes: métis, colonie



Pourquoi ce livre
Parce que je connais peu la rébellion métisse, et que, ayant repéré ce titre dans une précédente édition de Québec en novembre, je voulais en savoir plus.

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je crois qu'il peut entrer à la limite dans les catégories L'Amérique pleure ou Fracture du crâne

Mon avis
Bon, je ressors mitigée de cette lecture, surtout parce que je crois que je n'ai pas trouvé ce pour quoi je l'avais choisie. Je crois que le fait de voir de prime abord qu'il y avait des libertés prises au fil du récit a un peu nui au fait que je réussisse à m'immerger complètement dans le récit, même si l'auteur dit avoir mis des notes à la fin pour départager certaines libertés. 
Aussi, je n'ai pas trouvé la méthode des crochets pour départager les langues très glorieuses. Il faut vraiment prendre le temps de s'arrêter sur eux pour se dire que le personnage parle dans telle langue. Je m'étais dit dès le début de ma lecture qu'une édition bilingue passerait mieux que ces artifices, mais il y a les métisses qui parlent aussi la leur, et dont je doute que des notes de bas de page auraient mieux passer. Mais, plutôt que le choix des crochets, je crois qu'il aurait été plus facile de différencier les trois langues en utilisant trois typographies différentes. 
Bon, je peux sembler sévère, mais j'ai dit que j'en ressortais mitigée. Donc, il y a du bon. Tout d'abord, la bande-dessinée est volumineuse, et pourtant, elle se lit assez rapidement. Ce qui me montre qu'il y a un bon enchaînement, un bon rythme, une bonne répartition des cases. Et, je trouve aussi que pour la durée de l'Histoire, l'auteur a su choisir, je pense, les éléments clés. 
Et même si je déplorais des libertés prises qui faisaient que je me questionnais sur la réalité, j'ai aimé lire le récit et en apprendre sur ce conflit, sur les différents faits, les différents mécanismes. J'ai aussi apprécié la place accordée à Gabriel Dumont. Bref, je ne suis pas experte, mais j'ai bien aimé avoir une meilleure idée du conflit qui a eu lieu. 
J'en ressors donc mitigée, et vous pouvez vous faire votre propre idée si vous le souhaitez! 

Parce que je participe à quelques challenges

 
Lu et chroniqué en prévision de


mardi 10 novembre 2020

Si près de soi.

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Manikanetish 
Auteure : Naomi Fontaine 
Édition: Mémoire d'encrier - 2017 - 133p. 
Couverture d'Étienne Bienvenu
Contemporaine, littérature québécoise

Présentation: Yammie obtient un contrat d'enseignement dans sa communauté autochtone qu'elle avait quittée. 
+ : douceur
- : similarité
Thèmes: enseignement, autochtone



Pourquoi ce livre
Parce que je voulais de la littérature autochtone. 

Anecdote
Bon, je cherchais le livre autochtone que j'avais abandonné il y a quelques années, et adepte de la deuxième chance, en lisant des extraits de celui-là, je me suis dit que ce devait être le livre en question...

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans Arnaq, et de ce fait, ça va aussi dans Fracture du crâne, grâce à la diversité culturelle.
Mon avis
C'est donc avec appréhension que je me suis relancée dans cette lecture, et plus j'avançais, même si le début me disait quelque chose, je n'avais pas l'impression que le style aurait été quelque chose qui me l'aurait fait abandonné, ni que le quotidien raconté ne m'aurait pas encouragé à poursuivre. Et pourtant, j'avais l'impression d'avoir déjà lu. N'était-ce qu'à cause des extraits lus? Était-ce un livre que j'aurais mis sur pause, sans m'en souvenir, n'étant pas dans le bon état d'esprit lors de ma lecture? Je ne le sais pas, surtout qu'en fouillant, j'ai retrouvé un endroit où je mentionne l'abandon d'un titre qui n'est pas celui-là! 

Je crois que vous avez pu comprendre que, cette première partie, je ne la détestais pas, même si je trouvais qu'on était trop dans une description du quotidien, et qu'il me semblait y avoir une distance. De plus, je n'avais pas l'impression de lire de la littérature autochtone, mais simplement quelque chose qui se passait normalement au Québec. Et pourtant, cela ne fait que montrer, il me semble, que nous sommes tous semblables. 
M'avait-on déjà humiliée parce que j'étais Innue? Peut-être une fois ou deux. Pas suffisamment du moins pour que la honte s'établisse. Et pourtant elle était là, liée à mon incapacité à m'identifier à eux. À ce eux qui auraient dû être ce nous. Le nous me glissait dans la gorge lorsque je devais expliquer mon appartenance. 
Et après cette première partie, j'ai trouvé qu'on plongeait davantage dans les relations, qu'on ressentait plus l'attachement, et c'est pour cela que c'est surtout à partir de la deuxième partie que j'ai davantage apprécié le récit. En plus, l'auteure nous montre les similitudes des vies des adolescents, qui peuvent sembler manquer d'originalité dans ce quotidien, en comparaison de ce à quoi je m'attendais. Mais l'auteure trouve son originalité dans sa façon de le rapporter tout en douceur, tout en simplicité. 
Le silence s'est installé. C'était en effet la triste réalité qui nous ramènerait à la maison. Avec laquelle il faudrait continuer à avancer. La solitude, la survie, le stress et la sérénité. La sérénité d'accepter les choses que nous ne pouvions changer. Toute une semaine passée dans l'isolement nous avait fait croire que nous étions des êtres invincibles. Enveloppés par la légèreté, nous ne voulions plus la quitter. 
Bref, cette simplicité nous permet de nous laisser bercer par les mots, ce qui fait que moi, j'ai apprécié le peu de temps passé en compagnie de cette plume. Faites vous-en  votre propre idée si vous le souhaitez!
 
D'autres citations
Je les observe un à un. Leurs postures, leur manière de fixer le sol, le dos plus courbé qu'à l'accoutumée, et devant le silence, le silence incommodant, encombrant de ce cercle que j'ai formé, je me décide à parler. 
[...]
Chacun prend une bouffée d'air. Que peuvent-ils bien se dire dans leur tête? Où errent leurs pensées? Pourquoi cette journée doit-elle être si sombre? Et comment fait-on lorsque la douleur nous rappelle si sauvagement que la vie est un combat? 
Je ne comprends pas et je ne ferai pas semblant de comprendre pourquoi c'est arrivé, dis-je en les regardant à tour de rôle. 
Je n'arrive pas à nommer cette mort-là tout haut. 
Nous étions ailleurs, très loin des livres et des bureaux. Très loin des réseaux sociaux et des commérages de la réserve. Très loin de la souffrance et des drames familiaux. Plus loin encore que tous les endroits où j'avais déjà posé les pieds. Et pourtant nous étions si près. Si près de soi. 

Parce que je participe à quelques challenges
 
Chronique rédigée pour 

samedi 7 novembre 2020

Même histoire, lecture opposée.

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Ukraine à fragmentation
Auteur : Frédérick Lavoie
Édition: La Peuplade - 2015 -  251 p. 
Couverture: Atelier Mille Mille 
Essai, littérature québécoise

Présentation: Frédérick, journaliste, tente d'expliquer à Artyom, pourquoi il est décédé dans la guerre civile en Ukraine
+ : simplicité
- : aller-retour
Thèmes: Ukraine, guerre civile



Pourquoi ce livre
Parce que je l'avais repéré lors d'une précédente édition de Québec en novembre, tout simplement! 

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans L'Amérique pleure.  

Mon avis
Bien que la thématique ne soit pas des plus joyeuses, j'ai apprécié ma lecture. 
Le fait que le journaliste tente d'expliquer le conflit au jeune Artyom permet d'avoir un style assez simple, ce qui donne beaucoup de fluidité à l'essai. Cela sans en venir à être enfantin. 
Malheureusement, Tyoma, dans les grands moments, les hommes se révèlent souvent bien petits. 
On voit différentes étapes qui ont mené à la situation, et puisque le journaliste est occidental, il est arrivé un point où je trouvais qu'on voyait trop son parti pris, et j'avais un peu de la difficulté avec cela pour un tel essai, mais il y a un passage où il mentionne un peu celui-ci, ce qui m'a permis de mieux apprécier ma lecture par la suite. 
De plus, réalisant que je connaissais beaucoup moins le conflit que je ne le pensais, pour ainsi dire que je partais presque de zéro, j'ai eu un peu de la difficulté avec certains aller-retours afin de bien me situer sur ce qui s'était passé et où cela se trouvait. Mais, je comprends très bien qu'il serait difficile de le faire de façon linéaire, et bien que j'ai eu personnellement de la difficulté, je trouve tout de même qu'il y avait un équilibre pour nous amener dans le passé des événements. Surtout avec les différentes réflexions que ceux-ci amènent! 
Parlant des réflexions, dans un tel essai, elles ne peuvent que s'y trouver. Bien que je sentais la position de l'auteur, j'ai trouvé qu'il tentait de voir les raisons des deux côtés et qu'il portait des réflexions sur chacune de celles-ci, pour comprendre chacune d'elles, et comment cela pouvait être perçu de part et d'autres. On voit aussi comment elles prennent des éléments d'un fait à leur avantage.
À partir de ce moment, ce ne sont pas deux armées régulières qui s’affrontent, mais les citoyens d’un même pays qui s’entretuent parce qu’ils ont une conception différente de l’État dans lequel ils souhaitent habiter. 

Ils auront beau dire ce qu’ils voudront, retourner ton cadavre dans tous les sens, la guerre ne sera jamais belle sur le visage de personne. Leur héroïsme n’est pas surhumain, il est antihumain. Chacune de leur victoire est une défaite de plus pour notre espèce. 

De plus, j'ai aussi aimé que le journaliste prenne le temps de penser également à l'hypocrisie de certains artisans de la paix, et la réflexion qu'il porte là-dessus, tout en parallèle avec le proverbe qu'un simple petit événement en vient à avoir un gros impact. 
Comme d’habitude, ce seront ceux qui ont tué ou ordonné de tuer qui auront le privilège de célébrer la paix et d’être célébrés pour l’avoir rétablie. Ce sera à la fois un jour de soulagement et la preuve qu’ils sont tous coupables, que cette guerre était vaine et inutile puisqu’un jour, trop tard, ils auront su s’entendre. 
Bref, pour ma part, sans être devenue experte sur le conflit, j'ai apprécié les pistes de réflexion amenées et en apprendre sur les différents événements qui se sont déroulés. 
Faites vous-en votre propre idée si vous le souhaitez! 

D'autres citations

La guerre n’y était pour rien. Ou pour si peu.
C’est que malgré tout, malgré cette peur de la mort qui me tenaille depuis l’enfance, peut-être même à cause d’elle, je ne peux m’empêcher d’aller voir ce qu’il faut voir. 
L’Histoire nous léguera-t-elle un jour suffisamment de héros aux mains propres pour ne pas avoir à puiser chez les meurtriers et les destructeurs d’hier pour bâtir nos idéaux? Avec des modèles comme ceux-là, il ne faut pas s’étonner que les chamailles aboutissent à des bombes. 
Même histoire, lecture opposée.

Car, pendant qu’ils accusaient l’Autre et s’efforçaient de prouver leur légitimité, ils n’essayaient pas d’empêcher la catastrophe qui se dessinait à l’horizon.  

La guerre était évitable. La guerre est toujours évitable. Il arrive que les sacrifices et les concessions nécessaires pour l’empêcher soient si difficiles à avaler qu’un conflit ouvert semble la moins terrible des solutions.
Pourquoi l’Ukraine aurait-elle droit à notre attention plus que le Yémen, la Centrafrique ou le Congo? Et pourquoi plus ces guerres que les drames silencieux — famines, épidémies, sécheresses — qui tuent autant sinon plus, loin des grands enjeux géopolitiques? La vérité, c’est qu’il n’y a aucune raison valable. La couverture des grands et petits événements qui façonnent notre monde est une science inexacte, aléatoire et inéquitable. Il n’existe pas de calcul mathématique infaillible qui permette de classer les tragédies par ordre de gravité ou d’importance afin de déterminer lesquelles méritent le plus notre attention. 

Parce que je participe à quelques challenges


 
Lu et chroniqué en prévision de


Bien, sois mon mal.

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Les Testaments 
Auteur : Margaret Atwood 
Édition: Robert Lafont - 2019 -  532 p. - traduction de Michèle Albaret-Maatsch 
Original: The Testaments, 2019 
Couverture :  
Science-fiction, littérature canadienne

Présentation: Qu'est-il advenu de Gilead Galaad? 
+ : ryhtme
- : clivage
Thèmes: régime totalitaire, mariage forcé, rôle de la femme, suicide, conditionnement



Pourquoi ce livre
Parce qu'à la bibliothèque, je l'ai lors de la réouverture avant la fermeture pour les vacances, et que même si j'avais peur que ça surfe sur le succès de l'adaptation, j'ai demandé à le prendre pour le lire! 

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans, vous vous en doutez, Balade à Toronto!
Mais comme j'avais appris qu'Atwood avait habité au Québec dans une précédente édition, j'aurais pu le placer aussi dans L'Amérique pleure ou Grand Champion ou Martin d'la chasse galerie  ou Nos joies répétitives. Oui, j'essaie de combler plusieurs catégories ;) 

Mon avis
Bonne nouvelle! ça ne fait pas que surfer sur le succès, ce qui fait que j'ai bien aimé découvrir cette histoire, même si le style est bien différent dans ce tome. Cela donne un certain clivage avec le style beaucoup plus dense de La servante écarlate. Au début, je me demandais si ce n'était pas la traduction qui me donnait cette impression-là, mais au fil de ma lecture, j'ai vu que ce nouveau rythme convenait bien à ces témoignages, donnant un souffle différent à l'histoire. 

De plus, j'ai bien aimé qu'on ait une narration à 3 voix. Bien entendu, on devine très vite qui sont les protagonistes, mais cela ne nuit pas à la lecture. On ne fait que se demander quand cela sera révélé, et de quelle façon, ainsi que de quelles façons ces 3 destins s'entrecroiseront. 

Bien entendu, on voit l'évolution de la société, comment tout s'est orchestré, et on comprend comment certain•e•s ont été enrôlé•e•s dans de tels rôles pour bâtir Galaad, dans un style fluide qui, comme dit, est beaucoup plus rythmé que dans La servante
Ma vie aurait pu être très différente. Si seulement j’avais regardé autour de moi, cherché à avoir une vision globale. Si seulement j’avais bouclé mes bagages en temps et en heure, comme certaines, et quitté le pays — ce pays que sottement je croyais encore être celui qui avait été le mien pendant si longtemps.
De tels regrets ne servent à rien J’ai fait des choix et, après, j’en ai eu moins. Deux routes divergeaient dans un bois jaunissant, et j’ai pris la plus fréquentée. Elle était jonchée de cadavres, comme le sont de telles routes. Mais, tu l’auras remarqué, le mien n’y est pas encore.
Dans mon pays disparu, les choses avaient dégringolé en spirale pendant des années. Inondations, incendies, tornades, ouragans, sécheresses, pénuries d’esau, tremblements de terre. Trop de ceci,, pas assez de cel. La décrépitude des infrastructures — pourquoi personne n’avait démantelé ces fichus réacteurs nucléaires avant qu’il ne soit trop tard? L’effondrement de l’économie, le chômage, la dénatalité.
Les gens ont commencé par avoir peur. Après, ils se sont fâchés.

Absence de solutions viables. Besoin d’avoir un coupable.
Pourquoi ai-je imaginé que rien ne changerait? Parce que ça faisait longtemps qu’on entendait ça je suppose. On ne croit pas que le ciel est en train de tomber tant qu’on n’en a pas pris un bout sur le crâne. (je mets l'emphase car on est en 2020!)
au point où ça en devient une normalité: 
J’essaie d’assortir responsabilités et qualifications. C’est préférable, et je suis vraiment partisane du mieux. À défaut du parfait.
Car c’est ainsi que nous vivons à présent.
Mais, bon, peut-être que pour elle c’était naturel. Peut-être qu’elle connaissait rien d’autre.

On est tendus au maximum, tous autant qu’on est; on vibre, on tremble, on est perpétuellement sur le qui-vive. On parlait autrefois de règne de la terreur, mais la terreur ne règne pas, pas vraiment. Elle paralyse au contraire. D’où cette douceur anormale.

Et bien sûr, cette normalité n'empêche pas les gens de se questionner:
Personne ne veut mourir, m’a répondu Becka. Simplement, il y a des gens qui refusent de vivre selon les normes imposées. 
Suis-je capable de pareille duplicité? Pourrais-je trahir autant? Se pourrait-il que je faiblisse alors que, armée de ma réserve de cordite, j’ai tant sapé les fondations de Galaad? Je suis humaine, c’est donc tout à fait possible.
[…]
Je balance, je balance.
Mais face à l'icône Bébé Nicole, ils n'empêchent que l'influence de Galaad se fait sentir, et cela jette un nouvel éclairage sur leurs actes, et nous donne une petite compréhension du conditionnement auquel ils font face...
Comment ai-je pu me comporter aussi mal, aussi cruellement, aussi stupidement? te demanderas-tu. Toi, tu n’aurais jamais fait ça! Mai toi, tu n’auras jamais à le faire.
— Je compte sur votre discétion. Je suis entre vos mains, chère Tante Lydia», a-t-il conclu en se levant.
C’est bien vrai, ai-je songé. Et une main a tôt fait de devenir… un poing.
Bref, encore trop de citations dans cette partie avis mais, pour moi, c'est le signe que les idées sont là, et qu'elles sont bien écrites. Margaret Atwood sait à nouveau nous faire réfléchir sur le système, sur ce que l'on juge bon, et je crois que vous avez pu vous rendre compte que j'ai bien aimé ma lecture, même si à chaque fois que je lisais Galaad au lieu de Gilead, j'étais déstabilisée. Sur ce
Il nous faut garder présentes à l’esprit les pages noires du passé afin de ne plus jamais les revivre.

Je ne vous dis pas si ce passage parle du passé de Gilead ou de la société occidentale, vous devrez  le découvrir de vous-même si vous le souhaitez, surtout qu'à nouveau, grâce à son dernier chapitre, Atwood nous rappelle un peu que

Une fois qu’une histoire qu’on croyait vraie se révèle fausse, on doute de toutes les autres. 


D'autres citations
Mais on ne peut fermer les yeux sur un péché pour la simple raison que le pécheur excelle dans sa partie. 
C’est préférable: si je m’autorisais à vivre, je cracherais trop de vérités. […] 
[…]Essaie de ne pas penser trop de mal de moi, ou pas plus que moi.
Si utile, Bébé Nicole: elle soulève les fidèles, attise la haine envers nos ennemis, témoigne des possibles trahisons au sein de Galaad, ainsi que de la duplicité et de la fourberie des Servantes, auxquelles on ne peut jamais faire confiance.
Trop bien pour être vraie, songerai-je. Trop bien pour cette terre. Bien, sois mon mal.
Les Fondatrices et les Tantes les plus âgées étaient des coriaces. Elles avaient été formées à une époque antérieure à Galaad, elles avaient vécu des conflits qui nous avaient été épargnés, et ces conflits avaient broyé la gentillesse qui avait peut-être préexisté en elles. Nous, en revanche, n’avions pas eu à subir pareilles épreuves, ni à nous confronter à la brutalité des gens en général. Nous avions été protégées. Nous étions les bénéficiaires des sacrifices consentis par nos aïeux. On nous le rappelait constamment en nous ordonnant de nous montrer reconnaissantes. Mais il est difficile de l’être quand on ignore totalement ce à quoi on a échappé. Malheureusement, nous ne mesurions pas pleinement à quel point les représentantes de la génération de Tante Lydia s’étaient endurcies à l’épreuve du feu. Elles avaient une dureté qui nous manquait.

 La vérité cause parfois beaucoup de problèmes à ceux qui ne sont pas censés la connaître.

 Lire une image? Comment on fait? Les images, ce n’est pas de l’écriture. 

 Parce que je participe à quelques challenges


Adaptations 
 
Chronique rédigée, possiblement pour la journée Canada, pour 
(oui, le titre a été lu en août!)

mercredi 4 novembre 2020

commencer à se reconstruire.

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
21 jours en octobre
Auteure : Magali Favre 
Édition: Boréal - 2010 -  152 p. 
Couverture 
Historique, Jeunesse, littérature québécoise

Présentation: La tranche de vie d'un adolescent en octobre 1970
+ : sympathique
- : surface
Thèmes: crise d'octobre, enlèvement, travail, syndicalisme




Pourquoi ce livre

Parce qu'il fait partie de ceux que j'ai remarqués dans une précédente édition de Québec en novembre

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans L'Amérique pleure, vu que c'était la thématique engagée qui m'avait attirée, et dans Tit-cul

Mon avis
Voilà! J'ai lu ce titre et j'avoue que je suis restée sur ma faim. Je l'ai sorti à la fin octobre de la PAL constituée pour le défi, un peu parce que je voulais en savoir plus sur cette crise. Mais là-dessus, pour mieux comprendre ce qui s'est passé, ce ne fut pas le cas. Surtout parce qu'on entame le texte au moment où les mesures sont décrétées. 
Mais j'ai bien aimé voir les références culturelles disséminées au fil du récit, et voir comment le jeune en vient à se questionner sur le monde du travail dans un style très fluide, ce qui rend la lecture très sympathique malgré la thématique. 
Donc, j'en ressors avec un avis mitigé, car pour moi, ma soif de connaissance n'a pas été assouvie. Cependant, je reconnais que ça peut être une bonne lecture pour amorcer une discussion sur cette crise, la langue et les conditions du travail. Faites vous-en  votre propre idée si vous le souhaitez! 

Quelques citations
Avoir de l'argent, mener la belle vie et voir toujours les autres dans la misère, il ne l'a pas accepté. Réussir à faire de l'argent, ce n'est pas si difficile, mais vouloir changer la vie, c'est une autre affaire. 
Il découvre que d’être capable de mettre des mots sur une souffrance, c’est déjà en atténuer la douleur. C’est déjà commencer à se reconstruire. 

Parce que je participe à quelques challenges

 


dimanche 1 novembre 2020

Et c'est reparti!



Voilà, j'ai appris que ce serait l'avant-dernière année du défi Québec en novembre, et comme j'aime bien la littérature québécoise, je me fais une joie d'y participer à nouveau cette année pour vous faire découvrir cette littérature! 
Bon, j'aime la littérature québécoise, donc, en quoi est-ce un défi? Eh bien, j'essaie de varier mes lectures même en littérature québécoise, et je profite de Québec en novembre pour m'inspirer! Parce que oui, cette année, j'ai quelques lectures repérées parmi les participations des précédentes années. 
Et l'autre défi, c'est de se mettre à jour pour les chroniques québécoises, puisque pour celles-ci, j'essaie de les chroniquer davantage que les autres nationalités. Bah quoi, j'aime vous en parler! D'ailleurs, hormis ma lecture achevée hier, mes chroniques sont rédigées! Bon, je n'ai pas encore décidé comment j'organisais leur ordre, mais elles sont prêtes et j'ai donc déjà plusieurs chroniques à vous partager.Mais, je ne vous révèle pas les titres dès maintenant: vous devrez les découvrir au fil du mois. 
Ce que je peux vous dire par contre, c'est qu'au début août, je n'avais quasi rien lu de québécois depuis le début de l'année: 2 seules lectures si mon souvenir est bon, dont l'une d'elles était une relecture. Ouep! Mais le hasard fait que je suis tombée sur la storie de Karine (en plus, normalement, je ne regarde pas ça, si que fait que le hasard frappe encore plus fort!) qui se demandait ce qu'elle allait prendre pour le 12 aout, et rappelait qu'il y aurait un Québec en novembre. Donc, réalisant mon faible nombre de lectures québécoises, je n'ai pas eu d'autres choix que de m'organiser pour y remédier!
Et je vous laisse la photo de mon achat fait dans le cadre du 12 août, j'achète un livre québécois, ce qui peut vous donner une idée de ce que je peux avoir lu, de ce que je lirai, même si pour le défi, je n'ai pas pris de photos de PAL du défi, ayant aussi des titres qui ne se trouvent pas sur cette photo. Parce qu'après tout, il y a de fortes chances que je continue de déroger à mes prévisions: d'ailleurs, un prévu est retourné à la biblio sans être lu, pour en amener un autre aucunement prévu! Pis, je ne parle pas encore de tous ceux que je ne cesse de remettre leur lecture: en éliminerai-je cette année? 

Sinon, puisque je vous ai parlé de diversité, je vous laisse avec les catégories que Karine:) a créées en se basant sur des chansons québécoises, catégories diverses qui peuvent vous inspirer dans vos recherches de lecture! 
  1. On jase de toi – Noir silence : nouveauté
  2. L’amérique pleure – Les cowboys fringants : engagé (P.S. Est-ce qu'elle gagne la chanson de l'année ce soir à force d'avoir tourné à la radio?)
  3. Grand champion – Les trois accords :  prix littéraire
  4. Arnaq – Elisapie : autochtone
  5. Tu m’aimes-tu – Richard Desjardins : amour
  6. Martin d’la chasse galerie – La bottine souriante : SFFF
  7. Fracture du crâne – Ariane Moffat : diversité
  8. Plus tôt – Alexandra Stréliski : classique 
  9. Place de la République – Coeur de pirate: se trouve facilement en Europe.
  10. Nos joies répétitives – Pierre Lapointe : série
  11. «J’aurais voulu être un artiste» : art
  12. Dans la nuit qui tombe – Karim Ouellet : polar, thriller...
  13. Tit-Cul – Les cowboys fringants: jeunesse.
  14. Balade à Toronto – Jean Leloup : auteur canadien, mais pas québécois.
  15. N’importe quoi – Éric Lapointe : catégorie qui montre que vous n'avez aucune raison de ne pas participer ;) 
Voilà, vu que je me suis encore étalée au départ, j'ai synthétisé les catégories, mais vous pouvez avoir une meilleure présentation dans le billet de Karine:) et aller écouter les chansons! 

Bon, j'aurais encore eu des choses à dire, mais ce billet est déjà assez long, donc, pour l'instant, je vais en rester là. Pour l'instant, je vous souhaite de passer de bons moments avec les mots québécois. Pour l'instant, je vous invite à prendre soin de vous. Oui, pour l'instant semble être une phrase clé de 2020. Et dans celle-ci, j'ai lu ces mots: 
Nous devons notre survie à ce mouvement
À notre faculté de suivre notre temps
Apprendre du passé, profiter du présent
Planifier l'avenir puisque demain attend
ces mots tirés du poème Adaptation de Vincent Dessalles dans le recueil Pour l'instant
Oui, je glisse un mot sur ce recueil intercollégial de poésie 2013-2014 puisque je réalise que je n'arriverai pas à le chroniquer vu la diversité des poèmes. Mais j'ai bien apprécié me plonger dans ce recueil de poèmes d'étudiants du collégial, avec des thématiques variés. Bien entendu, certains m'ont plu davantage que d'autres, mais si vous réussissez à mettre la main dessus, n'hésitez pas à vous y plonger pour un instant. 

Sur ce, je vous souhaite bon Québec en novembre, un super défi organisé par Karine:) et yueyin! 

Membres, bienvenue!