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samedi 7 novembre 2020

Bien, sois mon mal.

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Les Testaments 
Auteur : Margaret Atwood 
Édition: Robert Lafont - 2019 -  532 p. - traduction de Michèle Albaret-Maatsch 
Original: The Testaments, 2019 
Couverture :  
Science-fiction, littérature canadienne

Présentation: Qu'est-il advenu de Gilead Galaad? 
+ : ryhtme
- : clivage
Thèmes: régime totalitaire, mariage forcé, rôle de la femme, suicide, conditionnement



Pourquoi ce livre
Parce qu'à la bibliothèque, je l'ai lors de la réouverture avant la fermeture pour les vacances, et que même si j'avais peur que ça surfe sur le succès de l'adaptation, j'ai demandé à le prendre pour le lire! 

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans, vous vous en doutez, Balade à Toronto!
Mais comme j'avais appris qu'Atwood avait habité au Québec dans une précédente édition, j'aurais pu le placer aussi dans L'Amérique pleure ou Grand Champion ou Martin d'la chasse galerie  ou Nos joies répétitives. Oui, j'essaie de combler plusieurs catégories ;) 

Mon avis
Bonne nouvelle! ça ne fait pas que surfer sur le succès, ce qui fait que j'ai bien aimé découvrir cette histoire, même si le style est bien différent dans ce tome. Cela donne un certain clivage avec le style beaucoup plus dense de La servante écarlate. Au début, je me demandais si ce n'était pas la traduction qui me donnait cette impression-là, mais au fil de ma lecture, j'ai vu que ce nouveau rythme convenait bien à ces témoignages, donnant un souffle différent à l'histoire. 

De plus, j'ai bien aimé qu'on ait une narration à 3 voix. Bien entendu, on devine très vite qui sont les protagonistes, mais cela ne nuit pas à la lecture. On ne fait que se demander quand cela sera révélé, et de quelle façon, ainsi que de quelles façons ces 3 destins s'entrecroiseront. 

Bien entendu, on voit l'évolution de la société, comment tout s'est orchestré, et on comprend comment certain•e•s ont été enrôlé•e•s dans de tels rôles pour bâtir Galaad, dans un style fluide qui, comme dit, est beaucoup plus rythmé que dans La servante
Ma vie aurait pu être très différente. Si seulement j’avais regardé autour de moi, cherché à avoir une vision globale. Si seulement j’avais bouclé mes bagages en temps et en heure, comme certaines, et quitté le pays — ce pays que sottement je croyais encore être celui qui avait été le mien pendant si longtemps.
De tels regrets ne servent à rien J’ai fait des choix et, après, j’en ai eu moins. Deux routes divergeaient dans un bois jaunissant, et j’ai pris la plus fréquentée. Elle était jonchée de cadavres, comme le sont de telles routes. Mais, tu l’auras remarqué, le mien n’y est pas encore.
Dans mon pays disparu, les choses avaient dégringolé en spirale pendant des années. Inondations, incendies, tornades, ouragans, sécheresses, pénuries d’esau, tremblements de terre. Trop de ceci,, pas assez de cel. La décrépitude des infrastructures — pourquoi personne n’avait démantelé ces fichus réacteurs nucléaires avant qu’il ne soit trop tard? L’effondrement de l’économie, le chômage, la dénatalité.
Les gens ont commencé par avoir peur. Après, ils se sont fâchés.

Absence de solutions viables. Besoin d’avoir un coupable.
Pourquoi ai-je imaginé que rien ne changerait? Parce que ça faisait longtemps qu’on entendait ça je suppose. On ne croit pas que le ciel est en train de tomber tant qu’on n’en a pas pris un bout sur le crâne. (je mets l'emphase car on est en 2020!)
au point où ça en devient une normalité: 
J’essaie d’assortir responsabilités et qualifications. C’est préférable, et je suis vraiment partisane du mieux. À défaut du parfait.
Car c’est ainsi que nous vivons à présent.
Mais, bon, peut-être que pour elle c’était naturel. Peut-être qu’elle connaissait rien d’autre.

On est tendus au maximum, tous autant qu’on est; on vibre, on tremble, on est perpétuellement sur le qui-vive. On parlait autrefois de règne de la terreur, mais la terreur ne règne pas, pas vraiment. Elle paralyse au contraire. D’où cette douceur anormale.

Et bien sûr, cette normalité n'empêche pas les gens de se questionner:
Personne ne veut mourir, m’a répondu Becka. Simplement, il y a des gens qui refusent de vivre selon les normes imposées. 
Suis-je capable de pareille duplicité? Pourrais-je trahir autant? Se pourrait-il que je faiblisse alors que, armée de ma réserve de cordite, j’ai tant sapé les fondations de Galaad? Je suis humaine, c’est donc tout à fait possible.
[…]
Je balance, je balance.
Mais face à l'icône Bébé Nicole, ils n'empêchent que l'influence de Galaad se fait sentir, et cela jette un nouvel éclairage sur leurs actes, et nous donne une petite compréhension du conditionnement auquel ils font face...
Comment ai-je pu me comporter aussi mal, aussi cruellement, aussi stupidement? te demanderas-tu. Toi, tu n’aurais jamais fait ça! Mai toi, tu n’auras jamais à le faire.
— Je compte sur votre discétion. Je suis entre vos mains, chère Tante Lydia», a-t-il conclu en se levant.
C’est bien vrai, ai-je songé. Et une main a tôt fait de devenir… un poing.
Bref, encore trop de citations dans cette partie avis mais, pour moi, c'est le signe que les idées sont là, et qu'elles sont bien écrites. Margaret Atwood sait à nouveau nous faire réfléchir sur le système, sur ce que l'on juge bon, et je crois que vous avez pu vous rendre compte que j'ai bien aimé ma lecture, même si à chaque fois que je lisais Galaad au lieu de Gilead, j'étais déstabilisée. Sur ce
Il nous faut garder présentes à l’esprit les pages noires du passé afin de ne plus jamais les revivre.

Je ne vous dis pas si ce passage parle du passé de Gilead ou de la société occidentale, vous devrez  le découvrir de vous-même si vous le souhaitez, surtout qu'à nouveau, grâce à son dernier chapitre, Atwood nous rappelle un peu que

Une fois qu’une histoire qu’on croyait vraie se révèle fausse, on doute de toutes les autres. 


D'autres citations
Mais on ne peut fermer les yeux sur un péché pour la simple raison que le pécheur excelle dans sa partie. 
C’est préférable: si je m’autorisais à vivre, je cracherais trop de vérités. […] 
[…]Essaie de ne pas penser trop de mal de moi, ou pas plus que moi.
Si utile, Bébé Nicole: elle soulève les fidèles, attise la haine envers nos ennemis, témoigne des possibles trahisons au sein de Galaad, ainsi que de la duplicité et de la fourberie des Servantes, auxquelles on ne peut jamais faire confiance.
Trop bien pour être vraie, songerai-je. Trop bien pour cette terre. Bien, sois mon mal.
Les Fondatrices et les Tantes les plus âgées étaient des coriaces. Elles avaient été formées à une époque antérieure à Galaad, elles avaient vécu des conflits qui nous avaient été épargnés, et ces conflits avaient broyé la gentillesse qui avait peut-être préexisté en elles. Nous, en revanche, n’avions pas eu à subir pareilles épreuves, ni à nous confronter à la brutalité des gens en général. Nous avions été protégées. Nous étions les bénéficiaires des sacrifices consentis par nos aïeux. On nous le rappelait constamment en nous ordonnant de nous montrer reconnaissantes. Mais il est difficile de l’être quand on ignore totalement ce à quoi on a échappé. Malheureusement, nous ne mesurions pas pleinement à quel point les représentantes de la génération de Tante Lydia s’étaient endurcies à l’épreuve du feu. Elles avaient une dureté qui nous manquait.

 La vérité cause parfois beaucoup de problèmes à ceux qui ne sont pas censés la connaître.

 Lire une image? Comment on fait? Les images, ce n’est pas de l’écriture. 

 Parce que je participe à quelques challenges


Adaptations 
 
Chronique rédigée, possiblement pour la journée Canada, pour 
(oui, le titre a été lu en août!)

lundi 10 août 2020

petit bout d’humanité abandonnée qui ne manquait pas d’audace

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Anne, tome 1: La Maison aux pignons verts 
Auteur : Lucy Maud Montgomery 
Édition: Québec Amérique - 1994 -  374p. - traduction de Henri-Dominique Paratte 
Original: Anne of Green Gables L.C. Page & Company Inc, 1908 
Couverture: illustration de Michel Tiffet 
Jeunesse, classique
Littérature canadienne

Présentation: Les Cuthbert veulent adopter un garçon pour les aider à la ferme. Or, ils se retrouvent face à la maigrichonne, rousse, pétillante Anne.
+ : fraîcheur
- :  
Thèmes: adoption, jeunesse, imagination, apparence




Pourquoi ce livre

Parce que Julie a lancé une LC sur ce titre de ma jeunesse dont je ne cessais de repousser ma relecture à cause d'appréhensions face au magnifique souvenir que j'en avais.

Mon avis
Eh bien! Mes appréhensions étaient-elles justifiées? Était-ce trop jeunesse? Aucunement, car j'ai grandement apprécié cette relecture. 

J'avais peur que le style soit trop niais, trop un étalage de jolis mots pour rendre des descriptions. Bien sûr, il reste des jolis mots pour nous transmettre la beauté, mais ceux-ci rendent justice à l'imagination, à la magie, sans en faire trop. Lucy Maud Montgomery semble avoir suivi le conseil que son personnage de Mlle Stacy donne, et cela rend une prose d'émerveillement fluide: 
C’est plus agréable de penser à de jolies choses qui vous sont chères et de les garder pour soi, comme des trésors. Je n’aimerais pas qu’on s’en moque ou que d’autres essaient de les interpréter. Et je n’ai plus envie d’utiliser de grands mots. C’est presque dommage, d’ailleurs: me voilà maintenant assez grande pour m’en servir correctement si je le désire. À certains égards, Marilla, c’est bien agréable d’être presque une grande personne, mais ce n’est pas tout à fait ce à quoi je m’attendais. Il y a tellement de choses à inventer, à découvrir, à méditer, qu’on n’a plus le temps d’utiliser de grands mots. De plus, Mlle Stacy affirme que les mots courts sont meilleurs et plus expressifs. Elle veut que nous écrivions nos dissertations le plus simplement possible. C’était difficile, la première fois. J’avais tellement l’habitude de faire étalage de tous les beaux grands mots qui me traversaient l’esprit, et ils étaient nombreux, je peux te dire! Mais je m’y suis habituée, à présent, et je me rends compte que ça donne de meilleurs résultats. 
Bien entendu, je n'ai pas eu la surprise de découvrir l'histoire, mais j'ai pris grand plaisir à retrouver ce petit bout d’humanité abandonnée qui ne manquait pas d’audace, qui se mettait les pieds dans les plats sans le vouloir, car au fond, elle est quelqu'un de bien, avec une imagination débordante, et qui nous fait vivre plus,  pour reprendre son expression, d’«une journée mémorable». Je comprends pourquoi Anne m'avait séduite jeune, et qu'elle le refait plus de 20 ans plus tard: elle est attachante, ambitieuse, amoureuse de la vie, ce qui nous donne une lecture remplie de fraîcheur, qui peut autant toucher les jeunes que les adultes. Bref, Anne aimerait être remarquable, et je dois dire que Lucy Maud Montgomery a réussi à lui rendre son souhait. 

De plus, j'avais peur que le contexte soit trop daté et que ça permette moins de s'ancrer dans l'histoire. Malgré tout, même si on voit des écoles de rang dans le récit, le fait que la principale trame soit sur les défis d'intégration d'Anne suite aux préjugés de son adoption permet de se plonger dans l'histoire. Le tout mêlée sur ses préoccupations face à son apparence, ses amitiés, son imagination.  

Bref, j'avais peur de scrapper mon souvenir de cette lecture qui m'avait fait adoré la lecture, et ce n'en fut aucunement le cas. J'ai encore grandement aimé! Faites vous-en  votre propre idée si vous le souhaitez, car  chose certaine, il n’est pas possible de s’ennuyer en sa compagnie.

Quelques citations
Il est si facile d’être méchant sans le savoir, n’est-ce pas?
Qu’il est bon d’avoir des buts dans l’existence! Je suis contente d’en avoir autant. Et l’ambition a cet avantage de vous pousser toujours plus loin, de vous forcer à faire toujours mieux; dès qu’on atteint un de ses objectifs, en voilà u autre qui surgit, encore plus lumineux, encore plus attirant, et c’est le désir de l’atteindre qui donne tant de piquant à la vie! 

Il lui sembla même que ces pensées critiques intimes qu’elle n’avait jamais exprimées venaient de prendre une forme concrète et accusatrice, en la personne de ce petit bout d’humanité abandonnée qui ne manquait pas d’audace.

«Je suis prête à admettre mon erreur» fit-elle ingénument, «mais j’ai appris une leçon. Je ne peux que rire en pensant aux ‘‘aveux’’ d’Anne, mais je ne devrais pas, puisqu’il s’agissait de mensonges. [...]Cette enfant n’est pas facile à comprendre, je dois avouer, mais je suis persuadée qu’elle deviendra quelqu’un de bien. Et, en tout cas, chose certaine, il n’est pas possible de s’ennuyer en sa compagnie. »
Il est difficile de choisir, tellement de personnes remarquables ont déjà vécu! Est-ce que ce n’est pas extraordinaire d’être remarquable, de savoir que l’on parlera de vous quand vous serez mort? Oh, j’aimerais passionnément être remarquable!  
Les créatures en chair et en os ne fonctionnent pourtant pas comme des règles d’arithmétique 

Oh, mais je ne pensais pas seulement à l’arbre; bien sûr qu’il est beau — oui, il est même d’une beauté radieuse, il fleurit parce qu’il le veut bien — mais je parlais de tout, du jardin, du verger, du ruisseau et des bois, de tout ce monde, si vaste, si beau. Est-ce que vous n’êtes pas en amour avec le monde, un matin comme celui-ci? Et le ruisseau rit si fort que je peux l’entendre d’ici. Avez-vous jamais remarqué à quel point les ruisseaux sont joyeux? Ils rient tout le temps. Même en hiver, je les ai entendus sous la glace. Je suis si heureuse qu’il y ait un ruisseau près de Green Gables. Vous pensez peut-être que cela ne fait aucune différence pour moi, puisque vous n’allez pas me garder, mais cela en fait une. J’aurai toujours du plaisir à me rappeler qu’il y avait un ruisseau près de Green Gables même si je n’y reviens jamais. S’il n’y avait pas de ruisseau, je resterais comme hantée par la sensation déchirante qu’il aurait dû y en avoir un. Je ne suis pas plongée dans les abîmes du désespoir, ce matin, je ne le suis jamais le matin. N’est-ce pas une chose magnifique qu’il y ait des matins? Mais je me sens très triste. Je venais juste d’imaginer que finalement c’était moi que vous aviez choisie et que je pouvais rester ici pour toujours. Cette pensée m’a fait du bien le temps qu’elle a duré. Mais le pire, lorsqu’on imagine des choses, c’est qu’il arrive un temps où l’on doit s’arrêter, et ça fait mal.  

Je n’avais jamais pensé que mes compositions recelaient autant de défauts jusqu’à ce que je les découvre moi-même. J’ai alors eu tellement honte que je voulais abandonner, mais Mlle Stacy m’a dit que, pour apprendre à bien écrire, il fallait d’abord apprendre à devenir critique envers soi-même.  
Pour Anne, c’était un honneur indescriptible d’avoir été choisie, et elle ne tenait déjà plus en place: il s’agissait, une fois encore, pour reprendre son expression, d’«une journée mémorable».

 Parce que je participe à quelques challenges


Adaptations
 

Et même si c'est Canadien, puisqu'il risque d'y avoir une journée Canada, je profite du billet pour vous dire que Karine:) a mentionné que ceci allait revenir: 




mardi 28 avril 2020

Ne viens pas me dire après que je ne t’ai pas prévenue.

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Pablo, je t'aime Escobar, je te hais 
Auteur : Virginia Vallejo
Édition: J'ai Lu - 2018 - 603 p. - traduction de Romain Magras
Original: Amando a Pablo, Odiando a Escobar (Random House Mondadori, 2007)
Couverture: Portrait de Pablo Escobar par Eric Vandeville/Famma Rapho et portrait de Virginia Vallejo par Hernán Diaz
Témoignage, biographie, littérature colombienne

Présentation: Virginia raconte son histoire avec Pablo Escobar
+ : style
- : égo
Thèmes: drogue, enlèvement, amour



Pourquoi ce livre
Parce que je voulais en apprendre sur Escobar.

Mon avis
J'ai été mitigée par cette lecture, puisque même si c'était bien écrit, j'ai l'impression que ma soif de connaissance n'a pas été assouvie. En plus, j'ai regardé le premier commentaire que j'avais marqué sur mon suivi, et je disais, qu'avec ce qu'elle écrit, je n'arrive pas à comprendre comment elle est tombée amoureuse... on a l'impression qu'elle se rend compte de ce qui se passe, mais paraît très innocente pour une journaliste de renom. Oui, c'est le sentiment que j'ai, surtout qu'elle se faisait souvent dire
Ne viens pas me dire après que je ne t’ai pas prévenue.
et que rien ne laisse présager dans son écrit qu'elle se faisait jouer dans la tête, manipuler par Pablo, ce qui semble la rendre encore plus innocente. Et je n'ai pas eu l'impression que cela s'est réellement amélioré au fil de ma lecture, comme peu le montrer ce passage. 
Une partie de l’adoration que je lui voue s’évanouit ce soir avec le récit de cette histoire horrible, qui meurtrit comme un poignard dans le cœur toutes les femmes qui ont une tant soit peu de sensibilité. Je me dis que Dieu fait très bien les choses, car je maintenant contente de savoir de quels actes de courage en règle générale et de monstruosité, exceptionnellement, cet homme est capable. En silence, je me demande si, un jour, toute cette veine cruelle ne pourrait pas s’abattre aussi sur moi; mais je me dis que c’est impossible, car je suis tout l’opposé de cette pauvre fille et ce n’est pas pour rien qu’il m’appelle sa «douce panthère».
Cependant, il y a eu certaines réflexions qui montraient qu'elle réfléchissait à tous ces crimes, à toute cette fureur, à toute ces propensions à la vengeance des différentes personnes, qu'elles soient politiques ou non.
Mais avant de mourir, il tient à anéantir ceux de Cali et tous ceux qui se mettront en travers de sa route et, qu’à partir de maintenant les choses ne régleront plus en faisant parler la poudre, mais la dynamite, même si des justes doivent payer pour des pécheurs. Debout à côté de lui, et regardant également dans le vide, je l’écoute avec effroi, le visage baigné de larmes, et je me demande pourquoi cet homme si incroyablement riche porte une haine si énorme dans son cœur, ce besoin de tous nous punir, cette férocité, tout ce désespoir; pourquoi jamais il ne trouve le repos, et si toute cette rage contenue qui ne demande qu’à exploser comme un volcan ne traduit au fond rien d’autre que l’incapacité de changer une société dirigée par d’autres personnes presque aussi impitoyables et aussi peu scrupuleuses que lui. 
pour Pablo Escobar, il était le premier et le dernier, le pire et le plus important de l’interminable liste des ennemis qu’il s’est faits tout au long d’une vie qu’il a choisi de placer sous le signe de la haine et de ne vouer qu’à exercer les formes de vengeance les plus implacables.
Ah, mon Dieu, quelle horreur! Je crois que tu vas faire éclater la troisième guerre mondiale, Pablo! 
Bref, j'ai eu l'impression de ne pas réellement pouvoir en apprendre sur les différentes relations, dans lesquelles je me perdais et ne comprenais pas comment tout s'orchestrait, mais surtout parce que cela semblait être relégué à l'arrière-plan de la vérité, de l'ego de Virginia qui indirectement, dans l'attente de son diamant, prenait le pan de son amoureux dans ce sens:
Ce que Pablo veut me montrer, c’est que, lorsque l’argent rentre à la pelle, toutes, toutes les méchancetés possibles peuvent être réalisées, à condition, évidemment, qu’elles soient bien préparées. 
Bref, j'en ressors donc mitigée car j'ai l'impression de ne pas avoir appris comme je le voulais, surtout parce que c'était voilé par l'ego de Virginia. Mais vous pouvez vous le procurer si vous voulez vous faire votre propre avis. 

Quelques citations
La joie a contaminé tout l’endroit et ce qui s’apparente à un air de fête semble maintenant flotter sur tout ce cadre. L’horreur de ma première impression a petit à petit laissé place à d’autres émotions et à des raisonnements différents. Le sens de la dignité qu’ont ces êtres humains, leur courage, leur noblesse, leur aptitude à rêver restée intacte dans un espace qui conduirait n’importe lequel d’entre nous vers les plus hautes cimes du désespoir et de la déchéance, ont fini par transformer ma compassion en admiration. Quelque part sur ce sentier poussiéreux, que je retrouverai peut-être à un autre moment, ailleurs, une infinie tendresse à l’égard de tous ces gens vient soudain frapper aux portes de ma conscience et inonde tout mon esprit. Je n’ai plus rien à faire ni de la fétidité ni de l’horreur de cette décharge, ni de la façon dont Pablo ramasse ces tonnes d’argent; tout ce qui m’importe, ce sont les mille et un tours de magie qu’il opère cette manne. Sa présence à mes côtés efface comme par enchantement le souvenir de tous les hommes que j’ai aimés jusque-là, il n’y a plus que lui qui existe, il est mon présent et mon passé et mon futur et mon tout à lui tout seul.  
Quand ma fureur retombe, je repense à ces quatre magnats de l’establishment: à leur intelligence très au-dessus de la moyenne, à leur cœur de pierre, à leur incapacité d’éprouver la moindre compassion, à leur légendaire propension à la vengeance. Puis, avec un sourire sorti du fin fond de mon cœur, je me rappelle aussi leurs dons de charmeurs de serpents, leur rire, leurs faiblesses, leurs aversions, leurs secrets, leurs leçons… toute cette capacité de travail, cette passion, cette ambition, cette acuité… leur pouvoir de séduction, leurs présidents… 
Parce que je participe à quelques challenges

La cerise sur le gâteau
Tour du monde: Colombie
 

Terrible pensée!

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Dracula
Auteur : Bram Stoker
Édition: Pocket - 1992 - 566 p. - traduit par Jacques Finné
Original: Dracula, 1897
Photo de couverture par Henry Hohenstein
Classique, fantastique, épistolaire, littérature irlandaise

Présentation: Le mythe Dracula
+ : psychologie
- : peur
Thèmes: peur, vampires, folie


Pourquoi ce livre
Parce que j'avais demandé ce livre en PEB, et que c'était une version jeunesse qui était arrivée. Même si je n'avais pas apprécié, je tenais toujours à découvrir le texte intégral pour bien voir à quel point ce titre a eu un impact.

Mon avis
Et j'ai bien fait! Je me souviens avoir apprécié le style dès les premières pages, et l'ambiance qui s'en dégageait. Bien entendu, comme souvent, j'écrit ma chronique quelques mois après ma lecture, ce qui fait que mes souvenirs se sont légèrement estompés, et font que les + et - sont peut-être biaisés. Or, avant de me mettre à la rédaction, je retapais des passages du livre, ça aide à réactiver ma mémoire. D'ailleurs, j'ai réalisé à quels points certains passages qui m'ont marqué sont longs, et que j'en avais plusieurs, ce qui peut montrer mon appréciation du récit.

Peu après l'avoir débuté, j'ai vu qu'il y avait une LC organisée par Aealo, et je n'ai pu que la joindre pour discuter de ce mythe. Les participants pourront d'ailleurs très bien s'imaginer pourquoi, lorsque je tapais les passages, j'ai souri en tapant:
Mais hélas, vous vous embarrassez de préjugés. Parfois, vous ne permettez pas à vos yeux de voir ni à vos oreilles d’entendre et vous ne vous encombrez pas de tout ce qui transcende votre vie quotidienne. Ne croyez-vous pas qu’il existe des forces que vous ne pouvez comprendre — ce qui n’exclut pas leur existence? Ne croyez-vous pas que certaines gens puissent voir des choses que d’autres ne voient pas? Des choses, d’ailleurs, il en existe, anciennes ou modernes, qui ne risquent pas d’être surprises par des yeux humains étant donné que ces mêmes humains croient, ou croient croire d’autres choses qu’on leur a enseignées. À qui la faute, sinon à notre science qui désire tout expliquer? Et si elle est incapable d’expliquer, elle prétend qu’il n’est rien à expliquer. Pourtant, ne voyons-nous pas naître, autour de nous, chaque jour, de nouvelles croyances — plus exactement, des croyances qui se prétendent nouvelles? De fait, elles sont bien anciennes, même si elles se prétendent neuves — comme ces belles dames qui hantent les soirées d’opéra. Je crois que vous ne voulez rien entendre de la transmutation des corps, n’est-ce pas? Ni des corps astraux? Ni de la lecture des pensées! Et l’hypnotisme? Toujours pas?
Pour ceux qui n'ont pas participé à la LC, c'est parce qu'une membre qui suivait la discussion (elle se reconnaîtra) avait suggéré d'oublier tout ce qu'on connaissait de Dracula pour bien apprécier ce récit. (C'est moi qui ajoute le gras.) Et d'ailleurs pour ma part, je préfère ce vampire originel plutôt que de ceux stéréotypés que l'on voit dans les récits de bit-lit par exemple. Malgré cela, il ne faut pas oublier que
Et je vous convie à croire aux superstitions. Elles furent l’acte de foi des hommes dans les premiers âges et plongent leurs racines dans les vraies connaissances.
Cependant, je ne crois divulgâcher personne en disant que les protagonistes ont des connaissances sur Dracula et à vous partager ce passage qui résume bien leur état de connaissances:
Si j’avais su, depuis plus longtemps, voire si j’avais deviné, soupçonné ce que je sais à présent, une vie précieuse aurait été épargnée – une de ces vies à laquelle tenaient bon nombre d’entre nous. Mais le passé est passé et nous devons agir, à présent, de telle sorte que d’autres âmes ne périssent pas de la même manière, si nous pouvons les sauver. Le nosferatu ne meurt pas, comme l’abeille, dès qu’il a frappé. Bien au contraire, son forfait accompli, il est plus fort encore, dispose d’une puissance accrue pour perpétrer le mal. Le vampire que nous devons affronter possède la force de vingt hommes. Il est plus rusé que chacun d’entre nous, puisque la ruse s’accroît avec l’âge. Il tire aussi de nombreuses ressources de la nécromancie, soit, comme l’indique l’étymologie, la divination par le biais des morts. D’ailleurs, tous les morts dont il peut approcher s’inclinent devant lui et se mettent à son service. Il est brutal, plus que brutal, même. Il est vicieux, au sens le plus terrible du mot, et d’autant plus qu’il n’a pas de cœur. Dans certaines limites, il peut apparaître selon sa propre volonté, où il le veut et sous la forme qu’il désire. Il peut aussi se rendre maître de certains éléments – la tempête, le brouillard, le tonnerre. Il peut commander à des créatures inférieures – le rat, le hibou, la chauve- souris, la phalène, le renard, le loup. Il peut grandir et se rapetisser jusqu’à pouvoir disparaître comme s’il n’existait plus. Comment alors pourrons-nous le détruire, à jamais? Comment, d’abord, pouvoir le localiser ? C’est une tâche terrible qui nous attend, mes amis, une tâche impensable dont les conséquences possibles pourraient faire trembler le plus brave. Si nous échouons dans notre lutte, c’est à coup sûr qu’il aura vaincu. Et alors, qu’adviendra-t-il de nous ? La vie n’est rien. Je ne l’adore pas. Mais notre échec porte bien plus loin que la vie et la mort car, si nous échouons, nous deviendrons comme lui de terribles créatures de la nuit, sans cœur, sans conscience, faisant proie de ceux, de celles que nous aimons le plus. Pour nous, alors, et à jamais, les portes du ciel seraient fermées et, pis encore, qui interviendrait pour nous les ouvrir ? Nous pour- suivrions notre existence, objets de haine universelle, ombre à la face de Dieu, lance au flanc de Celui qui mourut pour les hommes. Pourtant, malgré cette terrible perspective, nous affrontons une sorte de devoir à accomplir. Et devant le devoir, est-il permis de trembler ? Moi, je réponds par la négative. Mais moi, je suis vieux et la vie, ses lueurs aveuglantes, ses havres de beauté, ses chants d’oiseaux, ses musiques, ses amours, s’étendent loin derrière moi. Vous autres, au contraire, vous êtes jeunes. Beaucoup d’entre vous ont affronté la douleur, déjà, mais ont l’assurance de jours heureux, tôt ou tard. J’attends donc votre réponse. 
J'ai aussi aimé lorsque nous pouvions sentir certains parallèles avec d'autres éléments.
Ne croyez pas, en me voyant rire, que je n’éprouve aucune tristesse. Vous voyez que j’ai pleuré même quand j’étouffais de rire ! Mais il ne faut pas croire non plus que je sois malheureux quand je pleure, puisque le rire a succédé aux larmes. N’oubliez jamais que le rire qui frappe à votre porte en vous demandant la permission d’entrer n’est jamais le véritable rire. Non. C’est un roi qui entre quand et comme il veut ! Il ne demande d’autorisation à personne ! Il ne choisit pas le moment le plus adéquat, mais s’annonce sans crier gare.
[…]
Si vous aviez pu lire au plus profond de mon cœur, quand j’ai éclaté de rire, si vous aviez pu comprendre ce que je ressentais quand la crise est arrivée, si vous saviez ce qui se passe quand Sa Majesté le Rire remporte sa couronne et tous ses attributs — car quand il me quitte, c’est pour aller loin, très loin, et longtemps — vous auriez sans doute plus pitié de moi que de votre autre ami!
Et bien entendu, je vous ai dit que dès le départ, je sentais l'ambiance et que je l'appréciais. Je ne peux donc que vous partagez des passages qui semblent simple, mais aide à transmettre l'ambiance gothique du roman.
Roches grises; ciel gris dont le faible soleil éclaire parfois quelques franges, par-dessus la mer grise dans laquelle les bancs de sable s’étendent comme des doigts gris. La mer donne de furieuses gifles au rivage, mais les sons me parviennent comme ouatés, à travers le brouillard qui assaille les terres. L’horizon se perd dans un brouillard gris. Tout semble infini. Les nuages s’empilent comme des roches géantes et, sur la mer, court une rumeur qui ressemble à des présages funèbres. De sombres silhouettes se profilent sur la plage, de-ci, de-là, parfois à moitié dévorées de brouillard, et l’on croirait «voir des hommes marcher comme des arbres». Les bateaux des pêcheurs se hâtent de rentrer au port, comme des ivrognes qui montent et descendent au gré de la houle.
mais les tombes n’avaient paru aussi monstrueusement blanches, jamais les cyprès, les ifs, les genévriers n’avaient autant paru les symboles de la tristesse la plus totale, jamais les arbres, jamais les herbes n’avaient ployé sous le vent de façon si sinistre, jamais les branches n’avaient craqué si mystérieusement et jamais les aboiements lointains des chiens n’avaient, me semble-t-il, envoyé présage plus sinistre à travers la nuit.
Mais pour moi, en plus de cette ambiance, c'est tout ce côté psychologique auquel je ne m'attendais pas qui fait la force du roman. Je fus surprise de voir tout ce pan de connaissances déjà à l'époque et voir comment Stoker transmis cela dans la crainte face à son vampire, avec un rôle assez important confié à un aliéné. Stoker avait très bien compris qu'il fallait faire progresser la science dans son domaine le plus difficile et pourtant le plus vital — la connaissance de l’esprit et ses mécanismes et son récit sur Dracula nous permet de nous faire une tête là-dessus à l'aide de différents passages.
Vous soignez les aliénés. Mais, d'une manière ou d'une autre, tout homme est un peu fou. Tout comme vous faites preuve de discrétion en soignant vos patients, vous vous montrez discret avec les fous de Dieu — le reste des hommes. Vous ne dites pas à vos fous ce que vous faites ni pourquoi vous le faites. Vous ne leur révélez pas vos pensées. Vous gardez la connaissance où elle doit être, à un endroit où elle pourrait s’épurer, se compléter. […]
À présent, vous êtes un maître et je suis certain que vos bonnes habitudes n’ont pas disparu pour autant. Souvenez-vous, mon ami, que la connaissance est plus forte que la mémoire et que nous ne devons pas accorder notre confiance à la plus faible. Même si vous avez perdu votre bonne habitude de prendre des montagnes de notes, laissez-moi vous révéler que le cas qui nous préoccupe pourrait bien être (j’ai bien dit pourrait être) d’un intérêt tel, pour la race humaine, que tout le reste pourrait sembler mineur! Prenez donc soigneusement vos notes. Rien n’est peut-être inutile. Je vous conseille même de noter le moindre de vos doutes, la plus insignifiante de vos hypothèses. Peut-être, dans la suite, serait-il intéressant pour vous de voir jusqu’à quel point votre diagnostic était bon ou mauvais. Ce sont les erreurs qui nous permettent d’apprendre, non les succès.
Depuis mon échec d’hier, je ressens une impression de vide. Rien au monde ne me semble digne d’une pensée. J’avait toujours affirmé que le seul remède à cette sorte de maladie était le travail. Je me suis donc réfuté chez mes patients et j’ai choisi celui qui me paraissait le plus intéressant. Ses idées sont si bizarres, si éloignées des normes que je suis disposé à tout tenter pour le comprendre. Aujourd’hui, j’ai eu l’impression de pénétrer plus loin que jamais au cœur de ce mystère.
Je l’ai interrogé plus profondément que je ne l’ai jamais fait à seule fin de mieux interpréter ses hallucinations. Je comprends fort bien, à présent, que ma conduite dissimulait quelque cruauté. Je donnais l’impression de le cantonner volontairement dans sa folie — ce que j’évite avec mes autres patients, comme j’évite la gueule de l’enfer.
Tout à coup, je remarquai, dans ses yeux, cette lueur sournoise, caractéristique de tous les déments à qui vient de s’imposer une idée. En même temps, il se mit à secouer la tête — phénomène que les surveillants d’asile connaissent trop bien.

Bref, vous en comprenez que j'ai apprécié ma lecture. Bien entendu, j'ai senti un petit creux au milieu, mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ce récit qui n'en est pas un d'aventure, mais où tous les tenants sur la crainte, sur les mécanismes de celle-ci me semblent faire sa force. Ce fut donc une belle découverte pour moi. Je vous invite donc à le découvrir, mais n'oubliez pas d'évacuer vos préjugés, et de vous laisser envelopper par cet univers. 

Quelques citations
Lorsque, un peu plus tard, je le vis, par une fente dans la porte, dresser la table dans la salle à manger, le doute ne fut plus permis; qu’il s’abaisse à ces travaux serviles démontre que personne d’autre n’est engagé pour les faire. Cette découverte me fit frissonner — si personne d’autre n’habitait le château, ce devait être le comte lui-même qu’il avait conduit la voiture, deux jours avant! Terrible pensée! Dois-je penser qu’il détient le pouvoir de contrôler les loups comme il me l’a montré — en levant seulement la main, sans même prononcer une parole? Et qu’était cette épouvante que ressentaient, à mon égard, le menu peuple de Bistritz et mes compagnons de voyage? Pourquoi ce crucifix? Popurquoi, dans la voiture, ces petits cadeaux peu ordinaires — ail, rose sauvage, cendre de montagne? Bénie soit la vieille femme qui m’a passé son crucifix autour du cou! Je sens renaître mes forces et mon courage chaque fois que je le touche. Étrange qu’un objet qu’on m’a appris à tenir pour un relent d’idolâtrie puisse apporter une aide aussi immense en des temps de solitude et de danger! L’essence de l’objet lui-même posséderait-il quelque pouvoir ou sert-il seulement de tremplin, de médium, pourrai-je presque dire, pour me replonger dans mes souvenirs les plus calmes et les plus heureux?
— Au diable, vous et toutes vos âmes! cria-t-il. Pourquoi me tourmenter avec elles! Ne croyez-vous pas qu’il me suffise de me tourmenter, de me désoler, de m’affoler sans qu’il faille encore m’occuper d’âmes?
[…] Je désire réfléchir, ce qui m’est impossible quand mon corps souffre de contraintes. 
les épreuves, les tensions, ne sont que des pièges destinés à évaluer la force de notre foi, que nous devons continuer à croire et à espérer
Puis j’ai un souvenir, vague, de quelque chose de long et de sombre, avec des yeux rouges — ce rouge que nous avons admiré dans le soleil couchant. C’était aussi quelque chose de très doux et de très amer qui m’a entourée en une seconde. J’ai alors eu l’impression de m’enfoncer dans une onde verte et profonde et j’entendais une mélodie résonner à mes oreilles — une mélodie semblable à celle qu’entendent, m’a-t-on affirmé, les noyés avant de mourir. Et puis, tout a semblé s’enfuir de moi. Mon âme jaillissait de mon corps et je flottais dans l’espace. Je croyais me souvenir que dans le temps, le phare occidental brillait en dessous de moi. Et puis, je subis un sentiment déchirant comme si je me débattais dans un tremblement de terre et je suis revenue à moi alors que vous me secouiez — je vous ai vue me secouer avant de le sentir vraiment.
si la sympathie humaine ne peut rien changer aux faits eux-mêmes, elle aide pourtant à les rendre plus supportables.
Renfield est un maniaque homicide d'une espèce particulière. Je vais devoir inventer une nouvelle classification pour son cas – je l’appellerai un maniaque zoophage. Il ne désire rien que d'absorber le plus de vies possibles et il est arrivé à cette obsession par un paroxysme assez surprenant. [..] Où en serait-il arrivé ensuite? Cela vaudrait presque la peine de le voir achever l’expérience. Mais il faudrait, pour cela, une raison suffisante. Les hommes ricanaient devant la vivisection et regardez les résultats d’aujourd’hui! Pourquoi ne pas faire progresser la science dans son domaine le plus difficile et pourtant le plus vital — la connaissance de l’esprit et ses mécanismes?
Mais la crainte est salutaire, car elle sert d’avant-poste à la croyance!


Parce que je participe à quelques challenges


et peut-être aussi

Ce titre fait également partie de la liste des 100 livres à avoir lus au moins une fois dans sa vie, et de celle du Teacher's Favorite Books 

vendredi 5 octobre 2018

«Parce que l'horreur sur Terre est réelle et quotidienne.»

La nostalgie de l'ange d'Alice Sebold ( The Lovely Bones, 2002)
Drame, littérature américaine
J'ai lu, 2009, 347 pages
Couverture: V.Boissacq Photonica
Traduction: Edith Soonckindt

+ :idée
- : distance
Thèmes:deuil, assassinat
Présentation: Susie est assassinée, et de son paradis, regarde comment les membres de sa famille vivent le deuil.

Ayant vu le début du film, je me promettais depuis longtemps de lire ce titre puisque l'idée m'avait accrochée. Puisque je préfère lire avant de voir les adaptations, je n'ai toujours pas vu le film, et je dois dire que j'ai été déçue par cette histoire, alors que je crois que ça avait beaucoup de potentiel.

Bien que le point de vue que l'histoire nous soit racontée par un ange est intéressant, je trouve qu'ici cela a créé trop de distance envers le lecteur puisque je ne trouvais pas que cet angle nous transmette les émotions. Susie me semblait plus décrire ce qui se passait et je ne ressentais donc pas d'émotions face aux différents personnages. Pourtant, dans les derniers chapitres, on la sent passer, mais ce n'est pas suffisant pour rehausser le tout. Peut-être l'auteure, vu la thématique, se tenait-elle également à distance et écrivait pour tenter de comprendre, je l'ignore, mais en tant que lectrice, il me manque cette dose d'émotions pour ce livre-là.
De plus, j'aurais aimé que Susie nous parle davantage de ce que fait son assassin après un certain événement, car après tout, c'est un tueur en série, et hormis un passage (un paragraphe si je ne me trompe pas), on a aucune idée de ce qu'il fait de ces journées après cette révélation, puisqu'il s'écoule environ 10 ans. Donc, j'avais l'impression que l'élément déclencheur était évacué.
Cependant, j'ai aimé la construction de l'intrigue. Dès le début, nous savons qui est l'assassin, comment cela s'est passé, mais les personnages non. On les voit donc tenter de découvrir ce qu'il en est, et j'ai aimé voir comment la psychologie de chacun était construite puisque chacun vit différemment son deuil, et aimé voir comment chacun se reconstruit ou non dans celui-ci.
Bref, même si je ressors déçue de cette lecture, je verrai le film à l'occasion puisque je crois que la distance que j'ai senti ici passerait probablement mieux à l'écran avec, je l'espère, le jeu des acteurs.


Quelques citations
Avec un sentiment de totale vulnérabilité, un sentiment que je n'avais pas éprouvé dans la mort — la vulnérabilité qui est celle de la vie même, la pitoyable et sombre grandeur de la condition humaine, qui n'est que tâtonnements, bras tendus vers la lumière, une vaste navigation dans l'inconnu.
Après tant d'années, j'aime toujours regarder les âmes flotter et tourbillonner en masse, chacune jetant sa clameur dans les airs. [.......] Je les sentis avant de les voir, tièdes petites  étincelles le long de mes bras. Et puis, les voilà, lucioles s'allumant et se déployant en hurlements et en tourbillons au moment d'abandonner leur chair humaine. 
Chaque fois que je racontais mon histoire, je perdais quelque chose, une toute petite goutte de douleur. Ce jour-là, je sus que je voulais raconter l'histoire de ma famille. Parce que l'horreur sur Terre est réelle et quotidienne. C'est comme une fleur ou le soleil; rien ne peut l'empêcher d'être.
Mais pour ma mère, ce qui importait alors, c'était qu'en parlant elle s'était identifiée à l'élément faible. Cette révélation l'avait ébranlée. Qu'avait-elle pensé toutes ces années, sinon le contraire?
Parce que je participe à quelques challenges
 

dimanche 4 février 2018

Le retour du rival

Les Hauts de Hurlevent - tome 2 par Yann et Edith (adaptation de l'œuvre d'Emily Brontë)
Bande-dessinée classique - Ex-Libris, 2010, 48 pages
+ : Images, ambiance -: romance Thèmes: rivalité, amour, vengeance

Présentation: Heathcliff revient dans la vie de Cathy.

Comme j'avais apprécié donné une seconde chance aux Hauts de Hurlevent grâce au premier tome de cette bande-dessinée, j'ai fait venir le second.
Cependant, j'ai moins apprécié ce second tome que le premier, mais ce n'est pas à cause de l'adaptation, mais bien à cause de l'histoire.
J'ai trouvé qu'on ne faisait presque sentir que de la honte, de la vengeance, des mauvais caractères. De plus, j'ai eu l'impression que l'histoire se répétait avec leurs enfants, même si je vois bien que les parents, en quelque sorte, exercent un contrôle et répètent ce qu'ils ont vu.
Malgré tout, les dessins sont toujours aussi intéressants et servent l'histoire. Donc, je ne regrette pas de m'être lancée dans ce second tome.

Parce que je participe à quelques challenges
 #29: BD tirée d'un roman

dimanche 14 janvier 2018

Une belle adaptation

Les Hauts de Hurlevent - tome 1 par Yann et Edith (adaptation de l'œuvre d'Emily Brontë)
Bande-dessinée classique - Ex-Libris, 2009, 45 pages
+ : Images, ambiance -: romance Thèmes: rivalité, amour, enfance

Présentation: Heathcliff chamboule la vie des jeunes Earnshaw.

J'ai apprécié donné une seconde chance à cette œuvre d'Emily Brontë grâce à cette bande-dessinée.
Oui, je n'avais pas apprécié le texte d'Emily Brontë au premier abord lorsque je l'avais lu il y a quelques années. Je n'accrochais pas. Je crois que je l'avais lu trop vite, ou pas au moment.
Quoiqu'il en soit, avec cette bande-dessinée adaptée par Yann et Edith, j'ai pu apprécié l'histoire. Les dessins sont sombres, mais cela colle tout à fait à l'ambiance du roman.
J'ai aussi apprécié l'évolution de l'histoire, qui nous fait tout de même réfléchir sur les préjugés de la pauvreté, et ai dévoré cette BD. Avec le recul, je crois que les personnages demeurent toutefois un peu caricaturaux sur leurs principaux défauts. D'ailleurs, Catherine m'a un peu agacé.
N'empêche, je regrette que la bibliothèque n'ait pas le tome 2 pour poursuivre l'aventure. Bref, une deuxième chance qui fut réussie.

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vendredi 24 novembre 2017

La vérité sur Nawal



Denis Villeneuve
Incendies
Drame, adaptation
2011, 2h03 min

+: construction du scénario

-: quelques creux

Thèmes: guerre, filiation, identité

Présentation:Lorsque le notaire Lebel fait à Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, les jumeaux sont sidérés de se voir remettre deux enveloppes, l'une destinée à un père qu'ils croyaient mort et l'autre à un frère dont ils ignoraient l'existence. Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de Nawal, enfermée ces dernières années dans un mutisme obstiné depuis son lit d'hôpital. Elle décide immédiatement de partir au Moyen-Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien... Le jeune Simon, lui, n'a que faire des caprices posthumes de cette mère avare d'affection qui a passé sa vie à leur empoisonner l'existence. Mais son amour pour sa soeur le poussera bientôt à rejoindre Jeanne au Moyen-Orient sur la piste d'une Nawal bien loin de la mère qu'ils ont connue 

Membres, bienvenue!