Auteur : Yasmina Khadra
Couverture : John Foxx
Édition: Pocket, 2009, 438 pages
original: Julliard , 2008
Contemporaine, littérature algérienne
Présentation: La vie de Younes dans une Algérie des fractures ouvertes
+ : style
- : plagiat?
Thèmes: Algérie, colonialisme, famille, guerre d'Algérie
Voilà, comment parler de ce livre? Aucune idée puisque au tiers environ de ma lecture, je voulais vérifier quelque chose, et je suis tombée sur un article parlant de plagiat. Article que j'ai lu en diagonale pour ne pas me divulgâcher puisque j'appréciais encore le style de Khadra. Article où pour le peu que j'ai capté, j'avais l'impression que le plagiat concernait des faits généraux de la vie de l'époque, ce qui entraîne bien entendu des similitudes, mais de là à crier au plagiat, j'en doute, surtout que je me dis que déformer une fille nommée Amélie en Émilie, ce serait un peu trop évident pour quelqu'un qui veut plagier. Quoiqu'il en soit, je n'ai pas lu le titre de Youcef Dris, et ne peut donc juger si Khadra l'a plagié ou non, et c'est donc avec ce questionnement en tête que j'ai lu la majorité du livre que j'ai apprécié.
J'ai aimé être plongé au cœur de ce
J'ai aimé être plongé au cœur de ce
pays qui s'appelait l'Algérie; pas celui que l'on enseignât à l'école ni celui des quartiers huppés, mais d'un autre pays spolié, assujetti, muselé et qui ruminait sa colère comme un aliment avarié — l’Algérie des Jenane Jato, des fractures ouvertes et des terres brûlées, des souffre-douleur et des portefaix… un pays qu'il restait à redéfinir et où tous les paradoxes du monde semblaient avoir choisi de vivre en rentiers.
Un pays où on suivra Youcef qui suite à différents événements aura a déménagé avec sa famille afin d'aller se reconstruire, comme le dit son père Issa qui croit dur comme fer que le destin lui sourira et qu'il pourra retrouver sa bonne fortune, même s'il ne veut aucunement accepter l'aide qui lui est proposée.
Cela nous invite donc à se questionner sur les déchéances, les malheurs qui frappent Younès, la façon dont il évolue, les trahisons qui peuplent son histoire, les sentiments qu'il éprouve face à certains camarades, les réactions des personnages. Bref, on le voit confronter à son existence, au fait que diverses personnes ont à se reconstruire, à se rétablir dans la société.
Bref, j'ai apprécié ma lecture, mais n'empêche que le questionnement du plagiat laisse un doute sur mon enthousiasme, car ça me refroidit, et ça sème le doute également sur les autres titres.
Procurez-vous le ici.
Quelques citationsIl disait qu'on pouvait perdre sa fortune, ses terres et ses amis, ses chances et ses repères, il demeurait toujours une possibilité, aussi infime soit-elle, de se reconstruire quelque part; en revanche, si on venait à perdre la face, il ne serait plus nécessaire de chercher à sauver le reste.
J'ai peur de t'offenser alors que j'essaye seulement être ton frère. Mais il est temps d'apprendre à écouter, Issa. Il n'y a pas de mal à écouter. La vie est un apprentissage permanent ; plus on croit savoir, moins on sait, tant les choses changent, et avec elles les mentalités.On voit ainsi une dualité entre ceux qui croient ramener le destin à la raison, lui forcer la main, provoquer le miracle et ceux qui pensent que Rien n'est écrit et que nous sommes les responsables de ce qu'il advient, réalités différentes quand on ne trouve pas de sens à sa douleur.
Cela nous invite donc à se questionner sur les déchéances, les malheurs qui frappent Younès, la façon dont il évolue, les trahisons qui peuplent son histoire, les sentiments qu'il éprouve face à certains camarades, les réactions des personnages. Bref, on le voit confronter à son existence, au fait que diverses personnes ont à se reconstruire, à se rétablir dans la société.
Bref, j'ai apprécié ma lecture, mais n'empêche que le questionnement du plagiat laisse un doute sur mon enthousiasme, car ça me refroidit, et ça sème le doute également sur les autres titres.
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Plus tard, beaucoup plus tard j'arriverais à cette vérité : Rien n'est écrit. Autrement, les procès n'auraient pas lieu d’être; la morale ne serait qu'une vieille chipie, et aucune honte n'aurait à rougir devant le mérite. Bien entendu, il est des choses qui nous dépassent, mais dans la plupart des cas, nous demeurons les principaux artisans de nos malheurs. Nos torts nous les fabriquons de nos mains, et personne ne peut se vanter d'être moins à plaindre que son voisin. Quant à ce que nous appelons fatalité, ce n'est que notre entêtement à ne pas assumer les conséquences de nos petites et grandes faiblesses.Ils espéraient, en gardant le moral, en sauvant les apparences, ramener le destin à la raison, lui forcer la main, provoquer le miracle. Et oubliais que le compte à rebours avait commencé et qu'il n'y avait plus rien à rattraper, car il fallait être aveugle pour continuer d'avancer dans la nuit de toutes les utopies, de guetter une aube qui s'était déjà relevé sur une autre ère et qu'ils s’obstinaient à attendre là où elle ne figurait plus.
Le malheur qui nous frappe ne prémédite pas son coup. Comme la foudre il nous tombe dessus, comme la foudre il se retire, sans s'attarder sur les drames qu'il nous inflige et sans les soupçonner. Si tu veux pleurer, pleure ; si tu veux espérer, prie, mais, de grâce, ne cherche pas de coupable là où tu ne trouves pas de sens à ta douleur.
il y avait, dans cette bataille pathétique qu'il livrait à lui-même, ce que la détresse avait de plus vaillant et de plus grotesque à la fois.
J'avais honte de disposer de tant de pouvoir au point d'être en mesure de damner un être que j'avais aimé sans à aucun moment associer la noblesse de sa générosité à un ignoble péché de chair.
C'est une toxine corrosive, la haine: elle vous bouffe les tripes, vous squatte la tête, vous possède comme un djinn.Parce que je participe à quelques challenges
Terre du milieu
(Défi-lecture: #74)
Multi-défis : #72
Ton article est intéressant, je n'avais pas entendu parler de cette histoire de plagiat concernant ce roman de Khadra, mais je suis d'accord avec toi : peut-on parler réellement de plagiat quand l'auteur ne fait finalement que s'inspirer de faits authentiques et historiques pour nourrir son récit ? Personnellement, je ne l'ai pas encore lu et je me refuse à le juger mais du coup, ta chronique me donne envie de le sortir de ma PAL... J'avais vu le film en diagonale il y'a quelques années, je n'avais pas forcément suivi toute l'histoire mais j'avais trouvé ça intéressant. :)
RépondreSupprimerOui, et encore plus difficile de juger quand tu n'as pas lu celui qui accuse de plagiat.
SupprimerN'hésite pas, et si tu lis Dris aussi, tu me diras :)