Contemporaine, littérature canadienne, littérature française
Babel, 2002, 173 pages
Couverture: Egon Schiele Deux petites filles (détail) 1911
+ :musicalité
- :multiples surnoms...
Thèmes: musique, naissance prématurée, relations mère-fille
Présentation: Maya nait prématurément et sa mère lui insuffle l'espoir de la vie.
Je sentais se profiler une panne de lecture puisque je voyais que j'étais moins enthousiasmée par le fait de lire, puis je suis tombée sur ce livre, et si le temps me l'avait permis, je l'aurais dévoré puisque j'aimais ma lecture.
De plus, au niveau de l'intrigue, j'ai aimé voir comment la mère décide que sa fille vivra: elle décide de lui parler de sa vie à venir. Puis, rapidement, elles sortent de l'hôpital, et on se retrouve vite avec une Maya préadolescente, véritable prodige. Parfois, on a l'impression que l'auteure s'embrouille, mais c'est loin d'être le cas puisqu'on voit qu'elle mélange passé et présent.
J'ai aussi aimé que l'auteure prenne plusieurs voix, les voix des différents personnages que l'on croise, ce qui à mon avis donne plus d'impact aux relations entre tous ces personnages. De plus, j'ai aimé voir les relations de Maya avec sa mère et sa grand-mère, ainsi qu'entre ces deux dernières. J'ai également apprécié voir comment sa mère met le fait que Maya soit une prodige sur le compte que c'est une prématurée, comment le père s'insère dans ce décor, et la personnalité joyeuse et insouciante de Maya.
J'aurais quand même aimé voir plus en profondeur l'impact plus médical du fait que Maya soit une prématurée, les conséquences ailleurs que sur la musique, mais bon...
Bref, vous comprenez que malgré cela, j'ai grandement apprécié l'histoire et les personnages, tout comme la plume. Bref, une réussite!
Quelques citations
Et de jouer le passage en question. Certes, c'est expressif, c'est impeccable, on ne peut pas dire le contraire.Mais la petite n'en démord pas."Pour moi, dit-elle, c'est pas comme ça.-Mais tu ne penses pas aux auditeurs, à ce qu'ils vont ressentir en t'écoutant! La musique, c'est... comme un cadeau que tu peux leur faire...-Je sais pas, dit Maya. Mais moi je l'entends mieux comme ça."Et de jouer le même passage platement, sobrement, en laissant les notes dire seules ce qu'elles ont à dire, sans que des torrents de larmes les charrient, sans que la pédale en grossisse le sentiment. Et il n'y a rien à dire. C'est Maya qui a raison. Plus raison encore que Chopin, si ça se trouve. Implacable, son interprétation.
Accrochée à la vie par un fil incroyablement ténu, tu flottes dans les limbes entre ce monde-ci et l'autre - et je t'aime ma grande prématurée! Je t'aime et je te sauverai! Tu verras. Je t'ai donné la vie, je ne permettrai pas qu'on te la reprenne.Vis! toi qui n'as pas de nom.
Il me fait pas peur le silence, c'est toi qui m'as appris comme il peut être beau, et comme la musique en a besoin.
Elle trouvait ça franchement comique, et moi aussi, peu à peu: que les femmes les plus élégantes du monde se paradent fièrement dans de la bave sécrétée par de gros vers disgracieux... c'est bidonnant, quand on y pense!
Ne te force pas à affronter tes démons. N'y va pas. C'est pas la peine.
Mais elle y va. Comme à l'abattage. D'un pas lourd. Je sais ce qu'elle est en train de penser, ma fille. Le problème, se dit-elle, c'est que la musique avance, et que moi je ne veux pas avancer. Je la joue mais je ne veux pas aller avec elle: j'ai envie de la retenir, la garder pour moi, la serrer contre moi, la transformer en boule dure et me cramponner autour, me bâillonner avec.
Parfois, peut-être... on ne veut pas tout avoir. Parfois on repousse ce qu'on a, simplement pour ne pas tout avoir. Je ne sais l'expliquer autrement.
Tu te rends compte? Tapage nocturne, les trios de Brahms à sept heures du soir?
Parce que je participe à quelques challenges
je l'ai lu aussi, mais au final, il ne m'm'a pas laissé bcp de souvenirs, alors que j'en avais apprécié la lecture.
RépondreSupprimeroui, je crois qu'après quelques années, j'aurai le même ressenti, mais il est trop tôt pour juger.
SupprimerLe pire qui arrivera, c'est qu'on devra le relire pour le réapprécier :)