samedi 17 octobre 2020

— Ils s’en prennent à moi parce que je suis noire.

Cliquez sur l'image pour vous le procurer
Mille petits riens 
Auteure : Jodi Picoult 
Édition: Babel - 2018 - 662 p. 
Traduction de Marie Chabin de Small Great Things, Ballantine Books, 2016
Photographie de couverture de Vee Speers
Drame, littérature américaine

Présentation: Sur ordre des parents, une sage-femme noire n'a pas le droit de s'occuper d'un bébé qui meurt. 
+ : réaliste
- : couverture
Thèmes: racisme, suprémacisme, mort




Pourquoi ce livre

Parce que j'ai aimé Ma vie pour la tienne et que me l'étant procuré en début d'année, j'ai décidé de le mettre dans les priorités lorsque j'ai vu la LC organisée par Windyrella.  

Mon avis
Pour ma part, j'ai bien apprécié cette histoire dans laquelle j'ai bien apprécié l'alternance des points de vue entre les protagonistes, qui peuvent avoir des positions bien campées. Et puisque pour certaines scènes, on voit les points de vue de part et d'autres, je trouve que l'auteur a su choisir quelles scènes décrire de cette façon, et parfois quel bout mentionner par l'un ou l'autre, ce qui donne un beau roman choral. D'ailleurs, l'auteure a su par cette alternance montrer que le narrateur, ses vérités, façonne l'histoire. 
C’est dingue à quel point les événements et la vérité peuvent être remodelés, comme une boule de cire qu’on aurait laissée trop longtemps au soleil. Les faits n’existent pas. Il n’y a que la manière dont on les perçoit à un moment donné. La manière dont on les rapporte. La manière dont notre cerveau les assimile. On ne peut dissocier le narrateur de l’histoire.
Et bien entendu, ici, il est question de racisme: on le sait rien qu'avec la prémisse de l'histoire. Et qu'en plus, on se trouve aux États-Unis! C'est peut-être pour cela que je n'ai pas été surprise par l'extrait suivant: 
—Vous vous trompez.
Je secoue la tête dans l’obscurité puis je prononce les mots que j’ai ravalés durant toute ma vie:
— Ils s’en prennent à moi parce que je suis noire.
Et cela nous entraîne dans le système juridique et médical, et les informations sur ces sujets sont amenés de façon progressive pour faire avancer l'histoire, sans que ces informations soient indigestes. Certaines participantes à la LC ont trouvé qu'un élément mettait du temps à arriver, mais je crois que celui-ci a permis de meilleurs retours dans le passé pour tenter de comprendre comment et pourquoi certains en sont arrivés là, car oui, de tels extrémistes existent. 

De plus, j'ai bien aimé la part que prennent les réflexions sur nos réflexes de caucasien, qui parfois nous donne la sensation de nous fermer les yeux plutôt que de faire bouger les choses. 
Et pourquoi en eût-il été autrement? Semblables à des fantômes, les Blancs franchissent sans effort les barrières et les frontières. Semblables à des fantômes, nous pouvons aller là où nous voulons.
— Personnellement, je me fiche de ces histoires de couleur, déclare-t-elle. Je veux dire: la seule race qui importe, c’est la race humaine, non?
C’est facile de prétendre qu’on est tous dans le même bateau quand la police n’a pas débarqué chez vous en pleine nuit. Mais je sais que, quand les Blancs racontent ces trucs-là, c’est parce qu’ils croient dur comme fer que c’est bien de les dire et pas une seconde ils ne se rendent compte de la nonchalance de leurs propos. 

 Quelque chose dans sa phrase me reste en travers de la gorge. Fais semblant de ne rien voir. 

Ce titre nous fait donc réfléchir sur comment on en arrive là, comment la société est organisée, et bien que le titre ait été écrit il y a quelques années, je ne pouvais qu'à de multiples reprises me faire des parallèles avec les événements de l'année, ne serait-ce entre autres qu'à cause du #alllivesmatter, qui ici aussi, nous fait réfléchir sur nos habitudes caucasiennes face aux situations racistes. 

Cependant, j'ai par contre eu de la difficulté avec un fait à la fin du récit qui m'a semblé être une part de facilité pour entraîner une part de changement de comportement. Et à la réflexion, je me dis qu'on n'avait peu d'éléments sur un des personnages, et même si pour l'un de ceux reliés à celui-ci, 
C’était tellement plus facile de les haïr plutôt que de me haïr moi-même.

j'ai de la difficulté à imaginer que la vérité n'aurait pas sorti plus tôt, et j'ai de la difficulté à croire que cela aurait été poussé à un tel extrême, même si je comprends qu'en colère, l'humain puisse avoir des réactions invraisemblables. Mais c'est surtout la couverture de mon édition qui est le point le plus négatif, puisque, à la suite de la lecture, j'ai l'impression qu'il ne s'est agi que de mettre une fillette à la peau noire en couverture, sans égard à ce qui est véhiculé dans le récit. 

Mais, j'espère vous avoir fait voir que j'ai bien apprécié le récit et ses tenants, puisque je considère que c'est un titre qu'il faut découvrir au moins une fois! 


D'autres citations

Quand je raconte cette histoire, tout le monde pense que la naissance du bébé est le miracle auquel je fais allusion en cette lointaine journée de blizzard. C'était époustouflant, certes. Mais j'ai assisté ce jour-là à une chose encore plus merveilleuse. Pendant que Christina me tenait la main et que Mme Mina serrait celle de maman, il y eu un moment - un souffle, un battement de coeur - où toutes les différences d'éducation, de niveau social et de couleur de peau de sont évaporées, tels des mirages dans le désert. Un moment où nous étions tous égaux et où il n'y avait plus qu'une femme qui en aidait une autre.
Ce miracle-là, cela fait trente-neuf ans que j'attends qu'il se reproduise.

Mais la timidité passe parfois pour de la suffisance et ce genre de malentendu peut être fatal. 

Les bébés sont comme des ardoises vierges. Ils ne viennent pas au monde déjà chargés des engagements pris par leurs parents, des promesses formulées par leur église, de cette capacité qu'ont certains à ranger les êtres humains dans deux groupes distincts : ceux qu'ils aiment et ceux qu'ils n'aiment pas. En réalité, ils arrivent sans rien, à part un besoin immense d'être rassurés. Et ce besoin peut être comblé par n'importe qui : ils ne jugeront pas la personne qui les prendra dans ses bras.
Une question me traverse l'esprit : combien de temps faut-il pour que ce vernis naturel s'écaille au contact de l'éducation reçue ?

Parce que je participe à quelques challenges

 



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