vendredi 30 novembre 2018

«Vis, ma petite! Sois forte, vis!»

Prodige: polyphonie par Nancy Huston (1999)
Contemporaine, littérature canadienne, littérature française
Babel, 2002, 173 pages
Couverture: Egon Schiele Deux petites filles (détail) 1911

+ :musicalité
- :multiples surnoms...
Thèmes: musique, naissance prématurée, relations mère-fille
Présentation: Maya nait prématurément et sa mère lui insuffle l'espoir de la vie.

Je sentais se profiler une panne de lecture puisque je voyais que j'étais moins enthousiasmée par le fait de lire, puis je suis tombée sur ce livre, et si le temps me l'avait permis, je l'aurais dévoré puisque j'aimais ma lecture.

J'ai apprécié la plume de l'auteure qui était fluide et pleine de musicalité. Bien sûr, le fait que la musique soit un des thèmes aide à créer celle-ci, et j'ai aimé que les connaissances musicales soient transmises en toute simplicité.
De plus, au niveau de l'intrigue, j'ai aimé voir comment la mère décide que sa fille vivra: elle décide de lui parler de sa vie à venir. Puis, rapidement, elles sortent de l'hôpital, et on se retrouve vite avec une Maya préadolescente, véritable prodige. Parfois, on a l'impression que l'auteure s'embrouille, mais c'est loin d'être le cas puisqu'on voit qu'elle mélange passé et présent.
J'ai aussi aimé que l'auteure prenne plusieurs voix, les voix des différents personnages que l'on croise, ce qui à mon avis donne plus d'impact aux relations entre tous ces personnages. De plus, j'ai aimé voir les relations de Maya avec sa mère et sa grand-mère, ainsi qu'entre ces deux dernières. J'ai également apprécié voir comment sa mère met le fait que Maya soit une prodige sur le compte que c'est une prématurée, comment le père s'insère dans ce décor, et la personnalité joyeuse et insouciante de Maya.
J'aurais quand même aimé voir plus en profondeur l'impact plus médical du fait que Maya soit une prématurée, les conséquences ailleurs que sur la musique, mais bon...
Bref, vous comprenez que malgré cela, j'ai grandement apprécié l'histoire et les personnages, tout comme la plume. Bref, une réussite!

Quelques citations
Et de jouer le passage en question. Certes, c'est expressif, c'est impeccable, on ne peut pas dire le contraire.Mais la petite n'en démord pas.
"Pour moi, dit-elle, c'est pas comme ça.
-Mais tu ne penses pas aux auditeurs, à ce qu'ils vont ressentir en t'écoutant! La musique, c'est... comme un cadeau que tu peux leur faire...
-Je sais pas, dit Maya. Mais moi je l'entends mieux comme ça."
Et de jouer le même passage platement, sobrement, en laissant les notes dire seules ce qu'elles ont à dire, sans que des torrents de larmes les charrient, sans que la pédale en grossisse le sentiment. Et il n'y a rien à dire. C'est Maya qui a raison. Plus raison encore que Chopin, si ça se trouve. Implacable, son interprétation.
Accrochée à la vie par un fil incroyablement ténu, tu flottes dans les limbes entre ce monde-ci et l'autre - et je t'aime ma grande prématurée! Je t'aime et je te sauverai! Tu verras. Je t'ai donné la vie, je ne permettrai pas qu'on te la reprenne.
Vis! toi qui n'as pas de nom.
Il me fait pas peur le silence, c'est toi qui m'as appris comme il peut être beau, et comme la musique en a besoin.
Elle trouvait ça franchement comique, et moi aussi, peu à peu: que les femmes les plus élégantes du monde se paradent fièrement dans de la bave sécrétée par de gros vers disgracieux... c'est bidonnant, quand on y pense!
Ne te force pas à affronter tes démons. N'y va pas. C'est pas la peine.
Mais elle y va. Comme à l'abattage. D'un pas lourd. Je sais ce qu'elle est en train de penser, ma fille. Le problème, se dit-elle, c'est que la musique avance, et que moi je ne veux pas avancer. Je la joue mais je ne veux pas aller avec elle: j'ai envie de la retenir, la garder pour moi, la serrer contre moi, la transformer en boule dure et me cramponner autour, me bâillonner avec. 
Parfois, peut-être... on ne veut pas tout avoir. Parfois on repousse ce qu'on a, simplement pour ne pas tout avoir. Je ne sais l'expliquer autrement. 
Tu te rends compte? Tapage nocturne, les trios de Brahms à sept heures du soir?
Parce que je participe à quelques challenges

Chronique rédigée pour 

lundi 26 novembre 2018

«Qu'est-ce que ça veut dire psychopathe?»

Louise, tome 1: Chère voisine par Chrystine Brouillet
Policier, littérature québécoise
Édition de___ , en ____, 202 pages
Édition originale en 1982
Couverture: ___.

+ : psychologie
- : "chat"
Thèmes: voisinage, chat, tueur
Présentation: On suit les relations d'habitants d'un immeuble dans la ville de Québec où un tueur rôde.
Voilà un roman de mon auteure préférée que j'avais lu adolescente, mais que je n'avais pas du tout aimé. Or, lorsque je magasinais pour le swap que j'envoyais à Martineke, je croise ce livre et il ne cessait de m'interpeler même pendant que je continuais à chercher. Donc, je me suis dit «pourquoi pas?» puisque Martineke m'avait mentionné apprécier les romans policiers. Mais bien entendu, j'ai relu le livre pour juger à nouveau de la qualité avant de l'envoyer, et cette fois, j'ai apprécié ma lecture. 

J'ignore si c'était parce qu'on savait qui était l'assassin et qu'à l'époque, c'était quelque chose - je crois - qui me déplaisait. Ou bien si c'était à cause du rôle que, puisque j'y suis allergique, jouaient les chats - d'ailleurs, l'autre livre que je me souviens avoir détesté est Les neuf vies d'Edward, qui vous l'aurez compris met en vedette un chat. Coïncidence ou pas - je l'ignore.
Mais l'important est que cette fois, j'ai très apprécié ma lecture et d'ailleurs, je voyais toute la psychologie de Louise et c'est ce qui fait la force du récit selon moi, car le personnage est fouillé et même si on se dit que ses réactions n'ont parfois pas de sens, on sait au fond de nous qu'il y a réellement des gens avec ces attitudes. De plus, même si on connaît les responsables, j'ai trouvé que l'auteure savait nous garder captiver puisqu'on se demande si les personnages utiliseront pour leur compte certaines révélations.
Bref, j'ai aimé la construction de ces «manipulations» qui nous montrent les fonds de la psychologie humaine. Donc, une deuxième chance réussie pour ce livre que, lors de cette seconde lecture, j'avais hâte de poursuivre!

Quelques citations
Un éminent psychiatre déclarait que les mutilations infligées à la victime indiquaient qu'on avait affaire à un psychopathe ; un individu probablement impuissant que sa carence avait exacerbé. Le cas n'était pas sans rappeler celui de l'étrangleur de Boston. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il allait répéter son geste ; le meurtre pouvait être un instant de délire dans sa vie. Un instant unique.
Le chat la fascinait. Elle ne comprenait pas comment on pouvait aimer les êtres humains, hommes ou femmes, quand on avait vu un chat. L'humain était si lourd, si maladroit, si peu subtil, si corrompu, si peu intéressant.
Parce que je participe à quelques challenges

Chronique rédigée pour 

mercredi 21 novembre 2018

Un jour, Windigo te fera payer le prix...

Feu, tome 3: Fleur de lys de Francine Ouellette (2007)
Historique, littérature québécoise
Libre Expression, 2007, 544 pages
Couverture: Chantal Boyer

Présentation: Pierre s'enrichit à l'aide de la contrebande pour donner à sa famille leur vie rêvée, alors que se profile peu à peu la guerre de sept ans. 
+ : cohésion
- : notes
Thèmes: contrebande traite de fourrures, établissement





Anedocte
Dans les notes de fin, j'apprends que Voltaire trouvait que nous n'étions que quelques arpents de neige et que les occuper ne causerait que guerres et humiliations. :(
Mon avis
Dans ce troisième tome, on retrouve plusieurs personnages présents dans le second (beaucoup plus qu'entre les deux premiers si ma mémoire ne me joue pas de tour) et on se concentre sur Pierre et sa famille. On commence à voir prendre forme l'établissement réel des gens qui sont là pour rester, même si Pierre continue à faire de la traite de fourrures. J'ai aimé en apprendre davantage sur ces voyageurs qui me faisaient voir un autre côté de cette traite et je crois même avoir appris que les coureurs des bois étaient les illégaux. On voit donc le côté sombre de la traite de fourrure avec la contrebande et les impacts de l'eau de vie chez les Amérindiens.
De plus, cette contrebande qui se fait aussi avec les marchandises anglaises font se questionner les personnages à savoir si les Amérindiens se positionneraient d'un côté s'ils avaient à défendre le territoire. Je ne m'attendais pas à voir que la future guerre se faisait tant sentir puisqu'après tout, ce tome débute en 1735. D'ailleurs, j'ai trouvé qu'on voyait moins les Amérindiens dans ce tome, mais n'était-ce pas aussi ce qui se passait réellement à l'époque? On voit donc plus la contrebande de Pierre dans le but de pouvoir bien s'établir sur une terre et faire vivre sa famille. Pendant que je réfléchis à ma chronique, je réalise que mon sentiment mitigé vient du fait que, oui, j'ai aimé ma lecture, voir l'établissement de Pierre, mais que ce défrichage a eu des impacts négatifs puisque comme tu as récolté plus de garentaguing qu'il n'en faut pour te soigner. Un jour, Windigo te fera payer le prix... ou il fera payer le prix à tes enfants. Un jour, quand tu auras besoin de cette plante que tu n'as pas épargnée, elle n'y sera plus. Cette plante, il s'agissait du ginseng. De plus, cet établissement, bien que lointain, fait réfléchir sur nos valeurs et notre société de surconsommation ainsi que sur les valeurs amérindiennes, et j'ai aimé que l'auteure apporte indirectement des pensées là-dessus en nous faisant voir ce que ces tribus pensaient du mode de vie occidental avec par exemple la grange pleine de racines de ginseng et le bois qui brûle.
J'ai par contre trouvé que les notes de bas de page n'apportaient pas de grand éclaircissement, comme si elles n'étaient là que pour appuyer ses dires, donner le titre des personnages historiques ou dire de que tel mot est un vêtement amérindien par exemple. Donc, je ne trouvais pas que ça apportait un réel plus, même pour les vrais personnages historiques.
Parlant de personnages historiques, j'ai apprécié qu'elle mette Champlain en scène discrètement lorsque se passe la partie de la guerre de sept ans. Pendant cette partie, j'ai trouvé qu'on était plus centré sur Passerat de la Chapelle, nom qui m'était inconnu (ou dont j'espère que c'était parce qu'il ne m'avait pas marqué), que sur les personnages qu'on suivait depuis le début moins présents, à ce qu'il me semble. Peut-être est-ce pour cela que je n'embarquais moins dans cette partie, à moins que ce soit parce que je connaissais la fin. Je peux comprendre qu'il s'agit d'un souci historique puisqu'impossible de bien décrire les diverses batailles sans inventer, mais on peut aisément imaginer que des familles ont vécu les situations des personnages fictifs qu'on trouve dans ce récit.
C'est donc un récit que j'ai bien aimé pour mieux découvrir cette époque du second quart du 18e siècle en Nouvelle-France, où, malgré des différents, on voit une solidarité entre les habitants. C'est un récit dont j'ai trouvé que les éléments fictifs et réels forment une belle cohésion. Je serai donc contente de découvrir  le prochain qui est le tome qui m'avait attiré par son titre.

Quelques citations
La richesse du paysan se trouve dans la possession du sol, croit-il, et dans la jouissance légitime des fruits d'un travail qui n'implique que lui-même et ne tracasse pas sa conscience. Ce qu'il a vu de la traite dans les Pays-d'en-Haut vient en totale contradiction avec une partie de lui-même, car il ne peut se résigner à trafiquer l'eau-de-vie, synonyme de mort et de déchéance des peuples amérindiens, donc de mort et de déchéance d'une partie de lui-même. Synonyme également de trahison envers Mingam. 
Chaque fois, il subit l'affront de l'envahisseur et l'impudence de l'intrus, renouant avec son impuissance à changer le cours des choses. 
Un bon mashhkiki-winini ne regarde pas la couleur de la peau avant d'arrêter le sang qui coule des plaies. 
Ce que tu reproches aux Yangisses, mes yeux le voient faire par les Français... Ainsi, cette pointe qui s'avance dans le lac... Les miens y levaient leurs abris quand Nipinoukhe arrivait avec sa saison chaude. Aujourd'hui, mes yeux voient ton église et les convertis qui habitent d'un côté et de l'autre... Mes yeux voient du maïs dans les champs des Iroquois, mais pas une seule poignée de cette terre ne leur appartient... Mes yeux ont vu vos canots s'emparer de la Grande Rivière qui mène au pays des fourrures... Mes yeux ne font pas la différence entre les Yangisses et les Français. 
Développer le pays est le moindre de leurs soucis. De la France, ils ont importé le pire, soit l'appât du gain et la superficialité.  
Hier, il [Pierre Passerat de la Chapelle] a visité les fortifications de Québec qu'il juge inadéquates sur bien des points. L'état des murailles et de leurs bastions laisse à désirer, alors que les fossés sont inachevés; les portes de la ville ne ferment point; le quartier de l'intendance et le faubourg Saint-Roch sont sans aucune protection et la Basse-Ville est défendue par cinq batteries de six, sept ou huit canons en mauvais état. Il appert qu'on a trop misé sur la configuration des lieux et sur l'invincibilité de la falaise. 
Ce pays de la démesure n'attribue ses récompenses qu'aux plus laborieux. Qu'aux plus opiniâtres. Et elle est là qui l'attend, sa récompense. 
Parce que je participe à quelques challenges



mardi 20 novembre 2018

Ça ne nous avance pas beaucoup.

Les grandes marées de Jacques Poulin (1978)
Contemporaine, littérature québécoise
Babel, 1995, 209 pages
Couverture:Edward Hopper The Martha McKeen of Wellfleet (détail), 1944

Présentation: Le patron d'un traducteur sur une île envoie d'autres personnages sur l'île. 
+ : visionnaire
- : parachutage
Thèmes: isolement, traduction

Anedocte
J'ai lu ce livre en novembre, après avoir reçu de la neige qui restait finalement au sol plus d'une heure (Elle y est toujours) alors que le récit commence après que toute la neige a finalement fondu. Comme quoi, des fois le hasard fait que c'est exactement le contraire.
Mon avis
Désolée, mais ce titre-ci n'a pas bien passé avec moi, mais ce sont des choses qui arrivent. Le rythme des phrases est bon, l'écriture fluide, donc ce n'est pas le style d'écriture qui m'a déplu. Il s'agit plutôt de l'histoire qui n'a pas trouvé son écho en moi. Parfois, c'est que ce n'est pas le bon moment, mais ici je doute puisque je n'arrivais pas à croire vraiment à cette histoire où des personnages débarquent un peu n'importe comment sur cette île au fil de l'histoire. Je sais que l'histoire se passe il y a plusieurs années, donc, peut-être que je manquais de référence pour croire en la crédibilité de l'histoire.
Je parais dure, mais j'ai tout de même réussi à le finir puisque je trouvais les personnages principaux tout de même bien définis. C'est vraiment l'intrigue ici qui ne m'a plu, car je n'ai rien à redire du style de l'écriture.
C'est donc le livre de l'auteur qui m'a le moins plu parmi ceux que j'ai lus jusqu'à présent. Il conviendra sans doute mieux à d'autres. Je relirai tout de même l'auteur puisque les autres lus, je les avais appréciés.

Quelques citations
— Je vais m'en occuper. À part ça, vous êtes certain que tout va bien? Vous êtes vraiment heureux?
— Écoutez, dit Teddy, c'est une question difficile. Comment fait-on pour savoir si on est heureux ou non?
Le patron épongea la sueur qui perlait sur son crâne dénudé.
—Regardez dans le dictionnaire, proposa-t-il de façon inattendue.
Teddy ouvrit le Petit Robert et chercha le mot «heureux». —C'est écrit: «Qui jouit du bonheur», dit-il un peu tristement.
— Alors regardez au mot «bonheur»! dit le patron en consultant sa montre une seconde fois.
Le traducteur obéit. Il lut:
— «État de la conscience pleinement satisfaite.»
— Ça ne nous avance pas beaucoup!
— Je vais chercher «conscience». Un instant...
Il tourna les pages du dictionnaire.
— Vous n'allez pas aimer ça, dit-il au patron pour le prévenir.
— Lisez toujours... dit le patron d'une voix morne.
— «Connaissance immédiate de sa propre activité psychique», lut le traducteur.
— On n'est pas des Français, coupa brutalement l'Auteur.
— Je vous l'accorde, mais diriez-vous que vous êtes des Américains?
— Non plus!
— Alors qui êtes-vous? demanda le professeur, qui avait une propension à s'échauffer rapidement.
— On cherche, répondit platement l'Auteur.
Parce que je participe à quelques challenges



dimanche 18 novembre 2018

«Que je vaux la peine d'exister.»

Comme une chaleur de feu de camp par Amélie Panneton
Jeunesse, littérature québécoise
Hurtubise, 2017, 307 pages
Couverture: Annie Carbo

+ :proximité
- :western
Thèmes:adolescence, culture du viol, relations
Présentation: Emmanuelle suit des cours de natation et apprend à connaître Thomas quand tout bascule.

Recevant ce livre dans le cadre d'un swap, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais je savais que ma swappeuse l'avait apprécié. J'étais bien contente de le recevoir puisque je crois que ce livre avait attiré mon regard en librairie, mais comme j'attendais un swap et que c'était québécois, je ne m'en étais pas approché pour éviter la tentation. Comme quoi le hasard fait bien les choses, surtout que j'ai apprécié cette lecture.

Le style d'écriture est léger, sans fioritures, mais laisse passer les émotions. On suit la narratrice, ses questionnements, ses angoisses adolescents, et on s'attache à elle. De plus, le fait que ce soit couplé avec des événements de viol amène encore plus de profondeur et de questionnement sur la société. La psychologie des personnages face à ces faits m'a paru tout à fait abouti.
On sent évoluer les personnages au gré de leurs relations, des rumeurs qui circulent parfois, des amitiés qui se tissent. De plus, j'ai aimé comment l'auteure a traité de la proximité du violeur dans l'entourage de l'héroïne, ce qui permettait d'aborder davantage de questions. Vu que cela se passe dans l'univers de la natation, je doute que cela soit une coïncidence vu les scandales des dernières années.
Je n'ai pas réussi à être convaincue par le western par contre. Même si j'aime toujours le country pour l'émotion qu'il laisse transparaître. J'essaierai d'aller écouter les titres mentionnés, voir si mon avis sur le western changera!
C'est une lecture que j'ai donc appréciée pour les émotions par lesquelles on traverse, et qui nous fait voir que malgré les situations, on ne doit pas tolérer l'inacceptable.

Quelques citations
Les lundis sont des hérissons qui se sont levés du mauvais côté du lit.
Chaque début de semaine, c'est ma conclusion : les lundis sont des hérissons. De petites choses qui s'impatientent toutes seules dans leur coin et qui se recroquevillent autour de leurs frustrations. Si vous essayez d'accomplir quoi que ce soit avec un lundi, il durcira ses épines. Il fera exprès de vous amocher le bout des doigts.
Parce que je participe à quelques challenges

Challenge Nuits étoilées 
 qui s'est transformé en 
Chronique rédigée pour 

samedi 17 novembre 2018

Mon univers de lectrice


Bonjour, au début de l'année j'ai vu la blogueuse Mypianocanta faire un article ABC et depuis ce temps, j'ai le goût d'en faire un, mais je ne prenais pas le temps de le faire. Et c'est donc en ce mois de novembre que je le fais. Je parle rarement de moi, de mon univers, donc vous pourrez peut-être mieux me découvrir à travers cette liste ABC reliée à l'univers de la lecture! 

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A comme amour
Parce que oui, la lecture, c'est un plaisir, une activité que j'aime, que j'apprécie, que j'adore! 
B comme blog
Depuis quelques années, j'ai découvert les blogs et ai créé le mien qui a subi quelques restructurations depuis ses débuts. D'ailleurs, c'est surtout parce que j'ai réalisé, également grâce à My', dernièrement que ça allait être mon bloganniversaire aujourd'hui. Oui, 7 ans, déjà. Merci à vous! 
C comme coup de poing
Okay, c'est triché, mais c'est une expression et j'adore ces livres coup de poing qui nous donnent des claques, qui viennent nous chercher au fond de nous. On vibre d'émotions à leur contact. Et je réalise qu'il me faut de plus en plus ce coup de poing pour avoir un coup de coeur. D'ailleurs, c'est un des ces livres coup de poing qui est chroniqué aujourd'hui sur le blog.
D comme discussion
J'aime lorsque je peux discuter de la lecture sur les différents forums et blogs. J'aime aussi voir différents points de vue et être confronté dans mes perceptions. J'aime aussi lire vos commentaires, et n'hésitez jamais à me signaler quand ça bug pour en laisser. - il faut d'ailleurs que je contacte blogger puisqu'on me l'a mentionné récemment, et comme j'ai créé le blog dans un but d'échange, c'est plate de ne pas avoir vos commentaires pour discuter avec vous.
E comme écriture
C'est un rêve que je caresse depuis que je suis jeune. Même si ma première idée de roman a avorté après plusieurs heures de travail et de rédaction, je crois avoir trouvé récemment, grâce à un concours, mon idée que j'espère vraiment concrétiser. Les idées de base sont là, ça se tient, il ne reste plus qu'à faire tout le travail de recherche, préciser mes personnages et rédiger dans un nouveau format, avant toutes les phases de correction! 
F comme forum
C'est grâce à eux que j'ai découvert les notions de PAL et de wish qui ne cessent d'enfler! Je ne pourrai jamais tout découvrir, à mon plus grand regret. Et c'est aussi grâce à eux que je vous ai découverts, chers copinautes! 
G comme graphisme
Oui, depuis que je suis graphiste, je fais de plus en plus attention aux couvertures des différentes éditions, aux petits détails de mise en page. Et j'en profite pour faire une petite parenthèse, lorsque vous créez des logos, bannières pour vos blogs, assurez-vous de posséder les droits d'utilisation et de diffusion de tous les éléments et ayez une bonne lisibilité. Même si je n'ai pas la science infuse là-dessus - je vois même des erreurs dans mes récents logos - ce sont des choses que je remarque de plus en plus, un peu comme les fautes de syntaxe chez les autres. 
H comme honte
Parce que j'ai parfois eu honte du temps que je passe à lire, mais c'est tellement un loisir enrichissant que j'essaie de passer outre cela et de ne plus avoir honte, peu importe ce que je lis.
I comme imagination
J'aime bien être emmenée dans l'imagination des autres.
J comme jeunesse
Je considère que ce n'est pas parce que c'est jeunesse que ça ne convient pas aux adultes. Une bonne histoire demeurera une bonne histoire peu importe la classification dans laquelle elle sera catégorisée, parfois un peu aléatoirement quand on lit un livre qui ne se retrouve pas avec lesdites caractéristiques. 
K comme kyrielle
Je procrastine pour chroniquer et me retrouve donc avec une kyrielle de chroniques à rédiger fréquemment. C'est pour cette raison que je ne chronique plus tout ce que je lis, question de m'enlever une pression que je trouve inutile. 
L comme livre
Bien oui, je cherchais un mot et ça devait être parce que c'était tellement simple que ça m'a pris quelques secondes pour qu'il me vienne à l'esprit. Les livres m'attirent comme un aimant avec tous leurs univers, toutes leurs connaissances, et j'adore la diversité qu'on peut trouver en eux. 
M comme manie
Dans mon cas, la lecture vient aussi avec quelques manies telles que lire dans le bain, et aussi corner les pages. Mais c'est pour retrouver les belles citations, les beaux passages! 
N comme nombre 
J'ai de la difficulté avec ceux qui limitent le nombre de pages et qui considèrent que des pages de BD, album, roman graphique, poésie, ce n'est pas assez fourni quand il y a des illustrations. Oui, ça m'enrage! Même si je ne suis pas censée chialer là-dessus, depuis le début de l'année, je note le nombre de pages que je lis et par curiosité, je notais aussi le nombre de pages de l'édition en ayant le moins, et celle en ayant le plus. Et même si ma feuille n'est pas complétée, je vois avec 87 lectures une différence de plus de 5000 pages. Considérant que j'ai une quinzaine de BDs là-dedans, et que donc, le nombre de planches ne changent pas, je trouve ça assez conséquent pour un peu plus de 50 livres. Et parlant de BD, ça me ramène aussi aux laissés pour compte, car je trouve ça déplorable, car après tout, y'a des pépites partout et je trouve intéressant la diversité, la découverte des différents genres et formats. Ne vous cantonnez pas!
O comme oubli ou organisation
Je voyais poindre le O et j'avais pensé à oubli, car il arrive qu'on oublie les livres aussitôt qu'on a refermés leur dernière page, même si on a passé un bon moment. Et pendant que j'écrivais le N, ma feuille non complétée m'a fait penser à tout le côté organisation que j'ai maintenant concernant mes lectures et aussi au fait que je ne suis pas la meilleure organisatrice pour rameuter du monde. Ce n'est pas plus grave qu'il faut. La lecture, il faut la prendre comme plaisir
P comme policier
Les intrigues policières ont été parmi mes premières amours de lectrices avec toutes leurs intrigues, le plaisir que j'avais à démasquer les coupables. Étrangement, il y en a peu dans ma PAL, peut-être parce que ce ne sont pas les livres qui me marquent le plus à long terme. Mais je continue à prendre plaisir à repérer les indices. 
Q comme ... Québec
J'avais trouvé un autre mot, mais le seul qui me revient à l'esprit, c'est quintessence et je doute fort que c'était ce mot. Donc, je prends la facilité pour moi, et ceux qui ne le savent pas encore ou qui ne l'aurait pas retenu, vous êtes sur un blog québécois. Et oui, la littérature québécoise est excellente. Si je ne vous convainc pas avec les articles publiés ce mois-ci, regardez celles des autres participants à Québec en novembre, j'y ai déjà repéré 5 titres, et ce dans la première semaine puisque cette semaine, le temps m'a manqué pour aller voir tous les billets.
R comme rythme
Je lis environ 50 pages par heure, et je lis environ 1 h par jour, autant que possible, et plus la fin de semaine quand je peux. 
S comme saga
C'est incroyable comment on peut en entamer sans s'en rendre compte. Cet été, je me suis rendue compte que j'avais plus de 120 séries en cours sur livraddict, et il en manque certainement.
T comme temps
Parce qu'on manque toujours de temps pour pouvoir tout faire, et la lecture n'échappe pas à ce fait. Et le blog n'échappe pas à ce manque de temps puisque ce dernier est réparti ailleurs, comme j'essaie toujours de me convaincre pour lâcher-prise face au fait qu'on a que 24 h dans une journée.
U comme unanime
J'aimerais bien rejoindre l'unanimité lorsque tous semblent enthousiastes, crient à l'excellence, mais j'ai tendance dans ces cas-là à me retrouver de l'autre côté ou à tout le moins à être beaucoup moins enthousiasme. Peut-être qu'inconsciemment je me fais des attentes énormes sur tous les points et que ça entraîne un peu de déception.
V comme variété
Vous l'avez vu plus haut, j'aime la diversité des genres. J'aime donc aussi la variété des styles, des univers, des thèmes abordés. Je considère que tous peuvent y trouver leur compte, il suffit juste de trouver quelle variété de fictions, de documentaires ou autres trouvent son écho en vous.
W comme web
Indirectement, le temps que je prends à flâner sur celui-ci, c'est du temps que je ne prends pas pour lire et avancer dans mes projets. Au moins, il a le bon côté de permettre une meilleure accessibilité à des connaissances, même s'il faut en prendre et en laisser. 
X comme xylophone
Il me reste plus qu'à trouver un lien avec la lecture! Je me souviens avoir appris à lire des partitions pour en jouer. 
Y comme yeux
J'aimerais bien lire davantage bien des fois, mais je sens la fatigue et mes yeux ont tendance à se fermer même si j'adore ma lecture. 
Z comme zen! 
Lire est une activité qui détend. Sérieusement, zen, c'est l'attitude que j'essaie d'avoir quand je réalise le nombre de défis auxquels je suis inscrite. Vous ne pensiez tout de même pas que je n'allais pas mentionner ce mot dans mon univers de lectrice. Que voulez-vous, les défis, ça permet de la diversité,  et c'est surtout cela que j'aime dans la lecture, même si je dois être réaliste et que je n'arriverai jamais au bout de ma wish puisqu'elle ne cesse d'augmenter en plus. 

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J'espère que vous avez apprécié me découvrir davantage dans ce billet. Bien sûr, certaines lettres avaient mijoté dans ma tête depuis le temps tels que C comme chronique, E comme échange, A comme adaptation, D comme design, C comme challenges, mais c'était tellement mieux à mon avis, c comme coup de poing dans mon cas, ou voir même L comme liste alors que je ne retrouvais pas le mot pour L quand j'ai écrit pour cette lettre, et c'est après-coup que ça me revient. Et vous, votre univers ressemble à quoi? 

«briser ma famille»

Camille de Patrick Isabelle (2015)
Jeunesse, littérature québécoise
Leméac, 2015, 318 pages
Couverture: re_bekka/Shutterstock
+ : coup de poing
- : changement
Thèmes: violence conjugale
Présentation: Camille a disparu et, à travers sa recherche, on suit son parcours de l'été, sa fuite avec sa mère d'un père violent.

Ayant vu ce nom à quelques reprises dans Québec en septembre/novembre, si je ne m'abuse, lorsque j'ai lancé le swap Au-delà des océans pour l'Eldorado, je me rappelais avoir repéré un titre de cet auteur Eux l'an dernier, mais j'ai appris que c'était un peu dans le cadre d'une saga et je ne voulais pas en entamer de nouvelles. Du coup, j'ai regardé pour trouver un autre titre de l'auteur à mettre dans ma wish et c'est le résumé de Camille qui me parlait le plus. Et c'est avec plaisir que zazacaribou me l'a offert. Certains diront que c'est jeunesse et ne s'y intéresseront donc pas, mais je considère qu'il ferait l'une des plus graves erreurs à mon avis. Vous venez donc sans doute de déduire que j'ai adoré cette lecture que je prenais puisque Québec en novembre, bien qu'on était au début octobre, se mettait bien en branle. Je ne pouvais le lâcher, tellement j'étais prise dans l'histoire.

Dès le début, Camille a disparu et on sent l'inquiétude, la tension de la situation dans un style combien saisissant avec ce cousin, cet oncle entre autres qui l'ont cherché à différents endroits. Et la police cherche elle aussi, ce qui nous montre la gravité, l'urgence. Et l'auteur nous ramène en arrière dans le temps et on alternera ainsi jusqu'au dénouement final. Et on apprend rapidement que dans sa famille, la violence conjugale était bien présente au point où Camille répète à quelques fois, de mémoire, dans les premiers chapitres Et je prie. Faites qu'il meure, que je dis. Et quand on sait qu'elle a disparu, nous n'avons pas le choix de se questionner si cela en est la cause.

Et on comprend rapidement que Camille et sa mère sont parties pour l'Acadie au début de l'été, fuyant le père de Camille. Et par ces retours dans l'histoire à travers la recherche de Camille, l'auteur nous décrit avec justesse une triste réalité. On voit l'ambivalence de Camille entre l'amour qu'elle porte à sa mère et sa haine que cette dernière lui fasse vivre ce cercle vicieux en pardonnant grâce à diverses excuses. Aussi, on sent bien l'angoisse de la peur d'être retrouvées par le père.

Cependant, j'ai un peu regretté qu'il y ait eu un peu de facilité sur l'évolution d'un certain personnage, puisqu'en refermant le livre, je n'ai pas compris ce qui l'avait porté à changer, alors que ça pourrait donner une lueur d'espoir, et je regrette donc de ne pas avoir de clé. Il y a peut-être aussi certaines relations du passé que j'aurais aimé voir étoffer les raisons des conflits, mais c'est plus parce que je suis pointilleuse que je le signale plus que parce que ça m'a grandement déplu.

Donc, dans un style fluide, qui transmet grandement les émotions, la réalité nous est contée comme si on était présent. On voit le pattern dans lequel est plongé la mère. Et dans ce cas-ci, Camille est une victime collatérale de la violence conjugale, victime à son tour des violences de son père. Bref, première découverte de l'auteur, et c'est une réussite totale, une histoire coup de poing qui nous atteint droit au coeur. Dans cette lecture que j'ai adorée, on ne peut que, à l'instar de Camille, pleurer de rage, incapable de faire autrement face à cette réalité qu'on déteste.

Merci donc à zazacaribou de me l'avoir fait découvrir. P.S. Elle aussi a adoré.

Quelques citations
Il aurait aimé pouvoir se retrouver face à lui, lui parler. Essayer de comprendre ce qui peut bien pousser un homme à faire subir tout cela à la femme qu'il aime. Pire. À une petite fille sans défense. 
Il joue les séducteurs. Je connais ce visage-là, je l'ai aperçu souvent. C'est celui qui promet, qui fait espérer. Celui qui fonctionne. 
Il ne sait pas aimer, mon père. Je ne crois même pas qu'il sache ce que c'est l'amour. On ne frappe pas les gens qu'on aime. On ne les retient pas prisonniers de la peur, de la pauvreté. 
J'ai la certitude maintenant que, peu importe où nous irons, il ne nous laissera jamais vivre en paix.
[...]Je me sens légère et en sécurité.
Tant que je ne pense à rien.
Le reste est trop déprimant. 
Je dois être forte. Au-dessus de tout ça. Je dois continuer de me le répéter. Il faut que je me défasse du pouvoir qu'il a sur moi. Il faut que maman reprenne vite confiance en elle avant qu'il ne soit trop tard. Je n'ai pas fait tout ce chemin pour retourner en arrière. Reculer n'est pas une option. Mais en avançant, je dois faire preuve de délicatesse. Je ne peux pas non plus briser ma famille. Si je parle... s'ils comprennent, ils me sépareront d'elle. Et ça, ce n'est pas possible.  
— Veux-tu savoir combien de fois j'ai vu la police débarquer chez nous? Combien de fois j'ai vu ma mère refuser de porter plainte, inventer des excuses, des histoires qui ont pas d'allure? Pis après coup, mon père qui pleure pis qui s'en veut, qui jure qu'y recommencera pas, pis ma mère, elle, qui le prend dans ses bras, qui comprend. Combien de fois elle m'a suppliée de rien dire!
Je crie. Je n'arrête pas de crier. Plus je parle et plus les mots sortent en gros bouillons de ma bouche, de plus en plus fort. Mathis recule, comme apeuré par ma soudaine violence, mais je ne suis pas capable de me contenir. Et plus je crie, plus j'enrage et mes yeux pleurent. Personne ici ne peut m'entendre. Juste lui. Lui et ses commentaires niaiseux.
[...] Ce n'est pas de sa faute. [Mathis] ne devrait pas voir ça. Je frappe ma tête contre la paroi du bateau, j'ai envie d'avoir mal ailleurs, que mon crâne se fissure, qu'il arrête de penser. Mathis m'arrête et se penche sur moi, me force à me laisser prendre dans ses bras. Je résiste, hystérique. Puis je me laisse aller à son étreinte et je continue de pleurer de rage, incapable de faire autrement. Il me murmure que ça va bien aller, de ne pas m'en faire. 
Anedocte
Même en recherchant les citations et les reportant ici, je pleure de rage.

Parce que je participe à quelques challenges


mercredi 14 novembre 2018

« ne semble pas concevoir l'existence d'un mode de vie paysan »

Faire campagne: joie et désillusion du renouveau agricole au Québec par Bourdillon et Cezard
Bande-dessinée reportage, roman graphique, littérature québécoise
Atelier 10 et La Pastèque, 2018, 473 pages (Titre original, année)
Couverture: Affiche par Busnach

+ :recherche
- :distinction graphique
Thèmes:gestion de l'offre, agriculture
Présentation: résumé succint

J'ai lu cette bédéreportage en août et je rédige ma chronique début octobre. Je dois avouer que je ne sais pas par où commencer pour ce type de récit, surtout qu'en plus, je ne connais pas grand chose à cette gestion de l'offre. Cependant, je peux dire que j'ai apprécié cette découverte.

J'ai trouvé que le journaliste avait fait un excellent travail de recherche, en allant voir différents côtés de la médaille qu'il nous présente à l'aide d'un graphisme qui m'a plu sans que je l'adore puisque je devais parfois chercher des éléments distinctifs pour reconnaître certains acteurs de la situation.
J'ai aimé voir les faits et les préoccupations qui nous sont vulgarisés dans un langage que tous peuvent comprendre, et non dans un langage de terme judiciaire qui tourne en rond comme il est rédigé dans certaines études. J'ai aussi aimé voir les préoccupations des petits producteurs qui se sentent impuissants face aux multinationales et qui montrent les manques du système afin de seulement pouvoir améliorer leur production dans leur région: par exemple, il n'y a qu'un seul abattoir pour une certaine catégorie de production — désolée pour ma mémoire défaillante — pour tout le territoire québécois, ce qui est un non-sens quand on pense à l'étendue de celui-ci.
Donc, puisque je viens de "région éloignée", dur de demeurer indifférente face à cette lecture, surtout quand on voit que pour changer les choses, certains acteurs décideraient que ce serait des producteurs de certaines régions (étrangement en périphérie de Montréal...) pour les droits demandés au lieu de tous les producteurs  — désolée pour la confusion dans ce passage, je ne sais plus trop quelle était la demande, j'ai retenu que c'était les régions périphériques — qui, pour la majorité croisée ici ne voudraient que produire, en respectant des normes, pour mieux aider leurs concitoyens et cela de façon responsable.
J'ai donc aimé en apprendre sur le système québécois pour mieux le comprendre, et ainsi saisir toute la portée des enjeux, ce qui m'enrageait à quelques niveaux. J'ai aussi apprécié que le journaliste aille du côté du Nouveau-Brunswick pour voir la différence.
Bref, une lecture que j'ai bien apprécié puisqu'elle a été instructive.

Quelques citations
Ces dix producteurs seront répartis dans les cinq régions administratives identifiées par les ÉVQ, à raison de deux par région, qui seront tirés au sort.
[...]Mais nous on est trois![...]
L'UPA, qui ne cesse de présenter l'image d'une ferme familiale québécoise à défendre contre les assauts des méchants Américains, ne semble pas concevoir l'existence d'un mode de vie paysan basé sur une relation proche entre le producteur et ses animaux, et non pas régi par une bureaucratie tentaculaire et des normes étouffant l'artisanat.
Le nombre de poulets hors quota est déterminé en fonction des besoins et des demandes du marché de chacune des provinces. Le seuil est déterminé et voté par la Fédération des éleveurs de volailles du Québec.
Ça n'a pas d'allure, le Québec a le régime le plus restrictif au Canada. Pourquoi est-ce que l'Albertain a le droit de vendre du lait directement au consommateur, et pas le Québécois? On est pas tous Canadiens?
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Chronique rédigée pour 

 qui s'est transformé en 

mardi 13 novembre 2018

Le vernis de l'enfance s'étiolait

La petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie (2010 aux éditions XYZ)
Contemporaine, littérature québécoise
Bibliothèque québécoise, 2012, 236 pages
Couverture: Galina Barskaya - iStockphoto

Présentation: Hélène a comme héros Lady Oscar et vit sa vie de préadolescente à travers son voisinage et ses petits boulots où elle se vieillit.
+ : légèreté
- : départ
Thèmes: voisinage, préadolescence

Anecdote
Repéré l'an dernier grâce à quelques participations, je le lis cette année, et j'apprends que les titres de l'auteure sont également édités sous d'autres titres en France, même si pour certaines éditions françaises, ils ont conservé le titre original. 
Mon avis
J'ai eu un peu de difficulté à embarquer dans l'histoire, dans le premier chapitre, puisque je ne réussissais pas à m'attacher à Hélène qui voulait s'appeler Joe et expliquait plus, à mon avis, pourquoi elle voulait se faire appeler ainsi, et je trouvais donc qu'il ne se passait rien. Mais j'ai poursuivi, surtout parce que je me rappelais que plusieurs l'avaient apprécié l'an dernier.
Et bien qu'il ne se passe pas de rebondissements qui nous tiennent scotchée au récit, «il finit toujours par se passer quelque chose, même quand on ne fait rien», et l'auteure raconte avec légèreté la vie de cette pré-adolescente dans les années 80, avec une belle façon d'intégrer les liens entre voisins. Aussi,  «les malheurs se tiennent toujours en groupe pour se sentir plus forts» sont là pour faire évoluer Hélène au sortir de l'enfance, et la faire évoluer dans sa relation avec le vieux, les questions qu'elle lui pose, sa façon de le remercier suite à un événement. Aussi, malgré le désir de mourir du vieux Roger et le fait que «Toutes les éternités ont une fin», on sent la vie, le respect, le bonheur dans ce livre dans un style que j'ai trouvé bien agréable et dont plusieurs passages portaient à réfléchir sur le sens de la vie.
Parfois, je trouvais que les mots étaient trop recherchés pour des mots dans la bouche d'une enfant (abstractions humanoïdes par exemple), mais on réalise à quelques endroits dans le texte, que c'est une Hélène plus vieille qui nous parle.
Bref, malgré mes réticences au départ, j'ai bien apprécié découvrir enfin cette auteure avec ce récit emplit de tendresse et j'avais noté Autopsie d'une femme plate également l'an dernier, et je l'ai renoué cette année. Donc, je devrais relire cette auteure. Reste à trouver un trou où le caser puisqu'on a de la bonne littérature au Québec. Pardon, je me suis trompée, de l'excellente littérature! Oui, j'en profite, mais que voulez-vous, il n'y a pas que Martin Matte qui est condamné à l'excellence! 


Quelques citations
Son désir de mourir, moi, je le comprenais parfaitement: il s'ennuyait, ses enfants le délaissaient et il était désormais trop vieux et trop pauvre pour espérer quoi que ce soit d'autre que ces petites misères de journées passées à boire de la bière chaude bon marché devant un immeuble en ruine où des bipèdes obèses lui tambourinaient le caillou. Je comprenais ça parce que j'étais à l'âge où la mort n'avait encore aucune prise sur moi. Je n'allais jamais mourir, moi, je n'avais même pas dix ans. Et, à cet âge-là, on accepte d'emblée que les vieux doivent mourir, ça semble même l'ordre des choses. Après, le temps coule et ça se complique parce que ça se met à nous concerner. C'est là qu'on a besoin de concepts philosophiques dérangeants, comme celui de l'absurdité, ou d'abstractions humanoïdes réconfortantes qui ont le dos large, comme le sont la plupart des dieux. 
Le vernis de l'enfance s'étiolait doucement, craquait de partout, me laissant voir, derrière sa lumière aveuglante, les filaments de ténèbres qu'elle s'applique tant à cacher. 
Il ne fallait tout de même pas s'abaisser à imiter les manières de cette vile aristocratie qui s'arrogeait tous les droits sous prétexte d'être bien née.
Il laissait toujours de longs silences, entre deux phrases, ce qui donnait souvent à penser qu'il avait terminé alors qu'il laissait plutôt à ses mots le temps de se poser dans l'esprit de son interlocuteur et de se transformer en intervention pertinente. Ce n'était pas plus long, selon lui; on échangeait seulement moins d'informations superflues qui freinaient inutilement l'acte de communication. Moi, j'avais l'habitude; je prenais tout mon temps avant de le relancer. Mais les gens s'empressaient généralement de remplir ls trous avec des vétilles qui faisaient souvent regretter le silence. 
Ça manquait cruellement de ce charme auquel les dessins animés m'avaient habituée dans les moments tragiques.  
Moi, ça ne m'a jamais fait rire. Mais c'était facile pour moi de n'être pas méchante: je n'étais pas malheureuse. 
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lundi 12 novembre 2018

Un mauvais jeu

Le jeu par Martin Girard et Mylène Chollet (2018)
Drame, thriller, télévision québécoise
Avec Laurence Lebœuf, Éric Bruneau et plusieurs autres
Présentation Marianne s'emporte lors d'une entrevue dans le cadre de son jeu vidéo, et s'emporte envers les trolls qui n'ont pas de vie, et on embarque dans l'univers des conséquences de sa déclaration, dans un univers de cyberintimidation, et au-delà.

Mon avis
Voilà, je n'ai pas lu de roman québécois publié cette année, excepté un roman graphique prévu pour plus tard. Du coup, pour participer à la journée 2018 de Québec en novembre, j'ai décidé de plutôt vous parler d'une émission de la rentrée télévisuelle de cet automne puisque, si je ne me trompe pas, on peut parler culture québécoise.
Pour ma part, j'aime bien cette émission qui montre jusqu'où nos paroles faites sous le coup de l'émotion peuvent mener dans un univers où plusieurs se cachent derrière un écran pour faire leur justice. Et bien sûr, les auteurs n'ont pas oublié que les impacts de l'intimidation ne sont pas que sur le web, comme nous le montre, entre autres, l'intimidation qu'a subi la nièce de Marianne. De plus, on passe de l'intimidation faite par nos proches, nos connaissances et les étrangers.
J'aime aussi le parallèle qui se fait avec le jeu Pokémon Go, où le jeu amène son lot de victimes. Et j'aime bien que les auteurs tentent, à mon avis, de montrer que certaines gens jugent un jeu sur leurs mauvais participants, alors qu'on se rend compte que ces mauvais usagers ont également ces comportements hors du jeu. Pour ma part, j'y vois des gens qui se cachent sous une excuse du jeu, à l'instar de se cacher derrière un écran, plutôt que de prendre vraiment leur responsabilité. Parce qu'après tout, certains ont le comportement à l'extérieur du jeu.
Bien que je trouve le design et l'animation des jeux vidéo loin d'être au point puisque le design semble plus vieux que Mario Bross et que les transitions ne me semblent pas réussies, j'aime bien l'ambiance qu'il y a dans l'intrigue. Les passages où Marianne se retrouvent seule me crispent toujours, aidée par une musique bien à point pour cette ambiance.
J'ai de la difficulté à croire en le personnage du patron Alexis incarné par Maxime Gaudette, comme si une part de crédibilité lui manquait, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur la raison qui cause cela puisque le jeu me semble représenter le caractère du personnage. Par contre, pour Julien, ça doit être parce qu'on voit trop Éric Bruneau partout que j'ai une barrière psychologique pour bien le voir en gentil hipster. Pour Laurence Leboeuf qui incarne Marianne, j'aime bien voir son angoisse, mais je la trouve parfois trop sereine dans certaines situations: était-ce par le metteur en scène qui voulait donc amplifier le contraste avec les scènes angoissantes.
Bref, c'est une série que j'aime bien pour la réflexion qu'elle suscite sur l'intimidation, la portée que celle-ci, la part de responsabilité, les intrigues qui s'entrecroisent et l'ambiance angoissante de la série.


Parce que je participe à quelques challenges


vendredi 9 novembre 2018

«tout l'édifice reposait sur un mensonge»

Mauvaise foi par Marie Laberge
Policier, littérature québécoise
Québec Amérique, 2013, 301 pages
Couverture: Marie Laberge

+ : révélations
- : séparation
Thèmes:secrets de famille, foi
Présentation: Un homme fait réouvrir une enquête pour clamer son innocence.

Depuis quelques temps dans ma PAL, ce n'est que récemment que j'ai pris le temps de l'en sortir. Je dois avouer que dès le départ, des choses me plaisaient, d'autres moins.

J'étais bien contente de retrouver la plume de Marie Laberge, fluide comme à son habitude. Mais je dois avouer qu'ici, on avait des coupures étranges entre les scènes puisque parfois, les retours de paragraphe montrant un changement de scène se trouvaient entre la question et sa réponse. Ce n'est qu'un des exemples qui me viennent en tête. Erreur de mise en page puisque sans cela c'est fluide?
Je ne me suis pas attachée aux personnages sur lesquels on enquête, mais j'ai aimé la construction de l'intrigue, la façon dont sont apportées certaines révélations, mais surtout la façon dont les enquêteurs, après bien des révélations, se demandent qui est de mauvaise foi, qui leur ment et qui leur cache encore des informations dans tous ces secrets, entre autres de famille. J'ai aussi apprécié la façon qu'ils pensent aux impacts de certaines révélations, si jamais ils les rendaient publiques pour davantage s'en servir.
Bref, c'est donc une lecture en demi-teinte qui me reste, mais lorsque j'étais plongée dedans, malgré les "mauvaises cassures" de scène, j'avais hâte de le reprendre.

Quelques citations
Rien dans cette affaire n'est une condamnation de la foi. Il y a des hommes, et c'est tout. Des hommes et leur appétit de pouvoir. [...] La manipulation n'est pas un fait religieux, c'est une tendance humaine qui n'épargne pas les religieux. [...] Et c'est pareil partout, quelle que soit la religion: on prêche l'amour, la charité, la tolérance, et on écrase le plus petit dans l'espoir d'être quelqu'un. Et de se croire sauvé. [...] Mais le seul dieu de ces personnes, c'est le pouvoir. L'envie, l'appétit de pouvoir et l'orgueil.
Celui qui pardonne, qui efface, laisse le danger en place.
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Chronique rédigée pour 

jeudi 8 novembre 2018

Il n'est pas facile de se débarrasser du passé, n'est-ce pas?

La Tristesse du Samouraï de Víctor del Arból (La tristeza del Samourái, 2011)
Thriller historique, littérature espagnole
Actes Sud, 2012, 351 pages
Couverture: Marion Peck, Edward 1907-1985
Traduction: Claude Breton
Présentation: «Trois générations marquées au fer rouge par une femme infidèle. L'incartade a transformé les enfants en psychopathes, les victimes en bourreaux, le code d’honneur des samouraïs en un effroyable massacre. Et quelqu’un doit laver le péché originel.»
+ : densité
- : repère
Thèmes: complot, famille, franquisme



Mon avis:
Dur dur de chroniquer ce titre. L'histoire est tellement dense que c'est dur d'en faire un résumé. C'est pourquoi je vous ai mis la présentation trouvée sur le site d'Actes Sud pour ce titre. Cependant, malgré ma difficulté à le résumer, je peux vous affirmer que j'ai apprécié ma lecture.
Dès le départ, on se trouve intrigué par l'histoire puisque dans le prologue, on se situe à la fin. Donc, on se demande ce qui a mené à cette situation, surtout que nous faisons un grand bond dans le passé. On aura une alternance entre le passé (1941) et le présent du récit (1981) en terre espagnole, dans un style dense, mais d'une densité sans complexité. Il faut donc être attentif aux différents événements pour se faire une idée de comment tout cela s'orchestrera.
Bien que parfois nous faisons nos propres liens, l'auteur ne nous le confirme pas tout de suite, mais sans trop nous faire languir. Il dévoile donc ses éléments qui en viennent à soulever d'autres questions. Mais des questions, il m'en demeure en refermant le livre, car je ne suis pas certaine d'avoir bien tout saisi le côté historique puisque je ne connais pas l'histoire espagnole, et donc, je ne peux bien démêler le vrai du faux sur ce point, manquant de repères.
J'ai donc apprécié ce titre pour la densité du style, et les intrigues qui s'entrecroisent et leur lien avec le passé.

Quelques citations
D'où les barreaux. Pour éviter les tentations. Même si pour elle cette précaution n'était pas nécessaire. Pour se suicider, il faut un certain courage. Quand la vie n'est plus un choix, il ne faut pas laisser le hasard vous arracher le dernier acte digne qui vous reste. Elle avait appris cela [...]
L'habitude, la peur des aléas d'une vie sans horizons clairs, les problèmes financiers, et surtout l'obligation de reconnaître son échec, pesaient lourd. Elle attendait peut-être un miracle, elle espérait que l'homme dont elle était tombée amoureuse reviendrait. 
Il était stupide de feindre qu'il ne savait rien. Non, il n'était qu'un petit instituteur, pas un politique, et il ne s'intéressait à aucun drapeau, hormis celui de sa propre liberté ou de celle de son fils. Mais pouvait-il se défiler, prêcher les principes de liberté, de culture et de justice, et d'un autre côté se mettre la tête dans un trou comme une autruche?  
Il n'est pas facile de se débarrasser du passé, n'est-ce pas? 
Je n'attends pas qu'un autre change ce que j'ai décide de changer.
Je déteste les gens qui se déclarent esclaves des circonstances, comme si elles étaient immuables. 
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Challenge Snakes & Ladders


mercredi 7 novembre 2018

Mais je m'accroche.

Ces mains sont faites pour aimer de Pascale Wilhelm
Contemporaine, littérature québécoise
Libre Expression, 2014, 165 pages
Couverture: Chantal Boyer

Présentation: Après une année où elle a tenté de se reconstruire, Julia se fait la promesse que la prochaine année sera belle.
Thèmes: deuil, suicide, reconstruction
+ : reconstruction
- :autres

Mon avis
Que dire de ce livre, je ne sais trop, ce que je sais c'est que je l'ai apprécié et ai passé un bon moment.

J'avais découvert le style avec Où vont les guêpes quand il fait froid?, un style que j'avais apprécié et que je voulais retrouver en entamant cette lecture, et encore une fois, j'ai apprécié ce style qui coule aisément.
J'ai aimé voir ses questionnements, l'impact que cela a sur ses autres relations, comment Julia essaie de retrouver l'espoir, de croire que les autres ne lui referont pas ce coup.
On la voit rencontrer certains personnages, s'embarquer dans certaines relations, dans le but de s'accrocher et de tenir sa promesse. À travers celles-ci, une pour qu'elle puisse se venger sans qu'on sache exactement de quoi il retourne lorsqu'elle s'y embarque.
Cependant, j'ai trouvé que ses autres étaient un peu trop absents, que c'était un peu trop focalisé sur le Je de Julia, puisqu'on ne peut vraiment s'attacher à ces autres personnages. Mais je crois comprendre que c'est un choix qui a été fait en vue de focaliser sur la reconstruction de Julia.
J'ai donc apprécié cette seconde lecture de cette auteure.

Quelques citations
J'y ai pensé, le cœur serré. Je resterai hantée par cette possibilité, pour mon amant, comme pour tous les autres. La moindre tristesse, une absence prolongée, un coup de fil que l'on ne retourne pas, tout me ramènera à cette vision. 
J'entrevoyais l'échec. Lamentable. La honte, toujours. Un peu plus et je demanderais pardon. 
 Alors je porte en moi cette vision que je ne souhaite à personne. Elle ne nous élève pas. Ne nous rapproche en rien du ciel et de ses saints.
Parce que je participe à quelques challenges


mardi 6 novembre 2018

la dernière grande aventure humaine

Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière (VLB, 1994)
Contemporaine, autobiographie, littérature québécoise
Boréal, 2012, 209 pages
Couverture: Brett Amory, Waiting n° 79
+ : rythme
- : quotidien
Thèmes: exil, pauvreté, immigration
Présentation: Dany Laferrière arrive dans la métropole montréalaise au milieu des années 1970.

Anedocte
Il semblerait que ce ne soit pas l'année de Dany Laferrière pour les participations à Québec en novembre.

Mon avis
Vous venez de le comprendre, j'ai lu ce titre pour Québec en novembre pendant le week-end, dans le but de joindre la LC sur l'auteur. Il s'est lu rapidement, mais j'ignore quoi en dire exactement. J'ai apprécié le lire, mais je ne crois pas que ce livre me restera longtemps en mémoire.
Dès le départ, j'ai été plongé dans le style de Dany Laferrière. C'est disposé sous forme de poème et ça nous entraîne donc rapidement dans l'histoire de son arrivée au Québec, à Montréal en été 1976.
On le voit donc regarder cette société riche d'un oeil nouveau, mais qui réalise rapidement que la pauvreté, les grandes questions sont les mêmes malgré la différence de pays. On le voit se chercher un emploi, se chercher dans ses relations, essayer de se définir à nouveau avec certaines pensées sur son passé, la différence de cette nouvelle société. On suit donc ses pensées à travers l'évolution de son quotidien.
Bien que je l'ai lu rapidement, il est arrivé un moment - probablement vers le trois quarts - où je me demandais pourquoi je le lisais bien que j'appréciais ma lecture, car je me rendais déjà compte qu'il ne devrait pas m'en rester grand chose dans un mois. On verra si ce sera le cas, mais je sais déjà que ce sera probablement parce qu'il s'agissait d'un quotidien simple.
C'est donc un livre court, qui se lit rapidement, et qu'on lit pour sa simplicité, mais une simplicité qui trouve le mot juste et décrit la réalité avec un bon rythme, ce qui nous donne le goût de poursuivre.

Quelques citations
Je ne suis pas déçu
mais perplexe du fait
qu'on soit obligé
de se lever si tôt
pour simplement
gagner sa vie.
Je pensais que
la pauvreté était
une des conséquences
de la dictature,
et qu'ici on était passé
à une autre étape. 
Il faut avoir traversé
l'enfer de l'hiver
pour connaître
la fièvre du printemps. 
On ment en Haïti
pour survivre,
et ça je peux le comprendre,
mais qu'on ne nous demande pas
de mentir ici aussi.  
Chacun muré dans son univers. J'ai quitté
une capitale de bavards invétérés pour tomber
dans une ville de modus du silence où les gens
préfèrent regarder la télévision plutôt
que de s'adresser à leur voisin. La distance
qui les sépare semble parfois infranchissable
et cela se reflète dans cette agitation pour esquiver
le regard de l'autre. 
Quelques flocons dansent
dans l'air
avant de se déposer
doucement
sur le toit des maisons
et des voitures.
Comme sur nos paupières. 
Quitter son pays pour aller vivre
dans un autre pays
dans cette condition d'infériorité,
c'est-à-dire sans filet
et sans pouvoir retourner
au pays natal,
me paraît la dernière grande
aventure humaine. 

Parce que je participe à quelques challenges
Challenge Snakes & Ladders

lundi 5 novembre 2018

l'impérieux besoin de désirer.

Eldorado de Laurent Gaudé (Actes Sud, 2006)
Littérature contemporaine, littérature française
J'ai Lu, 2010, 220 pages
Couverture:  Ian Berry (Magnum)
+ : parcours
- :  «élément déclencheur»
Thèmes: clandestin
Présentation: Un garde-côte, qui repousse les clandestins, rencontre une clandestine qui lui raconte son histoire. Il se questionne sur son Eldorado. Parallèlement, deux frères soudanais partent.

Après avoir été mitigé sur Le soleil des Scorta à deux reprises pour des raisons qui me sont propres, je me disais qu'il fallait que je tente un autre titre de l'auteur puisque, depuis le temps, je sais que unchocolatdansmonroman recommande souvent des thématiques qui viennent me rejoindre. Du coup, pour redonner une chance à Laurent Gaudé, je me suis penché sur les résumés et c'est donc Eldorado qui s'est ajouté à ma PAL.

Déjà, la thématique des migrants clandestins a su trouver plus d'écho en moi, surtout que cette thématique est toujours d'actualité.

J'ai apprécié que le commandant Piracci soit un garde-côte qui intercepte les clandestins. Lorsqu'il rencontre une jeune mère qui lui conte son histoire, on ne revient pas que de telles machinations puissent exister. Et cette rencontre fera réfléchir le commandant sur le but de son travail, le renvoi de ces immigrants illégaux, couplé avec d'autres demandes qui se feront par la suite. J'ai regretté par contre que cette jeune mère soit rapidement oublié.

En parallèle, on suit le départ de Jamal et de son frère Soleiman pour se diriger vers l'Europe, vers leur nouvelle vie rêvée. Par leur périple, on voit l'espoir et l'espoir déçu. On réalise une parcelle de ce à quoi sont confrontés ces migrants clandestins à travers l'argent qu'ils déboursent pour les passeurs, la solidarité entre ces migrants qui ont  chacun leur histoire, mais aussi certains actes que sont prêts à commettre certains pour se rendre à destination, ce qui ne peut qu'inconditionnellement les changer.

J'ai aimé la construction en alternance, comment celle-ci se rejoint sans qu'on s'en rende compte. J'ai aimé la réflexion que ce livre apporte sur la migration. Car, qui sommes-nous pour décider du sort des migrants, pour ériger des frontières? J'avais déjà apprécié l'écriture, mais ici la thématique me rejoint davantage et c'est pour cela que j'ai davantage apprécié.

Quelques citations
Je l'ai suivi avec empressement. C'est ce qu'il voulait. Que je n'aie pas le temps de regarder une dernière fois les amis, d'imaginer quels derniers mots je pourrais leur dire pour qu'ils comprennent ma douleur de les quitter. Que je n'aie pas le temps de flancher. 
Elle lui avait offert cela, peut-être, la gifle des pauvres, l'impérieux besoin de désirer.
Pour dire qu'ils avaient tout fait pour les trouver et pour s'excuser  de n'y être pas parvenus. 
Celui qui saigne et qui va être laissé là, comme mort, avec pour seule richesse sa rage et sa douleur.  
Parce que je participe à quelques challenges

Challenge Snakes & Ladders



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