samedi 21 novembre 2020

c'est dans le désert que les bombes font le plus de bruit.

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Ici, ailleurs 
Auteur : Matthieu Simard 
Édition: Alto - 2017 -  126 p.  
Illustration de la couverture: Owen Gent 
Drame, littérature québécoise

Présentation: Marie et Simon s'en vont en zone rurale pour se donner un nouveau départ... 
+ : invisible
- : syntaxe
Thèmes: déchirure



Pourquoi ce livre
Parce que j'ai repéré ce titre dans une précédente édition de Québec en novembre

Défi 2020
Cette année, il y a des catégories, et ce titre, je le case dans Tu m'aimes-tu

Mon avis
Tout d'abord, en plus d'avoir été repéré dans Québec en novembre, j'avais choisi cette lecture puisque le résumé parlait de se retrouver, de recommencer, et que j'avais l'impression par ces mots que ce serait l'histoire d'un nouveau départ. Bien que le couple déménage à la campagne pour oublier et justement se faire un nouveau départ, on apprend vite comment cela va se terminer, et c'était loin d'être le genre de recommencement que je souhaitais lire à ce moment. 
Surtout qu'en plus, j'avais de la difficulté avec la syntaxe. Je ne suis pas experte, et je peux comprendre certains contournement comme l'élision des virgules dans l'extrait ci-dessous, mais j'avais beaucoup plus l'impression de fautes, de coquilles au départ, car ça nuisait plus au rythme de lecture, contrairement à l'extrait où l'élision accélère le rythme. 
Je n'ai jamais réussi à [décrire, expliquer la souffrance]. C'est la douleur d'une extraction dentaire qui ne se termine jamais. On t'arrache une molaire et, attaché à ta dent, tout le reste de ta vie. Tes poumons d'abord, le souffle coupé, ta gorge brûlée, ton cœur affaissé, tes os, ton sang, c'est ton sang qui est mort, tes muscles, tes yeux ton cerveau ta langue tes nerfs tes ongles, tout ça de l'intérieur, attaché à une molaire, tout ça qui s'échappe par ta gencive tellement vite mais tellement longtemps ça n'arrête jamais, il reste toujours quelque chose à vider, il te reste une enveloppe de peau et tu cherches une béquille, Marie, tout aussi étripée, tout aussi vidée, une béquille dont tu es la béquille, les vases communicants, qui te remplit de ses larmes pendant que tu la remplis des tiennes [...(divulgâcheur)] la peur de partir et toi qui luttes pour ce que ta peur à toi ne paraisse pas ta peur qui se décuple chaque seconde la peur du vide le manque d'oxygène et ta béquille qui s'effondre, la fin d'un tout, tu seras toujours une fraction, jusqu'à ta mort une fraction. 
Malgré tout, j'ai poursuivi. L'ambiance est donc lourde et pesante, et comme on sait comment cela va finir, on se demande quels événements les conduiront là, surtout au vu de ce qui s'est passé dans la page précédente. Sera-ce vraiment la cause? Et plus, on avance, plus on se pose des questions sur comment ils en arriveront à cette fin, et on voit des éléments sous-jacents qui rappellent bien pourquoi le sous-titre est Roman sans musique
Puisque ses personnages continuent une vie normale à travers leur déchirure, qui tentent de se soutenir car ils ont tout vécu ensemble, Matthieu Simard réussit à nous montrer comment ce mal est invisible, ce qui, selon moi, est la force du récit.
Bref, malgré mon avis mitigé, je trouve que ce livre mérite le détour, et j'en lirai sans doute d'autres de l'auteur puisque j'ai apprécié cette apnée. Vous pouvez vous faire votre propre idée sur ce titre, en le découvrant! 

D'autres citations
—T'sais ma belle... Je me souviens pas de ton nom... M'as-tu dit ton nom? En tout cas, t'sais, ma belle, le monde c'est comme des shocks... Des amortisseurs... Tu peux les écraser mille fois, ils vont absorber le coup, mais à m'ment donné, y cassent. Pis quand y cassent, ça se répare pas. 
—Je...
—Casse pas ici, OK? On a assez de trouble de même avec nos affaires. 
Les petits villages, nous l'apprendrons vite, sont plus étouffants que la ville. Nous venions ici chercher la paix, celle que nous croyions mériter, celle des grands espaces et de l'herbe haute et du silence et de l'absence des gens. Nous nous sommes sauvés de la foule pour enterrer nos petites peines et cultiver nos grands espoirs dans la tranquillité rurale, mais nous avions oublié que c'est dans le désert que les bombes font le plus de bruit. 
Près du sol, plus loin, la clôture qui encercle l'antenne est percée, tordue, relevée d'au plus un pied. Je m'effondre dans la terre les mains dans la boue et je rampe sous la clôture, mû par le besoin de respirer, celui de me coller à l'acier pour reprendre l'air qu'il m'a volé. Je me répète que ce n'est qu'un morceau de métal, un objet. À bout de souffle, je pose ma main sur la structure d'acier. Un vent violent emplit mes poumons et, du même coup, des milliers d'images s'enflamment en moi, que je n'arrive pas à voir mais que je ressens. Je ressens les trois dernières années, instant par instant, tellement limpides qu'elles sont vraies. Ce ne sont pas des souvenirs ni le film de ma vie, en une respiration c'est la vérité qui m'habite en feux d'artifice sous ma peau. La vérité que j'essaie d'oublier parce qu'elle fait mal. 
[...]
[...]Je lui dirai que je n'ai rien appris. Ce sera faux. J'ai appris qu'il ne me sert à rien d'essayer d'oublier. 

Parce que je participe à quelques challenges

 
Lu et rédigé en prévision


2 commentaires:

  1. Oh ça a l'air assez spécial comme style! Pas sûre que ce soit pour moi, en tous cas pas en ce moment...

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    Réponses
    1. non, pas en ce moment! je l'avoue!
      Mais je crois que ça pourrait te plaire!

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Une petite trace de votre passage me fera chaud au coeur :)

Note de décembre 2018: comme on m'a signalé des problèmes, si vous n'avez pas de confirmation de type " votre commentaire a été publié ", n'hésitez pas à me contacter via mes différents profils, j'aime les échanges. Et je n'ai malheureusement pas eu de réponse pour régler le problème sur le forum.

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